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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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tenait en grand
émoi.
    « Mais, répondit-il, mon bon ami, ça ne
se trouve pas comme ça à rester le derrière sur sa chaise.
    – Sur sa chaise ! cria Barnabé
s'étirant les manches ; ce n'est toujours pas moi que vous
voulez dire ; ou bien vous vous trompez joliment, moi qui suis
souvent à courir avant le lever du soleil, pour ne rentrer à la
maison qu'à la nuit. Vous me trouveriez dans les bois avant que le
soleil en ait chassé l'ombre, et j'y suis bien des fois encore
après que la lune brille au ciel, et regarde à travers les branches
pour voir l'autre lune qui demeure dans l'eau. En allant à droite,
à gauche, je cherche bien à trouver, dans l'herbe et dans la
mousse, s'il n'y a pas quelqu'une de ces pièces de monnaie pour
lesquelles elle se donne tant de mal à travailler et verse tant de
larmes. Et, quand je suis couché à l'ombre, où je m'endors, c'est
encore pour en rêver… Je rêve que j'en déterre des tas, que j'en
vois des cachettes dans les broussailles, que je les vois étinceler
dans le feuillage, comme des gouttes de rosée. Mais, avec tout
cela, je n'en trouve jamais. Dites-moi donc où il y en a. Fallût-il
un an pour y aller, j'y vais ; parce que je sais bien comme
vous qu’elle serait plus heureuse si elle m’en voyait revenir
chargé. Parlez donc, je vous écoute, dussé-je vous prêter l'oreille
toute la nuit. »
    L'aveugle passa légèrement sa main sur toute
la personne du pauvre diable ; et, voyant qu'il avait les
coudes plantés sur la table, le menton appuyé sur ses deux mains,
qu'il se penchait avidement en avant, montrant dans toute son
attitude l'intérêt et l'impatience dont il était animé, il s'arrêta
une minute avant de lui répondre, pour laisser la veuve considérer
la chose à loisir.
    « C'est dans le monde, mon brave Barnabé,
c'est dans les joyeux amusements du monde : ce n'est pas dans
des endroits solitaires comme ceux où vous passez votre
temps ; c'est dans les foules, au milieu du bruit et du
tapage.
    – Bravo ! bravo ! cria Barnabé,
en se frottant les mains, à la bonne heure ! voilà ce que
j'aime. Et Grip aussi. Voilà ce qu'il nous faut à tous les deux.
Bravo !
    – Dans les endroits, continua l'autre,
comme il en faut à un jeune gars qui aime sa mère et qui peut faire
là pour elle, et pour lui par-dessus le marché, en moins d'un mois,
ce qu'il ne ferait pas ici dans toute sa vie… c’est-à-dire avec un
ami, vous comprenez, pour lui donner de bons conseils.
    – Vous entendez, mère ? cria
Barnabé, se retournant vers elle avec délice. Et puis maintenant
venez donc me dire qu'il ne vaut pas seulement la peine qu'on le
ramasse, quand même il serait là reluisant à nos pieds ! Et
pourquoi donc alors le recherchons-nous tant à présent, que, pour
en avoir un peu, nous nous tuons de travail du matin jusqu'au
soir ?
    – Certainement, dit l'aveugle,
certainement… La veuve, n'avez-vous pas encore votre réponse
prête ? Est-ce que, ajouta-t-il tout bas, vous n'êtes pas
encore décidée ?
    – Je veux vous dire un mot… à part.
    – Mettez votre main sur ma manche, dit
Stagg se levant de table, et je vous suivrai où vous voudrez.
Courage, mon brave Barnabé ! Nous reparlerons de ça. J'ai un
caprice pour vous. Attendez-moi là un peu, je vais revenir… Allons,
la veuve ! »
    Elle le mena à la porte, puis dans le petit
jardin, où ils s'arrêtèrent.
    « Il a bien choisi son commissionnaire,
dit-elle à demi-voix ; vous êtes bien l'homme qu'il faut pour
représenter celui qui vous envoie.
    – Je lui dirai cela de votre part,
répondit Stagg. Comme il a beaucoup de considération pour vous,
l'éloge que vous voulez bien faire de moi ne pourra que me relever
dans son estime. Mais il nous faut nos droits, la veuve.
    – Des droits ! savez-vous qu'un seul
mot de moi… ?
    – Pourquoi ne continuez-vous pas ?
répliqua l'aveugle avec calme, après un long silence. Est-ce que
vous croyez que je ne sais pas bien qu'un mot de vous suffirait
pour faire faire à mon ami le dernier pas de danse qu'il pût jamais
faire dans ce monde ? Que si, que je le sais bien. Eh bien,
après ? ne sais-je pas bien aussi que ce mot-là, vous ne le
direz jamais, la veuve ?
    – Vous croyez ça ?
    – Si je le crois ! j'en suis si sûr
que je ne veux pas seulement que nous perdions notre temps à
discuter cette question. Je vous répète qu'il nous faut nos droits,
ou un dédommagement. Ne vous écartez pas de là,

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