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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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ils avaient leur total
régulier de vice et de turpitude, auquel ils étaient accoutumés,
mais pas plus.
    L'expérience d'une seule soirée, cependant,
avait suffi pour donner la preuve à ces chefs d'émeute, à ces
catilinas de rencontre, qu'ils n'avaient qu'à se montrer dans les
rues pour voir à l'instant se réunir autour d'eux des bandes qu'ils
n'auraient pu garder rassemblées, quand ils n'en avaient plus que
faire, sans beaucoup de dangers, de peine et de frais. Une fois
maîtres de ce secret, ils se sentirent la même assurance que s'ils
avaient autour d'eux un camp de vingt mille soldats, dévoués à
leurs ordres. Toute la journée du samedi, ils restèrent
tranquilles. Le dimanche, ils songèrent plutôt à tenir leurs gens
en haleine qu'à poursuivre sérieusement, par quelque mesure
énergique, l'exécution de leurs premiers projets.
    « J'espère, dit Dennis, bâillant de grand
cœur le dimanche matin, et se relevant sur son séant d'une botte de
paille qui lui avait servi de lit pour la nuit, en même temps qu'il
s'appuyait la tête dans sa main et réveillait Hugh, étendu près de
lui ; j'espère que maître Gashford va nous laisser faire notre
dimanche ; à moins qu'il ne veuille déjà nous remettre à
l'ouvrage, hein ?
    – Il n'aime pas à laisser languir les
choses, on peut être sûr de ça, répondit Hugh en grognant. Et
pourtant je ne me sens pas bien disposé à bouger de là. Je suis
roide comme un cadavre, et couvert de sales égratignures, comme si
j'avais passé la journée à me battre avec des chats sauvages.
    – Dame ! aussi, vous avez tant
d'enthousiasme ! dit Dennis regardant avec admiration la tête
mal peignée, la barbe emmêlée, les mains déchirées, la figure
égratignée du farouche camarade qu'il avait là ; vous êtes un
vrai démon ! vous vous faites cent fois plus de mal qu'il
n'est nécessaire, par l'envie que vous avez d'être toujours en
avant, et d'en faire plus que les autres.
    – Pour ce qui est de ça, répliqua Hugh,
rejetant en arrière ses cheveux épars et lançant un coup d'œil à la
porte de l'écurie où ils étaient couchés, en voilà un là qui me
vaut bien. Qu'est-ce que je vous avais promis ? Quand je vous
disais qu'il en valait une douzaine à lui tout seul, et pourtant
vous n'aviez pas confiance en lui ! »
    M. Dennis, encore endormi et plié en
deux, releva son menton dans sa main, pour imiter l'attitude de
Hugh, et lui dit en regardant aussi dans la direction de la
porte :
    « C'est vrai, c'est vrai, frère, vous le
connaissiez bien. Mais qui supposerait jamais, à voir ce garçon-là,
qu'il pût faire de telles prouesses ? Quel dommage, frère,
qu'au lieu de prendre un peu de repos, comme nous, pour se préparer
à faire des nouveaux efforts en faveur de notre honorable Cause, il
s'amuse à jouer au soldat comme un bambin ! Et voyez donc
aussi comme il est propre, continuait M. Dennis, qui n'avait
pas du tout de raison de se sentir quelque sympathie pour les gens
délicats sur cet article ; comme on voit bien son imbécillité
jusque dans cet excès de propreté ! à cinq heures du matin, il
était déjà à la pompe, quand tout le monde aurait parié qu'il
devait être assez fatigué d'avant-hier, pour avoir encore besoin de
dormir à cette heure-là. Mais pas du tout ; je me suis éveillé
seulement une minute ou deux, et il était déjà à la pompe. Et
encore, il fallait le voir planter sa plume de paon dans son
chapeau, quand il a eu fini de se laver ! Ah ! je suis
bien fâché que ce soit un esprit si borné ; mais que
voulez-vous ? le meilleur d'entre nous a ses
défauts. »
    Le sujet de ce dialogue et de cette conclusion
proclamée d'un ton de réflexion philosophique n'était autre, comme
s'en doutent bien nos lecteurs, que Barnabé, qui, son drapeau en
main, se tenait en faction au soleil devant la porte éloignée, se
promenant quelquefois de long en large et chantonnant sur l'air du
carillon que faisaient entendre les cloches des églises voisines.
Mais qu'il se tint tranquille, les deux mains appuyées sur la hampe
de son drapeau, ou qu'il le mit sur son épaule, pour monter la
garde d'un pas grave et mesuré, le soin avec lequel il avait
arrangé sa pauvre toilette, son port droit et fier, montraient
toute l’importance qu'il attachait au poste qu'on lui avait confié,
et l'orgueil qu'il en ressentait dans son âme. De l'endroit où Hugh
et son camarade étaient étendus dans l'ombre obscure du

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