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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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cas de besoin. Et n'oubliez pas d'écrire
demain soir à la craie, sur votre porte, pour au moins huit
jours : Pas de papisme ! voilà tout !
    – C'est, ma foi, une pièce authentique,
dit le serrurier après examen ; je reconnais l'écriture. Il y
a quelque danger là-dessous. Quel diable y a-t-il donc en
jeu ?
    – Un diable de feu, repartit Simon, un
diable de flamme et de colère. Tâchez de vous garer de son chemin,
ou vous y resterez, mon cher. Vous ne direz pas qu'on ne vous a pas
averti ; c'est à vous maintenant à vous tenir sur vos gardes.
Adieu ! »
    Mais ici les deux femmes se jetèrent au-devant
de lui, surtout Mlle Miggs, qui lui tomba sur le corps avec
tant de ferveur qu'elle le colla contre la muraille, en le
conjurant l'une et l'autre, dans les termes les plus émouvants, de
ne pas sortir avant d'avoir repris son bon sens ; d'entendre
enfin raison, de réfléchir à ce qu'il allait faire ; de
prendre un peu de repos, après quoi il serait toujours à même de
faire ce qu'il voudrait.
    « Quand je vous dis que je suis
décidé ! la patrie sanglante m'appelle, et j'y vais. Miggs, si
vous ne vous ôtez pas de mon chemin, vous allez vous faire
pincer. »
    Mlle Miggs, toujours accrochée au
rebelle, poussa un cri douloureux, un seul cri ; mais était-ce
dans les transports de son émotion, était-ce parce que son ennemi
venait d'exécuter sa menace ? c'est encore un mystère.
    « Allez-vous me lâcher ? dit Simon,
faisant des efforts désespérés pour se dégager de la chaste, mais
étouffante étreinte de l'araignée qui l'enveloppait dans ses bras.
Laissez-moi m'en aller. Je vous ai assuré un sort dans notre
constitution nouvelle de la Société, un joli petit sort… là !
êtes-vous contente ?
    – Ô Simon ! cria Mlle Miggs, ô
Simon béni ! ô mame ! si vous saviez où en sont mes
sentiments en ce moment d'épreuve ! »
    Ma foi ! ses sentiments avaient bien
l'air d'être d'une nature assez turbulente. Elle avait perdu son
bonnet à la bataille, elle était à genoux sur le carreau, révélant
sans pudeur aux assistants la plus étrange collection de papillotes
bleues et de papillotes jaunes, de tours de cheveux suspects,
d'aiguillettes, de lacets de corset, de cordons, on ne peut
vraiment pas dire de quoi. Elle était pantelante, elle crispait ses
mains ; on ne lui voyait que le blanc des yeux ; elle
pleurait comme une Madeleine : enfin, elle montrait tous les
symptômes les plus aigus d'une grande souffrance morale.
    « Je laisse ici, dit Simon se tournant
vers le bourgeois, sans faire seulement attention à l'affliction
virginale de Mlle Miggs, je laisse au premier une caisse
d'effets : vous en ferez ce que vous voudrez. Moi, je n'en ai
pas besoin. Je ne reviendrai plus ici. Vous n'avez, monsieur, qu'à
chercher un ouvrier : je ne suis plus l'ouvrier que de ma
patrie ; désormais voilà dans quelle partie je travaille.
    – Dans deux heures d'ici vous ferez tout
ce que vous voudrez ; mais, pour le moment, allez vous
coucher, reprit le serrurier en se plantant devant le passage de la
porte. Vous m'entendez ? allez-vous coucher.
    – Oui, je vous entends, et je me moque de
vous, Varden, répondit Simon Tappertit. J'ai été ce soir à la
campagne, arranger une expédition qui fera tressaillir de crainte
votre âme de serrurier, poseur de sonnettes. C'est une affaire qui
demande toute mon énergie : laissez-moi passer.
    – Si vous faites seulement mine
d'approcher de la porte, je vous flanque par terre : ainsi
vous ferez bien d'aller vous coucher !
    Simon, sans rien répondre, se releva aussi
droit qu'il put, et piqua une tête dans le beau milieu de la
poitrine de son vieux patron, sur quoi les voilà tous les deux dans
la boutique, accrochés l'un à l'autre, les mains et les pieds si
bien entortillés, qu'on aurait cru voir en peloton une
demi-douzaine de combattants pour le moins ; je crois même que
Miggs et Mme Varden en comptaient douze, au milieu de leurs
cris perçants.
    Varden n'aurait pas eu de mal à terrasser son
ancien apprenti et à le réduire, pieds et poings liés. Mais il lui
répugnait de le malmener dans cet état d'ivresse sans
défense : il se contentait donc de parer, quand il pouvait,
ses coups, les acceptant pour bons quand il ne pouvait pas les
parer, restant toujours entre Simon et la porte, et attendant qu'il
se rencontrât quelque occasion favorable de le forcer à faire
retraite dans l'escalier et de l'enfermer sous

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