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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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accommodé : son esprit n'était guère moins fatigué que son
corps, qui ne pouvait seulement pas se tenir sur ses jambes.
Cependant avec l'assistance de Hugh il parvint à gagner, en
chancelant, la pompe où il se rafraîchit la gorge d'un bon verre
d'eau fraîche, et la tête et la figure d'une bonne douche de
liquide à la glace, avant de commander un grog au lait et au rhum.
Grâce à cet innocent breuvage, accompagné de biscuits et de
fromage, il se réconforta l'âme. Cela fait, il se mit à son aise,
par terre entre ses deux compagnons, qui ne s'étaient pas épargnés
à boire de leur côté et, se mit en devoir d'éclairer M. Dennis
sur les détails du projet annoncé pour le lendemain.
    Leur conversation fut assez longue et leur
attention assez soutenue pour qu'on pût voir l'intérêt manifeste
qu'ils prenaient au sujet. Il fallait aussi qu'il ne fût pas
toujours d'un caractère bien attristant, ou qu'il fût du moins
enjolivé par des scènes plaisantes, car ils riaient souvent à gorge
déployée, jusqu'à faire sauter Barnabé sous les armes, tout
scandalisé de leur légèreté. Cependant ils ne l'inviteront pas à
venir les rejoindre, avant qu'ils eussent bien bu, bien mangé et
fait un bon somme pendant plusieurs heures : c'est-à-dire pas
avant le crépuscule. Ils l'informèrent alors qu'ils allaient faire
une petite démonstration dans les rues, seulement pour unir les
gens en éveil, parce que c'était dimanche soir, et qu'il fallait
bien au public un peu de divertissement ; qu'il était libre de
les accompagner s'il voulait.
    Sans autres préparatifs, si ce n'est qu'ils
emportèrent des gourdins et mirent à leur chapeau une cocarde
bleue, ils commencèrent à battre les rues ; et, sans autre
dessein prémédité que de faire tout le mal qu'ils pourraient, ils
les parcoururent au hasard. Bientôt leur nombre s'étant accru, ils
se divisèrent en deux bandes, et, après s'être donné rendez-vous
dans les champs voisins de Welbeck-Street, ils traversèrent la
ville dans toutes les directions. Le corps le plus considérable,
celui qui s'augmenta avec la plus grande rapidité, était celui dont
Hugh et Barnabé faisaient partie. Celui-là prit son chemin du côté
de Moorfield, où il y avait une riche chapelle à l'usage de
quelques familles catholiques bien connues qui habitaient dans le
voisinage.
    Pour commencer, ils s'attaquèrent aux
résidences de ces familles, dont ils brisèrent les portes et les
fenêtres. Ils détruisirent le mobilier, ne laissant que les quatre
murs, emportant avec soin, pour leur usage, tous les outils et les
engins de destruction qu'ils rencontrèrent, tels que marteaux,
fourgons, haches, soies, et autres instruments de ce genre. Un
grand nombre d'émeutiers les passaient dans des ceinturons qu'ils
se faisaient avec une corde, un mouchoir, ou tout ce qu'ils
trouvaient de bon pour cela sous leurs mains ; et ils
portaient ces armes improvisées aussi ostensiblement qu'un sapeur
du génie qui va déblayer le champ de bataille. Pas le moindre
déguisement, pas la moindre dissimulation, et même, ce soir-là,
très peu d'excitation et de désordre. Dans les chapelles, ils
arrachèrent et emportèrent jusqu'à la pierre de l'autel, les bancs,
les chaires, les chaises, les dalles mêmes ; dans les maisons
particulières, ils mirent en pièces jusqu'aux lambris et jusqu'aux
escaliers. Cette petite fête du dimanche fut par eux accomplie
comme une tâche qu'ils s'étaient donnée et qu'ils voulaient faire
en conscience. Il n'aurait pas fallu cinquante hommes bien résolus
pour leur faire tourner le dos. Une simple compagnie de soldats les
aurait dispersés comme la paille au vent ; mais il n'y avait
personne pour les empêcher, pas d'autorité pour les réprimer, ou,
pour mieux dire, n'était la terreur des victimes qui fuyaient à
leur approche, personne ne faisait à eux plus d'attention que si
c'étaient des ouvriers à la tâche, faisant leur travail régulier et
légal avec beaucoup de décence et de tenue.
    Ils marchèrent de même, avec ordre, au lieu du
rendez-vous, allumèrent de grands feux dans les champs, et, gardant
seulement ce qu'il y avait de plus précieux dans leur butin, ils
brûlèrent le reste. Les ornements sacerdotaux, les images des
saints, de riches étoffes et de belles broderies, la garniture de
l'autel et le trésor de la sacristie, tout devint la proie des
flammes, qui bientôt éclairèrent le pays alentour. Pendant ce
temps-là ils

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