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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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ce qui n'était pas facile, en sortant de la clarté
d'un beau soleil couchant.
    Il y avait au dehors une espèce de portique ou
colonnade, qui interceptait encore le peu de jour qui aurait pu à
grand'peine faire son chemin par les petites ouvertures pratiquées
dans la porte. Les pas cadencés de la sentinelle retentissaient
avec un bruit monotone sur la dalle, de long en large, rappelant à
Barnabé la garde qu'il avait montée lui-même une heure
auparavant ; et, chaque fois que le factionnaire passait et
repassait devant la porte, son ombre obscurcissait tellement le
caveau que, quand elle disparaissait, il semblait que le jour
revenait : c'était comme une nouvelle aurore.
    Quand le prisonnier fut resté quelque temps
assis sur la paille, à regarder les crevasses de la porte et à
écouter les pas éloignés ou rapprochés de la sentinelle, le soldat
se tint tranquille en place. Barnabé, qui n'avait pas assez de
prévoyance pour réfléchir au sort qu'on pouvait lui réserver, avait
été bercé dans une espèce de sommeil enfantin par le pas régulier
du factionnaire ; mais, quand l'autre s'arrêta, cela le
réveilla, et alors il s'aperçut qu'il y avait deux hommes en
conversation sous la colonnade, tout près de la porte de sa
cellule.
    Il lui était impossible de dire s'il y avait
longtemps qu'ils étaient là à causer, car il était tombé dans un
état d'apathie où il avait totalement oublié sa position réelle,
et, au moment où il entendit les pas du soldat cesser, il était en
train de répondre tout haut à une question que lui faisait Hugh
dans l'écurie : à quel propos ? sur quel sujet ?
qu'allait-il lui répondre ? Quoiqu'il eût encore la réponse
sur les lèvres en s'éveillant, il ne se rappelait plus la moindre
chose. Les premiers mots qui frappèrent ses oreilles furent
ceux-ci :
    « Pourquoi donc l'a-t-on amené là, si on
devait le reprendre sitôt ?
    – Et où vouliez-vous qu'il allât ?
Croyez-vous qu'il pût être nulle part aussi en sûreté qu'avec les
troupes du roi ? Que vouliez-vous qu'on en fit ?
Fallait-il pas le livrer à un tas de péquins qui tremblent dans
leurs bottes à en enfoncer la semelle, à la moindre menace des
gueux de son bord ?
    – Pour ça, c'est vrai.
    – Si c'est vrai !… tenez ! je
vais vous dire. Je voudrais tant seulement, Tom Green, être
capitaine comme je ne suis que sous-officier, et qu'on me donnât à
commander deux compagnies… je ne demanderais que deux compagnies …
de mon régiment. Après ça qu'on m'appelle pour apaiser l'émeute.
Qu'on me donne carte blanche et une demi-douzaine de cartouches à
balle…
    – Ouais ! disait l'autre voix, vous
en parlez bien à votre aise, mais ils ne vous donneront pas carte
blanche. Et si le magistrat ne veut pas vous autoriser, qu'est-ce
que vous voulez que fasse l'officier ? »
    Cette difficulté parut embarrasser le sergent,
qui s'en tira en envoyant les magistrats à tous les diables.
« De tout mon cœur, répondit son ami.
    – Qu'y a-t-il besoin d'un
magistrat ? reprit l'autre. Un magistrat, dans ce cas-là, ce
n'est qu'une cinquième roue à un carrosse, une espèce d'intrus
inconstitutionnel. Voilà une proclamation. Voilà un homme désigné
dans la proclamation. Voilà des preuves contre lui, et un témoin
oculaire. Que diable ! mettez-le en place, et tirez-lui une
balle dans la tête, monsieur. Pour quoi faire un
magistrat ?
    – Quand est-ce qu'on le mène devant sir
John Fielding ? demanda le premier interlocuteur.
    – Ce soir, à huit heures, répondit
l'autre. Eh bien ! voyez un peu les suites de tout ça. Le
magistrat l'envoie à Newgate. Bon ! nous l'amenons à Newgate.
Les insurgés nous attaquent. Nous reculons devant les insurgés. On
nous jette des pierres, on nous insulte : nous ne tirons pas
un coup de fusil. Pourquoi ça ? Parce qu'il y a des
magistrats. Que le diable emporte les magistrats ! »
    Après s'être donné la consolation d'épuiser
toutes les malédictions de son vocabulaire contre les magistrats,
l'homme ne fit plus entendre qu'un grognement sourd, qui lui
échappait de temps en temps, toujours à l'adresse de ces autorités
respectables.
    Barnabé, qui avait encore assez d'esprit pour
comprendre que cette conversation l'intéressait directement, resta
parfaitement tranquille jusqu'à la fin ; puis, quand ils ne
dirent plus rien. Il reprit à tâtons le chemin de la porte, et
jetant un coup d'œil par les trous ventilatoires,

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