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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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toujours bien. Et cela ne vous coûtera pas cher, madame…
c'est encore le meilleur de l'affaire. »
    – Qu'est-ce que c'est que cette mauvaise
plaisanterie ?
    – Très probablement c'est ce qu'elle me
dira ; mais moi je lui répondrai ; « Ce n'est pas du
tout une plaisanterie ; un monsieur qu'on dit votre mari,
madame, quoique l'identité ne soit pas facile à constater après un
laps de temps si considérable, est en prison. Sa vie est en
danger ; il est accusé d'assassinat. Or, madame, vous savez
que votre mari est mort depuis bien, bien longtemps. Le monsieur
dont il s'agit ne pourra donc pas être pris pour lui, pour peu que
vous ayez la bonté de déclarer en justice, sous serment, quand il
est mort et comment ; mais que, quant au monsieur qu'on vous
représente, et qui lui ressemble assez, à ce qu'il paraît, il n'est
pas plus votre mari que moi. Une pareille déposition décidera
l'affaire. Promettez-moi de la faire, madame, et je vais essayer de
mettre en sûreté votre fils (un joli garçon, ma foi !) en
attendant que vous nous ayez rendu ce petit service, après quoi je
vous le ferai rendre sain et sauf. Si, au contraire, vous vous
refusez à ce que je vous demande, j'ai grand'peur qu'il ne soit
trahi, livré à la justice, qui, sans aucun doute, le condamnera à
mort. Vous avez donc le choix ; c'est à vous qu'il devra la
vie ou la mort. Si vous refusez, le voilà pendu. Si vous consentez,
le chanvre dont on doit faire la corde qui lui sera passée autour
du cou n'est pas encore près de pousser. »
    – Il y a là une lueur d'espérance, cria
le prisonnier.
    – Une lueur ! répliqua son
ami ; dites une aurore radieuse, un beau et glorieux soleil.
Chut ! j'entends des pas à distance. Comptez sur moi.
    – Quand viendrez-vous me reparler de
ça ?
    – Aussitôt que je pourrai. Je voudrais
pouvoir vous dire que ce sera demain. On vient nous dire que le
temps de ma visita est expiré. J'entends tinter le trousseau de
clefs. Pas un mot de plus là-dessus ; on pourrait en
surprendre quelque chose. »
    Comme il finissait ces mots, la serrure
tourna, et un guichetier apparut à la porte pour annoncer qu'il
était l'heure pour les visiteurs de sortir.
    « Déjà ! dit Stagg d'un air patelin.
C’est bien dommage ; mais qu'y faire ? Allons ! du
courage, mon ami ; ce n'est qu'une méprise qui sera bientôt
reconnue, et alors vous remonterez sur votre bête. Si ce charitable
gentleman veut voir la complaisance de conduire seulement jusqu'au
porche de la prison un pauvre aveugle, qui n'a d'autre récompense à
lui offrir que ses prières, et de lui tourner la figure dans la
direction de l'ouest, il fera un acte de charité. Merci, mon bon
monsieur, je vous suis bien obligé. »
    En disant ces mots, et, après s'être un moment
arrêté à la porte pour tourner vers son ami son visage ricanant, il
partit.
    Le guichetier le reconduisit jusqu'au porche,
puis il revint ouvrir et débarrer la porte du cachot, et, la tenant
toute grande ouverte, il informa le prisonnier qu'il avait la
liberté de se promener, pendant une heure, dans la cour voisine, si
cela lui faisait plaisir.
    Celui-ci répondit par un signe de tête qu'il
acceptait, et, quand il se retrouva seul, il se mit à ruminer ce
qu'il venait d'entendre dire à l'aveugle, et à peser la valeur des
espérances que cette conversation récente avait éveillées dans son
âme, tout en regardant machinalement et tour à tour, pendant ce
temps-là, la clarté du jour au dehors, ou l'ombre projetée par un
mur sur l'autre, et s'allongeant sur les dalles. La cour dont il
jouissait n'était qu'un petit carré, rendu plus froid et plus
sombre par la hauteur des murs dont il était entouré, et capable en
apparence de donner le frisson au soleil même. La pierre dont elle
était formée, nue, rude et dure, donnait, par contraste, même à
Rudge, des pensées de campagne, de prairies et d'arbres verdoyants,
avec un désir brûlant de prendre la clef des champs. Cependant il
se leva, alla s'appuyer contre le chambranle de la porte et regarda
l'azur éclatant du ciel, qui semblait sourire même à cet affreux
repaire du crime. À voir le prisonnier, on pouvait croire
qu'oubliant un moment sa prison, il se trouvait, par souvenir,
étendu sur le dos dans quelque champ embaumé, où ses yeux
poursuivaient les rayons du soleil à travers le mouvement des
branches étendues sur sa tête… il y avait bien longtemps.
    Tout à coup son attention

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