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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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fut attirée par un
bruit de ferraille… il savait bien ce que c'était, car il avait
tressailli tout à l'heure de s'entendre lui-même faire un bruit
pareil en marchant pour sortir du cachot. Puis une voix se mit à
chanter, et il vit l'ombre d'une personne se dessiner sur les
dalles. Cette ombre s'arrêta… se tut brusquement, comme si le
chanteur s'était rappelé tout à coup, après l'avoir un moment
oublié, qu'il était en prison… puis le même bruit de ferraille, et
l'ombre disparut.
    Il se promena dans la cour de long en large,
effarouchant les échos du tintement sonore de ses fers. Il y avait
auprès de la porte de son cachot une autre porte, entr'ouverte
comme la sienne.
    Il n'avait pas fait une demi-douzaine de fois
le tour de sa cour qu'en s'arrêtant à regarder cette porte. Il
entendit encore le bruit de ferraille ; puis il vit à la
fenêtre grillée une figure, bien indistincte (le cachot était si
sombre et les barreaux si épais !) puis, immédiatement après,
parut un homme qui vint vers lui.
    La solitude lui pesait, comme s'il y avait un
an qu'il fût en prison. L'espoir d'avoir un camarade lui fit
doubler le pas. pour faire la moitié du chemin au-devant du nouveau
venu.
    Qui était cet homme ? C'était son
fils.
    Ils s'arrêtèrent face à face, se dévisageant
l'un l'autre. Lui, il recula tout honteux, malgré lui : quant
à Barnabé, en proie à des souvenirs imparfaits et confus, il se
demandait, où il avait déjà vu cette figure-là. Il ne fut pas
longtemps incertain : car tout à coup, portant sur lui les
mains, et le colletant pour le jeter à terre, il lui
cria :
    « Ah ! je sais, c'est vous le
voleur ! »
    Rudge d'abord, au lieu de répondre, baissa la
tête et soutint la lutte en silence ; mais, voyant que
l'agresseur était trop jeune et trop fort pour lui, il releva la
tête, le regarda fixement entre les deux yeux, et lui
dit :
    « Je suis ton père. »
    Cette parole produisit un effet magique :
Barnabé lâche prise à l'instant, recule, et le regarde
effrayé ; puis, par un élan subit, il lui passe les bras
autour du cou, et lui presse la tête contre ses joues.
    Oui, oui, c'était son père : il n'en
pouvait douter. Mais où donc était-il resté si longtemps, laissant
sa mère toute seule, ou, ce qui était bien pis, seule avec son
pauvre idiot d'enfant ? Était-elle réellement maintenant
heureuse et à son aise, comme on avait voulu le lui faire
croire ? Où était-elle ? N'était-elle pas près
d'eux ? Ah ! bien sûr elle n'était pas heureuse, la
pauvre femme, si elle savait son fils en prison Oh ! non.
    À toutes ces questions précipitées, l'autre ne
répondit pas un mot : il n'y eut que Grip qui croassa de
toutes ses forces, sautillant autour d'eux, tout autour, comme s'il
les enveloppait dans un cercle magique, pour invoquer sur eux
toutes les puissances du mal.

Chapitre 21
     
    Pendant le cours de cette journée, tous les
régiments de Londres ou des environs furent de service dans quelque
quartier de la ville. Les troupes régulières et la milice,
dispersées en province, reçurent l'ordre, dans chaque caserne et
dans chaque poste à vingt-quatre heures de marche, de commencer à
se diriger sur la capitale. Mais les troubles avaient pris une
proportion si formidable, et, grâce à l'impunité, l'émeute était
devenue si audacieuse, que la vue de ces forces considérables,
continuellement accrues par de nouveaux renforts, au lieu de
décourager les perturbateurs, leur donna l'idée de frapper un coup
plus violent et plus hardi que tous les attentats des jours
précédents, et ne servit qu'à allumer dans Londres une ardeur de
révolte qu'on n'y avait jamais vue, même dans les anciens temps de
la révolution.
    Toute la veille et tout ce jour-là, le
commandant en chef essaya de réveiller chez les magistrats le
sentiment de leur devoir, et, en particulier chez le lord-maire, le
plus poltron et le plus lâche de tous. À plusieurs reprises, on
détacha, dans ce but, des corps nombreux de soldats vers
Mansion-House pour attendre ses ordres. Mais, comme ni menaces ni
conseils ne faisaient rien sur lui, et que la troupe restait là en
pleine rue, sans rien faire de bon, exposée plutôt à de mauvaises
conversations, ces tentatives louables firent plus de mal que de
bien. Car la populace, qui n'avait pas tardé à deviner les
dispositions du lord-maire, ne manquait pas non plus d'en tirer
avantage pour dire que les autorités civiles

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