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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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l’occasion
trahir quelque arrière-pensée de vouloir éclater derechef, elle
laissa sa maîtresse en possession du champ de bataille.
    Sa supériorité bien constatée, cette dame mit
également un prompt terme à ses pleurs, et tomba dans une paisible
mélancolie.
    Le soulagement était si grand, et la fatigue
des incidents de la veille était si accablante pour le serrurier,
qu'il pencha sa tête sur sa chaise et eut dormi là toute la nuit,
si la voix de Mme Varden, après une pause de quelque cinq
minutes, ne l’avait éveillé en sursaut.
    « S’il m’arrive, dit Mme Varden, non
plus d'une voix querelleuse, mais de l'accent d'une monotone
remontrance, d’être de bonne humeur, s’il m'arrive d'être gaie,
s'il m'arrive d'être plus qu'à l'ordinaire disposée au plaisir de
la conversation, voilà comme on me traite.
    – De bonne humeur comme vous étiez, mame,
il n’y a qu'une demi-heure ! cria Miggs. Je n'ai jamais vu si
agréable compagnie !
    – Parce que, dit Mme Varden, parce
que jamais je ne me mêle de quoique ce soit, jamais je
n’interromps, parce que jamais je ne demande pourquoi l'on va,
pourquoi l'on vient ; parce que tout mon esprit et toute mon
âme ne sont appliqués qu’à faire les économies que je peux faire
dans mon ménage, et à travailler dans l'intérêt de cette maison,
voilà les épreuves qu'on me destine pour récompense.
    – Marthe, dit vivement le serrurier, qui
tâchait d’avoir l'air aussi réveillé que possible, de quoi vous
plaignez-vous ? Je suis réellement venu chez nous avec le plus
vif désir d’être heureux. Oui, c'est la pure vérité.
    – De quoi je me plains ! rétorqua sa
femme. Y a-t-il rien de plus glacial que de voir un mari bouder, et
s'endormir aussitôt après son retour à la maison, que de le voir
vous éteindre toute chaleur au cœur, et jeter de l'eau froide sur
le foyer domestique ? N'est-ce pas naturel, quand je sais
qu’il était sorti pour une affaire à laquelle je m'intéresse autant
que personne au monde, que je souhaite savoir ce qui s'est passé,
ou qu'il se croie obligé de me le dire sans que je le lui demande
les mains jointes ? Est-ce naturel, oui ou non ?
    – Je suis très fâché, Marthe, de n'avoir
pas su cela plus tôt, dit l'excellent serrurier. Je craignais
vraiment que vous ne fussiez pas disposée à une conversation
divertissante. je vous dirai tout ce que vous voudrez, je serai
trop heureux de vous le dire, ma chère amie.
    – Non, Varden, répliqua sa femme en se
levant avec dignité. Non, je vous remercie, je ne suis pas un
enfant qu'on corrige, pour le caresser une minute après, je suis
trop âgée pour cela, Varden, Miggs, prenez la lumière. Vous du
moins, Miggs, vous pouvez être gaie ! Vous êtes bien
heureuse. »
    Miggs qui, jusqu'à ce moment, avait été dans
les abîmes de la compassion la plus désespérée, passa
instantanément à toute l'allégresse imaginable, et secouant la tête
tandis qu'elle lançait un coup d'œil au serrurier, elle emporta à
la fois sa maîtresse et la chandelle.
    « Qui donc croirait, pensa Varden en
haussant les épaules et rapprochant du feu sa chaise, que cette
femme put jamais être enjouée et agréable ? Et cependant c'est
la vérité. Allons, c'est bon, nous avons tous nos défauts. Je ne
veux pas insister sur les siens : il y a trop longtemps que
nous sommes mari et femme pour cela. »
    Il s'assoupit de nouveau, et de bon cœur,
grâce à son heureux caractère bon et cordial. Lorsqu'il eut fermé
les yeux, la porte conduisant aux étages supérieurs s'ouvrit, et il
en sortit une tête qui, en le voyant, se rejeta en arrière avec
précipitation.
    « Je voudrais bien, murmura Gabriel
s'éveillant au bruit et regardant autour de la salle, je voudrais
bien que quelqu'un épousât Miggs, mais c'est impossible ! Je
serais fort étonné qu'il y eût un fou assez fou dans ce monde pour
épouser Miggs ! »
    C'était là un si vaste sujet de réflexions que
notre homme s'assoupit encore une fois, et dormit jusqu'à ce que le
feu fût entièrement consumé. Enfin il se réveilla de lui
même ; et, après avoir fermé à double tour la porte de la rue,
selon l'usage, et mis la clef dans sa poche, il alla se
coucher.
    La salle n'était dans l'obscurité que depuis
quelques minutes lorsque la tête apparut encore, et que Sim
Tappertit entra, portant à la main une petite lampe.
    « Que diable a-t-il donc eu à faire pour
me boucher le passage si

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