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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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réponse
que daigna faire le capitaine.
    – La salle est-elle préparée ?
    – Elle l'est, répliqua son acolyte.
    – Le camarade… est-il ici ?
    – Oui, et les autres en petit nombre.
Vous les entendez ?
    – Ils jouent aux quilles ! dit le
capitaine avec humeur. Des têtes légères ! des hommes de
plaisir ! »
    On ne pouvait avoir de doute sur l'amusement
spécial auquel se livraient ces esprits inférieurs : car, même
dans l'atmosphère renfermée et étouffée de la cave, le bruit
retentissait comme un tonnerre lointain. Certes, à première vue, le
choix d'un pareil lieu pour un pareil délassement pouvait paraître
singulier, si les autres caves ressemblaient à celles où avait eu
lieu ce colloque ; car le sol était de la terre cuite, le mur
et la voûte de simple brique, tapissée de limaçons et de limaces.
L’air était écœurant, corrompu et malsain. On aurait cru, d’après
un fumet prononcé qui dominait entre les diverses odeurs de
l’endroit qu’on s’en était servi, à une époque peu reculée, comme
d’un magasin à fromages : circonstance explicative de
l’humidité graisseuse répandue de toute part en même temps qu'elle
faisait naître dans l'esprit l’agréable idée des rats, amateurs de
fromages. La localité, en outre, était naturellement humide, et
l'on voyait de petits champignons surgir de chaque coin
vermoulu.
    Le propriétaire de cette charmante retraite,
auquel appartenait également la tête raboteuse mentionnée
ci-dessus, car il portait une vieille perruque à nœud aussi nue et
aussi sale qu'un balai usé, les avait rejoints, pendant ce
temps-là, et il se tenait un peu à l’écart, se frottant les mains,
remuant son menton hérissé de soies de porc toutes blanches, et
souriant en silence. Ses yeux étaient fermés ; mais
eussent-ils été ouverts, on aurait facilement pu dire, d’après
l’attentive expression de sa figure tournée vers eux, figure pâle
et dépourvue de santé, comme on devait s'y attendre chez un homme
voué à cette existence souterraine, comme aussi d'après un certain
tremblement inquiet de ses paupières retroussées qu'il était
aveugle.
    « Stagg lui-même s’est endormi, dit le
long camarade en indiquant d'un signe de tête ce personnage.
    – Solidement, capitaine,
solidement ! cria l’aveugle. Que veut boire mon noble
capitaine ? Eau-de-vie, rhum, scubac ? Est-ce de la
poudre trempée ou de l’huile brûlante ? Nommez quelque chose,
cœur de chêne, et nous vous le procurerons, quand ce serait du vin
des caves de l’évêque, ou de l'or fondu de la monnaie du roi
Georges.
    – Eh bien ! dit M. Tappertit
d'une façon hautaine, quelque chose, et que ce soit vite servi, et
pendant que vous y êtes, vous pouvez m'apporter ça, si vous le
voulez, des caves du diable.
    – Bravement parlé, noble capitaine !
répliqua l’aveugle c'est parlé comme la gloire des apprentis.
Ha ! ha ! des caves du diable ! Fameuse
plaisanterie ! Le capitaine aime à rire. Ha, ha, ha !
    – Je n'ai qu'un mot à vous dire mon beau
garçon, dit M. Tappertit en lançant une œillade à l'hôte,
pendant que ce dernier se dirigea vers un placard d'où il tira une
bouteille et un verre, aussi négligemment que s'il avait eu la
pleine jouissance de sa vue : c'est que, si vous faites ce
vacarme, vous apprendrez que le capitaine n'aime pas toujours à
rire. Vous m'entendez ?
    – Il a les yeux sur moi ! cria
Stagg, s'arrêtant tout court au moment où il revenait, et affectant
de couvrir sa figure avec la bouteille. Je les sens, quoique je ne
puisse pas les voir. Ôtez-les, noble capitaine ;
détournez-les, car ils me percent jusqu'à l'âme, comme des
vrilles. »
    M. Tappertit sourit affreusement à son
camarade ; et, dirigeant sur lui un autre regard en coulisse,
une espèce de vis oculaire, sous l'influence de laquelle l'aveugle
feignit d'éprouver une grande angoisse, une vraie torture, il lui
commanda, d'un ton radouci, d'approcher et de se taire.
    « Je vous obéis, capitaine, cria Stagg,
en s'approchant et en versant à son chef une rasade, sans répandre
une goutte, par la raison qu'il tint son petit doigt au bord du
verre, et qu'il s'arrêta dès que la liqueur l'eut touché ;
buvez, noble commandant. Mort à tous les maîtres, vivent tous les
apprentis, et amour à toutes les belles demoiselles ! Buvez,
brave général, et réchauffez votre cœur intrépide ! »
    Tappertit daigna prendre le verre de la

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