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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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bride du cheval, et ses
grands yeux sur le cavalier, rien ne passant sur la route qui pût
distraire ses pensées, avait réellement recueilli dans son cerveau
plusieurs de ces petits détails, au moment où il fut invité à
parler.
    « Curieux endroit que celui-ci ! dit
le gentleman, et sa voix avait la richesse de son habillement.
Êtes-vous l'aubergiste ?
    – À votre service, monsieur, répondit
John Willet.
    – Vous pouvez, n'est-ce pas, faire bien
soigner mon cheval à l'écurie, et me donner promptement à dîner
(n'importe quoi, pourvu que ce soit proprement servi), et une
chambre décente ? Il n'en manque pas apparemment dans cette
grande maison, dit l'étranger, parcourant de nouveau du regard
l'extérieur de l'auberge.
    – Vous aurez, monsieur, répliqua John
avec une promptitude surprenante, tout ce que vous voudrez.
    – Il est fort heureux que je me contente
aisément, repartit l'autre avec un sourire ; sans cela vous
pourriez bien perdre la gageure, mon ami. »
    Et en même temps, il descendit de cheval en un
clin d'œil, à l'aide du billot placé devant la porte.
    « Holà, quelqu'un ! Hugh !
rugit John. Je vous demande pardon, monsieur, de vous retenir là
debout sous le porche ; mais mon fils est allé à la
ville [12] pour affaire, et comme ce garçon,
voyez-vous m'est assez utile je me trouve dans l'embarras lorsqu'il
n'est pas ici. Hugh ! Celui-là, monsieur, c'est un terrible
paresseux, un franc vagabond monsieur, une espèce de bohémien,
j'imagine, toujours à dormir au soleil en été, monsieur, et dans la
paille en hiver, Hugh. Bon dieu faire attendre un monsieur sous le
porche, à cause de lui ! Hugh ! Je voudrais que le drôle
fût mort, en vérité, je le voudrais.
    – Peut-être l'est-il, répliqua l’autre.
S’il était en vie, je suppose qu'il vous aurait entendu
maintenant.
    – Quand il est dans ses accès de paresse
il dort si profondément, dit l’aubergiste bouleversé, que, si vous
lui tiriez des boulets de canon dans les oreilles, ça ne le
réveillerait pas, monsieur. »
    Son hôte ne fit aucune remarque sur ce nouveau
traitement d’une hypertrophie de sommeil, et sur la recette
proposée pour donner aux gens de la vivacité, mais il resta sous le
porche, les mains croisées derrière le dos. Il semblait s'amuser
beaucoup à voir le vieux John, la bride à la main hésiter entre une
violente envie d’abandonner l’animal à sa destinée, et une demi
disposition à l’introduire dans la maison et à l'enfermer dans la
salle à manger, pendant qu’il s’occuperait de son maître.
    « Peste soit de ce garçon !
ah ! le voici enfin, cria John, arrivé au zénith de sa
détresse. Ne m’entendiez-vous pas appeler,
polisson ? »
    Le personnage auquel il s'adressait ne fit pas
de réponse, mais, mettant sa main sur la selle il sauta dessus d’un
bond, tourna la tête du cheval vers l’écurie et disparut en un
instant.
    « Assez alerte, quand il est
éveillé ! dit l’étranger.
    – Assez alerte, monsieur ! répliqua
John en regardant la place où il avait vu le cheval, comme s’il ne
comprenait pas encore parfaitement ce qu’il était devenu.
    – Il fond à l'œil, c’est comme une goutte
de mousse de vin de Champagne. Vous le regardez, il est là, vous le
regardez encore et il n’y est plus. »
    Après avoir, sans plus de paroles, résumé dans
cette brusque conclusion le long exposé qu'il voulait faire de
toute la vie et du caractère de son domestique, John Willet, fier
d'avoir parlé comme un oracle, conduisit le gentleman, par son
grand escalier démantibulé, au meilleur appartement du Maypole.
    En conscience, il était bien assez spacieux,
car il occupait toute la profondeur de la maison, et il avait à
chaque bout une grande fenêtre dont l'ouverture était aussi large
que beaucoup de chambres modernes. À ces fenêtres, quelques
panneaux de verres de couleur, emblasonnés de fragments
d'armoiries, quoique fêlés, rapiécés et brisés, restaient encore
pour attester par leur présence que le premier propriétaire avait
fait servir la lumière elle-même à la splendeur de son rang et
enrôlé jusqu'au soleil parmi ses flatteurs, en lui commandant,
lorsqu'il brillait dans sa chambre, de réfléchir les insignes de
son ancienne famille et d'emprunter de nouvelles nuances à leur
orgueil.
    Mais c'était dans les temps jadis, et à
présent chaque petit rayon allait et venait à son gré, disant la
vérité toute simple,

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