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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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descendit l'escalier comme il avait fait. Arrivée à l'atelier,
elle vit la lampe allumée sur la forge, et chaque chose comme Sim
l'avait laissée.
    « Eh ! mais, je veux n'avoir qu'un
enterrement à pied après ma mort, au lieu d'un convoi décent avec
un corbillard à plumes, si ce moutard ne s'est point fabriqué une
clef particulière ! cria Miggs. Oh ! le petit
scélérat ! »
    Elle n'arriva pas à cette conclusion sans
réfléchir, sans beaucoup regarder, beaucoup examiner ; ses
souvenirs l'y aidèrent aussi : elle se rappela que, dans
diverses occasions, étant tombée tout à coup sur le dos de
l'apprenti, elle l'avait trouvé occupé d'un travail mystérieux. De
peur que le nom de moutard donné par Mlle Miggs à celui sur
qui elle daignait abaisser les yeux n'éveille de l’étonnement dans
quelque esprit, il est bon de faire observer qu'elle considérait
tous les mâles bipèdes au-dessous de trente ans comme de simples
marmots, de vrais poupons, phénomène assez commun chez les dames du
caractère de Mlle Miggs, et qu'en général on trouve associé à
ces indomptables et sauvages vertus.
    Mlle Miggs délibéra en elle-même durant
quelques minutes, les yeux fixés tout le temps sur la porte de
l'atelier comme si ses yeux et ses pensées ne pouvaient s'en
détacher. Puis, prenant dans un fauteuil une feuille de papier,
elle en fit un long et mince tortillon. Après avoir rempli cet
instrument d'une quantité de poussière du menu charbon de la forge,
elle s'approcha de la porte, et, mettant un genou en terre, elle
souffla avec dextérité dans le trou de la serrure autant de cette
fine poudre qu'il en pouvait contenir. Lorsqu'elle l'eut bourré
jusqu'au bord d'une façon très industrieuse et très habile, elle
remonta l'escalier à la sourdine, et, arrivée dans sa chambre, elle
gloussa de rire.
    « Là ! cria Miggs en se frottant les
mains, nous verrons maintenant si vous ne vous trouvez pas bien
heureux de faire quelque attention à moi, monsieur. Hi !
hi ! hi ! maintenant vous aurez des yeux pour quelque
autre, j'imagine, que Mlle Dolly, avec sa vilaine figure de
chat bouffi comme je n'en ai jamais vu, moi ! »
    En proférant cette critique, elle lança un
coup d'œil approbateur à son petit miroir, comme une personne qui
dirait : « Je rends grâces à mon étoile qu'on ne puisse
pas en dire autant de moi. » Et certainement c'était chose
impossible ; car le style de beauté de Mlle Miggs
appartenait à ce genre que M. Tappertit lui-même avait assez
bien qualifié, dans l'intimité, du titre de décharné.
    « Je ne me coucherai pas cette nuit, dit
Miggs en s'enveloppant d'un châle, tirant une couple de chaises
près de la fenêtre, s'enfonçant sur l'une et mettant ses pieds sur
l'autre, que vous ne soyez revenu au logis, mon garçon. Je ne me
coucherai pas, dit Miggs avec résolution, oh ! non, pas même
pour quarante-cinq guinées. »
    Là-dessus, avec une expression de figure où un
grand nombre d'ingrédients contraires, tels que la méchanceté, la
ruse, la malice, le triomphe, la confiance dans le succès de sa
patience, étaient tous mêlés ensemble en une sorte de punch
physionomique, Mlle Miggs s'arrangea pour attendre et pour
écouter, semblable à quelque belle ogresse qui vient de dresser un
piège sur le chemin et guette un jeune voyageur bien dodu pour en
manger une tranche.
    Elle resta assise là, dans une parfaite
tranquillité, toute la nuit. Enfin, juste à la pointe du jour, il y
eut un bruit de pas dans la rue, et bientôt elle put voir
M. Tappertit s'arrêter devant la porte. Puis elle put
découvrir qu'il essayait sa clef, qu'il soufflait dedans, qu'il la
tapait contre le poteau le plus proche pour faire tomber la
poussière, qu'il allait l'examiner sous un réverbère, qu'il
fourrait des petits morceaux de bois dans la serrure pour la
nettoyer, qu'il regardait dans le trou de la serrure, d'abord avec
un œil, et ensuite avec l'autre, qu'il essayait la clef une seconde
fois, qu'elle ne pouvait plus tourner, et, qui pis est, qu'elle ne
pouvait plus ressortir, qu'il la courbait, qu'elle était alors
moins disposée à ressortir qu'auparavant, qu'il la tordait avec une
grande force et la tirait d'une main vigoureuse, et qu'alors elle
ressortait si soudainement qu'il manquait de tomber à la renverse,
qu'il donnait un coup de pied à la porte, qu'il la secouait, qu'il
finissait par se frapper le front, et s'asseoir sur la marche, d'un
air

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