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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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cœur. Il
essaya de la consoler, se pencha sur elle, lui chuchota quelques
mots, d'aucuns prétendent qu'il lui donna quelques baisers, mais
c'est une fable. Quoi qu'il en soit, Joe dit toutes les
affectueuses et tendres choses qu'il put imaginer, et Dolly le
laissa continuer sans l'interrompre une seule fois, et dix bonnes
minutes se passèrent avant qu'elle fût en état de relever la tête
et de le remercier.
    « Qu'est-ce donc qui vous a
effrayée ? » dit Joe.
    Un homme, un inconnu l'avait suivie,
répondit-elle ; il avait commencé par lui demander l'aumône,
puis il en était venu à des menaces de vol, menaces qu'il était
prêt de mettre à exécution, et qu'il aurait exécutées si Joe
n'était accouru à temps pour la défendre. La manière hésitante et
confuse dont elle dit tout cela fut attribué par Joe à l'effroi
qu'elle avait éprouvé, pour le moment. Il ne soupçonna pas la
vérité le moins du monde.
    « Arrêtez-vous avant que ces mots
s'échappent de vos lèvres ! » Cent fois durant cette
soirée, et bien des fois à une époque postérieure, quand la
révélation monta pour ainsi dire à sa langue, Dolly se rappela
l'avertissement de Hugh, et se retint de parler. Une terreur de cet
homme profondément enracinée chez elle, la certitude que sa féroce
nature, une fois excitée, ne reculerait devant rien, et la
conviction que, si elle l'accusait, sa colère et sa vengeance se
déchargeraient pleinement sur Joe, son libérateur : ce furent
là des considérations qu'elle n'eut pas le courage de surmonter,
des motifs trop puissants de garder le silence pour qu'elle en pût
triompher.
    Joe, de son côté, était beaucoup trop heureux
pour pousser ses questions avec une grande curiosité ; et
Dolly étant, du sien, encore trop tremblante pour marcher sans
appui, ils avancèrent très lentement et, selon lui, très
agréablement, jusqu'à ce que les lumières du Maypole furent tout
près, plus brillantes que jamais pour leur faire un joyeux accueil.
Alors Dolly s'arrêta tout à coup et poussa un demi-cri
d'effroi.
    « La lettre !
    – Quelle lettre ? cria Joe.
    – Celle que j'apportais. Je l'avais à la
main. Mon bracelet aussi, dit-elle en serrant de sa main le poignet
de l'autre. Je les ai perdus tous les deux.
    – Ne faites-vous que de vous en
apercevoir ? dit Joe.
    – Je les ai laissés tomber ou on me les a
pris, répondit Dolly, tandis qu'elle fouillait en vain dans sa
poche et secouait ses vêtements, Ils n'y sont plus, ils ont disparu
tous les deux. Malheureuse fille que je suis ! » À ces
mots, la pauvre Dolly, qui, pour lui rendre justice, était
absolument aussi chagrine d'avoir perdu la lettre que le bracelet,
pleura de nouveau et gémit sur son destin d'une façon très
touchante.
    Joe la consola en l'assurant qu'aussitôt qu'il
l'aurait mise en sûreté au Maypole, il retournerait à l'endroit
avec une lanterne (car il faisait maintenant tout à fait noir), et
chercherait scrupuleusement les objets perdus, qu'il trouverait,
selon la plus grande probabilité, car il n'était pas vraisemblable
que quelqu'un eût depuis passé par là, et elle n'avait pas la
conviction que ces objets lui eussent été soustraits. Dolly le
remercia très cordialement de son offre, en avouant qu'elle
n'espérait guère qu'il réussît dans ses recherches ; et de la
sorte, avec beaucoup de lamentations du côté de Dolly, et beaucoup
de paroles d'espoir du côté de Joe, et une extrême faiblesse du
côté de Dolly, et le plus tendre empressement à la soutenir du côté
de Joe, ils purent atteindre enfin le comptoir du Maypole, où le
serrurier, sa femme et le vieux John, prolongeaient encore un
joyeux festin.
    M. Willet reçut la nouvelle de l'accident
de Dolly avec cette surprenante présence d'esprit et cette
promptitude d'élocution qui le distinguaient d'une façon si
éminente et le plaçaient au-dessus des autres hommes.
Mme Varden exprima sa sympathie pour la douleur de sa fille en
la grondant vertement de revenir si tard ; et le bon serrurier
se partagea entre les consolations et les baisers qu'il donnait à
Dolly et les poignées de main qu'il prodiguait à Joe, ne pouvant
assez le louer et le remercier.
    Sur cet article, le vieux John était loin
d'être d'accord avec son ami : car, outre qu'en thèse générale
il n'avait aucun goût pour les esprits aventureux, il lui vint à
l'idée que, si son fils et héritier avait été sérieusement
endommagé dans une

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