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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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qui les regardait avec ahurissement, interpella Porta, lequel bousculait une Yougoslave rétive.
    – Ce qu’on est chic dans ce bordel ! Parler étranger à cette truie !
    Il péta bruyamment, tira sur son ceinturon, remit le revolver en place et continua sa chasse. Il saisit une file blonde comme les blés, la fit tournoyer et la jeta à un caporal bulgare qui arrivait avec un plateau chargé de verres. Le tout vola en l’air. L’alcool coulait partout. La fille gisait par terre, en culotte saumon à dentelles vertes et longs bas de tulle à jarretières rouges. Elle fut prise d’un fou rire et se mit à marteler le sol de ses poings dans un délire de joie.
    – Olga en aura une attaque ! bégayait-elle entre ses accès de rire.
    Le fou rire gagna Annie de Hanovre qui était non loin de là :
    – On n’a jamais eu de visites pareilles ! Qu’est-ce que c’est que cette bande ? Quelle chance qu’on n’ait pas pu traverser les lignes russes !
    Porta agita ses mains de ferveur :
    – Personne ne te croira, Sven, si un jour tu écris la guerre à Adolf. – Il se mit à pouffer et saisit la file par les seins. – Tu comprends, Sussi, ce seront les mémoires de notre merde de guerre. Ce qu’on en a vu ! On a traversé la Volga, fait la planche dans la Méditerranée pendant que les bateaux coulaient en flammes, on s’est rafraîchi le cul sur un glaçon dans la baie de Bothnie, on a passé à travers les moustiques dans les marais du Pripet, on a fait l’amour dans les huttes de neige à Suomdsalmi, couru à skis des centaines de kilomètres devant les Chinois de la mer glacée, craché dans les vallées du haut de l’Elbrouz, et tiré les canons en pièces détachées par-dessus les montagnes, et brûlé des bois d’acajou le long des routes de Géorgie.
    Alte gloussa et tira sur sa pipe à couvercle.
    – Tu dis vrai, Porta, qu’est-ce qu’on n’a pas fait ? Mais pourquoi racontes-tu tout ça ? Ça n’intéresse personne.
    Porta donna une tape sur les fesses de la fille et continua :
    – On s’est sortis de chars en feu, on a passé sur des radeaux la mer d’Azov, on s’est saoulé au point qu’il a fallu des mois pour s’en remettre ; on a pris des bains de champagne, lavé ses couilles dans du vin rouge ; on s’est déguisés en soldats d’Ivan et promenés en T 34. On a été pousse-cailloux, méharistes, parachutistes, espions, conducteurs de locomotives, dynamiteurs, geôliers, bourreaux, voleurs, assassins, falsificateurs de documents, coupables de haute trahison dix fois par jour ; on s’est torchés le cul avec Mein Kampf et les écrits d’Alfred Rozenberg.
    Il rejeta sa tête en arrière et cracha vers le piano sur lequel un lieutenant hongrois dégradé s’était mis à jouer. Il jouait furieusement. Quelque chose de chez lui, de Budapest, du temps où, avant d’être dégradé, il faisait partie des officiers élégants dans les salons des jolies femmes. Il rêvait. Il ne savait plus où il était. Au milieu des soldats sales, sans illusions, qui ne pensaient qu’à la boisson et au viol. Les sons arrivaient par vagues dansantes ; des chevaux hennissant, crinières au vent, bondissaient sur la steppe : un peloton de hussards bleu ciel galopait vers un lac…
    – Porta a même pissé sur le drapeau ! hurla Heide. Une heure avant d’être décoré par le commandant d’armée. Le Vieux a ensuite baisé le drapeau juste à cet endroit-là. Ce qu’on a rigolé l Mais encore moins qu’aujourd’hui ! – Il embrassa une fille et lui caressa les cheveux. – Viens, ma fille, viens, Julius Heide est prêt.
    – Tout ça, ça vous donne chaud ! cria Barcelona en se versant le contenu d’un vase de fleurs sur la tête.
    Le lieutenant dégradé se mit à chanter. Un artilleur bulgare remplit le vase de vodka. Le lieutenant chantait une chanson d’amour, une chanson triste. Petit-Frère versa le vase dans le piano.
    – Cette planche à musique doit avoir soif après tout ce que tu sors ! – Il frappa sur l’épaule de l’officier dégradé et fit sourire sa bouche brutale. – Tu n’es plus officier, crétin, tu es un copain avec des copains. Qu’est-ce qu’on pige à tes chansons de Budapest ? Pas un pet. On sait seulement qu’Ivan est en route avec un tas de T 34 et qu’on finira sous une croix de bois avec un casque rouillé sur la tête. Alors, chante des choses qu’on comprenne, sur des cuisses et des nichons.
    Le légionnaire tangua

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