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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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meilleure que vous ne pensez ! En temps ordinaire, il y a à l’entrée une lanterne rouge.
    Petit-Frère resta la bouche ouverte. Il bondit de son divan.
    – Tu veux dire qu’on est cantonné dans un asile de putains ?
    – Tout juste, et avec service qualifié s’il te plaît.
    – Par l’enfer ! cria Porta. Où est le personnel ?
    En un tournemain, Petit-Frère avait redressé ses coussins et ôté ses culottes qu’il jeta au haut d’une armoire.
    – Je n’en aurai pas besoin de longtemps !
    Le Vieux montra les bottes d’infanterie.
    – Et tu gardes tes bottes ?
    – Sûr que oui. Avec ses bottes et son ceinturon, on ne craint personne.
    Porta lui aussi avait dépouillé ses vêtements et se montrait en même appareil : costume d’Adam, bottes d’infanterie, ceinturon et revolver. Il y ajoutait le haut-de-forme jaune alors que Petit-Frère arborait son melon gris.
    – Parés ! cria Porta. Amenez les putains ! Blédard, appelle la mère maquerelle !
    – Vous l’avez déjà vue, expliqua le légionnaire. C’est une truie, pas l’ombre d’un doute. Elle se verse un demi-litre de parfum tous les matins pour dissimuler sa sueur, elle ignore la conscience et elle pèse à vue d’œil cent vingt-cinq kilos. Je lui ai demandé combien elle charriait de tonnes de lard. Elle m’a répondu : « Cent soixante-quinze livres », mais c’est faux ; elle habite un appartement un peu plus loin dans la rue, et quel appartement ! Ici, c’est une chaumière à côté. Elle fume sans arrêt une pipe courbe et s’envoie du matsje en veux-tu en voilà.
    – Alors, où est la garnison ? répéta Porta. On n’en voit pas l’ombre.
    – Ça, c’est le point noir, reprit le légionnaire, la déveine. Tout ça, ça a filé, filé vers l’ouest crainte de l’oncle Joseph, et on se trouve dans un bordel avec plus personne pour bordeller !
    Petit-Frère poussa un grand cri et retomba sur son divan. Porta se laissa choir.
    – Qu’est-ce qu’on a fait au ciel ?
    – Moi, dit Barcelona, j’en suis au point où je violerais un poêle allumé.
    – Tout de même, dit Porta, si on se contentait de la maquerelle ? Répète comment qu’elle est, blédard ?
    – Une vraie bétonnière. Si on s’égare là-dedans on ne doit jamais trouver la sortie.
    – Foutaises. L’essentiel est de savoir si elle veut jeter ses culottes. Le reste, ça nous regarde.
    –  ne pense pas qu’elle ait rien contre, dit le légionnaire. Du reste, elle s’appelle Olga.
    Il prononça ce nom comme s’il lui rappelait quelque chose d’horrible.
    – Tu as raison, dit Petit-Frère. Olga, ça sonne mal, mais tout ce qu’on a en temps de guerre c’est de l’ersatz. Faut s’y faire.
    Porta se redressa soudain :
    – Tu es certain que cette salope n’essaie pas de nous avoir ?
    – Comment ça ?
    – Qu’elle n’aurait pas escamoté la ménagerie parce que nous autres on n’est pas assez chic ?
    Le légionnaire alluma lentement sa cigarette. Il réfléchissait
    – C’est une possibilité, mais où diable pourrait-elle les cacher ?
    – On fait une enquête ! cria Petit-Frère. Si les filles sont cachées, je le sais dans dix minutes, et si la maquerelle se fout de moi, je l’étrangle !
    – Faites pas les idiots, dit Alte. Une femme comme ça a toujours des relations dans la police. C’est une pieuvre avec des bras partout, et si elle porte plainte ça va vous retomber sur le crâne.
    – On s’en fout ! rugit Porta. Pourvu que je tire mon coup, je ferai tout ce qu’il faut pour la tournée de matelas polka !
    Criant à tue-tête, toute la troupe se rendit chez Olga. Petit-Frère avait complètement oublié qu’il n’avait pas de culottes et son derrière nu paraissait d’autant plus poilu qu’il portait un ceinturon à revolver et des bottes à tiges basses.
    – C’est ici, dit le légionnaire en montrant une villa blanche qui semblait sortir d’un immense bouquet de fleurs. Et il ouvrit la porte sans se préoccuper de l’écriteau « Frappez avant d’entrer ».
    Nous traversâmes un grand hall pour aboutir à un salon où des divans recouverts de soie régnaient le long des murs. Olga était là, débordant d’une immense table à écrire sculptée. Son buste avançait au-dessus de la table comme une figure de proue au-dessus de la mer. Elle suait. Tout son fard coulait.
    – Bonté du ciel, quelle masse ! chuchota Porta.
    – Qu’est-ce qui me vaut

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