Bataillon de marche
tête du SS et épousseta son bras.
– Si on avait su que c’étaient vous autres, on ne serait pas venus, pantemajo ? Maintenant, file, on ne veut pas causer avec vous. – Porta repoussa l’homme du canon de sa mitraillette et passa ensuite un bout de chiffon sur le canon.
– Ça sent la merde ici, constata Petit-Frère à haute voix
L’Unterscharführer devint cramoisi et tourna les talons.
– Ça va faire du vilain, prédit Alte en voyant un Obersturmführer s’avancer à pas énergiques vers le char. Il s’arrêta juste en face de Porta.
– Bonjour ! dit Porta en soulevant son chapeau jaune.
– Etes-vous idiot ! cria l’Obersturmführer.
– Non, mon lieutenant, et vous ?
– Répondez convenablement quand je vous parle !
– Mon lieutenant a demandé si j’étais idiot, répondit Porta, doux comme un mouton, et j’ai répondu réglementairement : « Non, mon lieutenant. »
– Ne faites pas le crétin, sergent ! cria le SS. Vous avez eu le culot de me demander si j’étais idiot ! Et je ne suis pas lieutenant, crétin, je suis Obersturmführer, tenez-vous-le pour dit !
– Bien, mon lieutenant, parce que dans notre unité, ça s’appelle un lieutenant quand on a un machin comme ça sur l’épaule. – Du bout du canon de son P. M.,. orta montrait une étoile sur l’épaule de l’Obersturmführer.
– Assez ! Je vous ferai passer en conseil de guerre, et vous ne ferez pas le malin devant le peloton, chien de truie !
– Qu’est-ce que c’est qu’un chien de truie ? demanda Porta à Petit-Frère qui occupait l’autre panneau.
– Quelque chose de chouette chez les SS, fit le géant.
– Votre compte est bon ! hurla l’officier qui peu a peu perdait la tête. La lie de l’armée qui ose offenser les SS !.
– Audience terminée ! ricana Porta qui rentra dans le char comme un polichinelle dans sa boîte en refermant violemment le panneau.
Au même instant, un commandement résonna dans la radio :
– Rassemblement sur la route. Retraite.
Nous n’étions pas arrivés bien loin que la route entière sautait comme un nuage vers le ciel. Une escadrille de JL2 attaquait à la bombe et au canon mitrailleur. Les Tigres se ruèrent sous le couvert des arbres, tandis que les avions nettoyaient positivement le terrain. Ils disparurent vers l’est, laissant un charnier de morts et de blessés, pendant qu’à la jumelle on pouvait voir les Russes marcher contre le hérisson. Ce n’étaient pas des régiments mais des divisions.
Le Borgne, qui commandait le groupe de chars, examina la carte, puis, de son œil unique, il regarda son officier d’ordonnance, le lieutenant Gaun :
– On fuit le camp, Willy. Vite, vite ! L’infanterie sur les voitures, partout où ça peut s’accrocher. – Il sourit et cracha dans la direction des Russes. – Ivan veut nous encercler, ça se voit à l’œil nu, mais nous avons aussi un petit mot à dire. – Il cracha derechef. – Ainsi, les doigts hors du trou du cul, Willy, et que les chefs de compagnie se démerdent.
– Et les blessés ?
Le Borgne jeta un regard sur les colonnes russes dans la plaine, puis il tourna les talons et se dirigea vers son char de commandement. Il y grimpa et dit avec légèreté :
– Tout ce qui ne peut pas marcher doit être abandonné.
– Commandant ! protesta le petit officier d’ordonnance, on ne peut pas abandonner les blessés ! Ils seront abattus d’une balle dans la nuque !
Le commandant se tourna vers son officier :
– Sèche tes pleurs, Willy ; on ne fait que ce qu’on peut. – Puis il se pencha vers le conducteur et dit brièvement : – En route, Bernard, direction Lugansk. Mais vûte, mon pigeon, ça pue !
Un instant, l’officier d’ordonnance regarda partir le char du commandant, puis il jeta les yeux autour de lui. Partout où tombait son regard, il n’y avait que blessés isolés ou en groupes, la plupart à peine pansés. Les malheureux se croyaient sauvés, en route pour l’hôpital. On entendit l’un d’eux dire à un camarade :
– Pour moi, la guerre est finie. J’en suis pour une jambe, c’est pas trop cher. Vive rfoostau !
– Ah oui ! gémit un autre. Des infirmières, des lits, plus de terreur, et à manger tous les jours.
L’officier pressa le pas. Pendant quelques minutes l’air vibra du ronflement des moteurs ; les véhicules démarraient, submergés des grappes humaines de l’infanterie partout où
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