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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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fera du vilain pour moi, et pas de ça ! Par saint Moïse, on te fusillera, tu es bien trop bête pour filer.
    Il ferma bruyamment la porte et sifflota tout le long du couloir en frappant sur les grilles avec ses clefs.
    Porta et lui restèrent quelque temps à contempler une corvée de prisonniers en uniformes gris fanés qui lavaient les gamelles à soupe ; mais ils commençaient par lécher les récipients avant de les passer sous l’eau. Les rations de la prison frisaient la famine.
    – Le 389 a essayé de m’avoir, dit Petit-Frère, mais ça n’a pas marché.
    Il proposa une partie de 17-4 qui eut lieu dans les cabinets, seul endroit où l’on était à peu près à l’abri des surprises grâce à un miroir d’angle qui permettait de surveiller l’enfilade du couloir. Porta exhiba des cartes graisseuses, et ils allumèrent des mégots d’une taille à pouvoir être collés dans la joue si un supérieur se montrait. Fumer était « sévèrement interdit », comme disait La Cigogne. En général, La Cigogne (Oberstleutnant Vogel) signalait que le mot « interdit » sous-entendait toujours « sévèrement » interdit. Un soldat en faute ramassait toujours la peine « la plus sévère ». La Cigogne se sentait mal à l’aise lorsqu’il n’y avait personne à punir.
    – Vingt et un ! dit Porta en empochant ses gains.
    – Que Satan m’emporte ! gronda Petit-Frère qui ne remarqua même pas sa défaite. (Il donna les cartes.) Tu penses ! Il voulait me cogner le crâne avec son flingue.
    – Dix-sept, annonça Porta euphorique. Je te ratisse ; as-tu de l’eau qui gratte ?
    – Dégueulasse, j’en ai trois litres. Le vieux scieur me les a refilés pour que je passe un livre de prières et des lettres au buveur d’eau qui a trépassé mercredi.
    – Trois litres pour ça ! Je lui aurais apporté une paroisse, au lieutenant, pour trois litres ! Et avec le corbillard encore !
    Il jeta les cartes sur la planche qu’ils tenaient sur
    leurs genoux et annonça 17-4. Petit-Frère fronça le sourcil.
    – Est-ce que tu serais assez fumier pour tricher ?
    – Moi ! Si c’est pas honteux de penser ça de son meilleur copain !
    – Hmm ! grogna Petit-Frère en se rengorgeant un instant du mot « meilleur copain ».
    Porta battit les cartes avec la nonchalance du joueur professionnel. Petit-Frère coupa, puis Porta battit encore une fois.
    – Je lui en ai foutu une avec les clefs, et il s’est ratatiné comme un sac mouillé, poursuivit Petit-Frère. Je te parie qu’il rêve encore.
    – Il rêve qu’il est oiseau et qu’il vole par-dessus le mur, dit Porta qui distribuait les cartes.
    – Merde de cartes. Je passe.
    – Vingt et un ! clama Porta.
    – Jésus ! gémit Petit-Frère. Je n’aurai plus un radis.
    – L’ange de la mort a été chez le matelot torpilleur ce matin ; il paraît que c’est pour demain.
    – Quel matelot ? Le grand ?
    – Oui, celui qui a expédié un Unterscharführer.
    – Ils ont fait vite. Huit jours à peine. Jamais aussi vite. Même pas fait croire à une grâce.
    – De la frime, ces grâces ; ils feraient mieux de les expédier dès le jugement.
    – Crois pas, dit Petit-Frère. On préfère respirer le plus longtemps possible, même en prison.
    – Vingt et un ! jubila Porta en jetant ses cartes. Maintenant on va s’envoyer une double tournée d’un de tes litres. Moi je joue trois cigarettes d’opium, et les bottes que m’a données la femme du général quand on lui a rapporté ses affaires.
    – D’abord, est-ce qu’elles me vont, ces bottes, s’enquit Petit-Frère en allongeant un pied.
    – Elles ne sont pas encore à toi, ricana Porta qui cracha sur le pied aux chaussettes trouées.
    Un long cri déchira le silence de la prison et fit bondir les deux joueurs de cartes.
    – Qui diable ça pouvait être ? murmura Petit-Frère en jetant un coup d’œil dans le couloir désert.
    – Le 368.
    – Ce que cet abruti m’a fait sauter ! Il doit avoir le tournis de peur.
    – L’ange de la mort était chez lui à midi. Il prend le tour cette nuit.
    – Alors c’est pas nous le peloton, dit Petit-Frère, c’est la troisième section.
    Ils jouèrent en silence. Soudain, des pas lourds se firent entendre sur les marches. Mégots et cartes s’évanouirent. La tenue rectifiée en un clin d’œil fit des deux joueurs des soldats prussiens disciplinés.
    Et ce fut le sous-officier Julius Heide qui apparut,

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