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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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Le travail fut si mal fait qu’on la rudoya, avec menace d’être signalée à l’inspection du travail, ce qui signifiait mutation dans une fabrique de munitions. Trois mois plus tard, elle se suicidait en se jetant devant le métro à la station Saint-Paul.
    A Torgau, tout le monde avait lu la lettre du conseiller Berner et nous étions persuadés que son fils était sauvé.
    – Sainte Vierge ! s’écria Heide stupéfait. C’est la première fois que je vois ça ! Tu peux dire que tu es un veinard, Heinz !
    Heinz Berner, au comble du bonheur, riait. Nous étions assis sur son lit. La cellule rayonnait de joie.
    – Tu me fais l’effet d’un ressuscité, dit Porta. En tout cas, maintenant, tu es un copain et plus un morveux d’officier. On t’emmènera au « Cochon mouillé » !
    Alte seul restait sceptique.
    – C’est trop beau, dit-il lorsque nous eûmes quitté la cellule. Je ne comprends pas comment son père peut le savoir alors que, nous, nous ne savons rien. On aurait dû avoir l’avis par téléscripteur.
    – A la Légion, dit Kalb, j’ai vu un cas semblable. Un type était presque au poteau quand on est arrivé tout courant avec la grâce.
    – C’est bizarre, marmonnait le Vieux. Y a quelque chose qui me dépasse. Je pense tout de même que personne n’aurait eu le cœur de plaisanter avec ça !
    – Tu paries ? demanda Porta.
    – Sottises ! s’écria Alte. Je ne parie pas sur ce genre de choses.
    Ce fut Barcelona qui rapporta la nouvelle du secrétariat. Pâle comme un mort, il n’arrivait pas à articuler ses mots.
    – Ils fusillent Heinz… Demain matin… 5 heures.
    – C’est impossible !
    – J’ai vu les papiers, bégayait Barcelona. C’est signé du général. Le Hauptfeldwebel a la feuille bleue sur sa machine…
    Nous nous regardions.
    – Pauvre, pauvre type ! chuchota Alte. Ça va être épouvantable.
    – Il compte être libéré demain.
    – Qui va le lui dire ?
    – Moi, proposa Petit-Frère. Quand on pense que je ne pouvais pas supporter ce genre d’officier ! Et maintenant, ça me fait de la peine… C’est pas souvent que quelque chose me fait de la peine.
    – Mais, j’y pense, dit Porta, qui doit le fusiller ?
    – Nous, répondit à voix basse Barcelona. Ce fut une clameur. Barcelona hocha la tête.
    – Oui, le premier groupe. C’est notre tour. Il y en a trois autres en plus de Heinz, alors vous voyez, toute la section aura du travail. Aucune chance d’être remplacés.
    Le légionnaire se mordait les ongles :
    – Alors, il va falloir lui donner un coup de main. Aucun ne se fera porter malade, compris ? – Il tira de sa poche deux cigarettes d’opium et les tendit à Petit-Frère. – Donne-lui ça. Pour faciliter les choses. Moi, je vais trouver le sani pour une piqûre de plus que celle qui est permise.
    – Quand on fera la révolution, gronda Porta, je ferai gracier les condamnés et quand ils se croiront sauvés, je les pendrai le lendemain.
    – Ça te passera, dit Alte. Crois-moi, tu n’en pendras pas un seul.
    – Je vais chez Heinz, dit Petit-Frère. Mais je jure que le commissaire de police MuMerwitz, du poste de la Daidstrasse, sera pendu par moi personnellement quand on en aura fini avec la guerre à Adolf, et ça malgré tous les Ivans et les Ricains de la terre.
    – Va chez Heinz, mais fais-le bien, dit le Vieux. Petit-Frère ouvrit la porte de la cellule et trouva
    Heinz qui lisait. Il s’appuya au mur et jeta les clefs sur la table. Berner leva la tête.
    – Tu ne viens tout de même pas me dire que je suis libéré ? Je suis tellement heureux que je n’arrive pas à manger.
    Petit-Frère lui tendit une cigarette. Ils fumèrent en silence. «
    – Crois-tu que demain à cette heure-ci je serai transféré dans un régiment disciplinaire ?
    – Non, articula Petit-Frère. Je ne crois rien du tout.
    Allons-y, pensait-il en regardant la fenêtre grillagée pour éviter le regard du prisonnier. Il faut le dire ; il faut que ce soit fait avant que le prêtre ne vienne. » – Il regarda l’étagère des livres au-dessus de la table de bois rude, puis fixa Berner en face. L’officier, plein d’une attente joyeuse, lui rendait son regard.
    – Que tu es bizarre, Petit-Frère. Tu es le bandit le plus brutal que j’aie jamais rencontré, tu serais la terreur de tout bourgeois, mais Dieu sait ce qu’on arrive à t’aimer.
    – Je ne suis pas un brave type, gronda Petit-Frère, et je ne

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