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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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veille. Arrivé à la porte, il se retourna et dit d’un ton sans réplique :
    – Maîtrisez-vous. Vous êtes un officier, ne l’oubliez pas. Tout homme doit pouvoir regarder la mort en face. C’est quelque chose d’indifférent auquel nous devons être préparés. Redressez-vous et ne vous conduisez pas comme un lâche.
    La porte se referma avec éclat et les éperons du commandant cliquetèrent. Sa mission était terminée.
    Dans la fraîche matinée, le soleil rougeoyait et teignait les murs de la prison d’une belle couleur d’aurore. Le lieutenant Ohlsen apparut, l’air fatigué. Il portait comme nous le casque d’acier ; ses cuirs grinçaient, le lourd revolver d’ordonnance, le P 38, pendait sur sa hanche, chargé de huit coups, pour le coup de grâce.
    Alte s’avança, la main au casque :
    – Mon lieutenant, le 1 er groupe se présente comme peloton d’exécution. Chaque homme trois balles. Les hommes sont au courant du règlement. Le 1 er groupe se compose de douze hommes et d’un feldwebel.
    Le lieutenant salua de trois doigts au bord du casque et dit d’une voix à peine audible :
    – Merci, Feldwebel.
    En se retournant, il commanda, ce qui n’était pas réglementaire :
    – 1 er groupe, en colonne par un, marche libre, suivez-moi.
    Nous nous sommes trouvés dans la cellule. Le lieutenant Ohlsen mit la main sur l’épaule de Heimz.
    – Du courage, mon garçon, ce sera vite fini. Je vais être obligé de te lier les mains.
    Il tenait un petit bout de corde toute blanche et neuve, munie d’une boucle spéciale qui permettait d’attacher facilement les mains des condamnés. C’était une boucle qui avait demandé de longues recherches.
    Tout à coup, Berner s’effondra. Il tomba si vite qu’on n’eut pas le temps de le retenir. Chacun de nous espéra qu’un arrêt du cœur avait mis fin à sa vie, mais nous n’eûmes pas cette chance.
    Alte et le lieutenant le relevèrent. Ses lèvres tremblaient. Puis vint le cri. Un hurlement de bête qui se répercutait sur les murs et pénétrait dans les cellules où d’autres condamnés à mort attendaient leur tour.
    – Non, je ne veux pas ! Laissez-moi vivre ! Vous ne devez pas, vous ne devez pas !
    H fallut l’empoigner, le traîner le long du corridor. Heide laissa tomber son fusil, Porta eut son casque arraché qui chut jusqu’au dernier étage dans le filet de sécurité où il rebondit comme une balle. Et tous, involontairement, nous le suivions des yeux.
    Je vomis, mais ce n’était que de la bile. Je n’avais rien pu manger depuis que je savais ce qui allait se passer. Porta, hors de lui, m’engueula.
    – Cochon ! Tu m’as sali mes bottes !
    – Silence ! dit le lieutenant qui ne pouvait lui-même garder son calme.
    Des cellules montaient les cris des prisonniers, des cris de rage et de désespoir.
    – Assassins !
    – Soyez maudits !
    – Cochons de fascistes î cria le sous-officier d’aviation qui était communiste.
    Ils se mirent à hurler en mesure et en tapant du pied.
    – Chiens de fascistes ! Chiens de fascistes !
    Nos nerfs flanchaient. Encore un peu, et n’importe quel incident enverrait à la mort douze nouveaux condamnés.
    Le 3 e groupe arriva, encadrant le feldwebel Grün. Blanc comme un linge, M marchait très calme entre deux soldats, lentement, en procession solennelle. Heinz Berner devint complètement fou. L’écume lui perlait aux lèvres, ses yeux exorbités étaient déments.
    – Camarades, laissez-moi ! Au secours !
    Il se débattait avec désespoir et la corde qui liait ses poignets se relâcha. Le lieutenant Ohlsen l’avait mal attachée. Soudain, le lieutenant Ohlsen, lui aussi, perdit la tête. Il se mit à sangloter et s’effondra sur la chaise d’une cellule vide ; ça ferait du vilain pour lui et pour nous lorsque le commandant l’apprendrait. Le bataillon de marche sans aucun doute, mais tout nous devenait égal. Le front n’était guère pire que la garde dans une prison militaire.
    – Je ne veux pas mourir ! criait le garçon de dix-neuf ans. – Il s’accrochait à Alte. – Aide-moi, Vieux, aide-moi !
    Le Vieux essayait de le consoler, mais que pouvait-on dire à un enfant fou de peur devant la mort ?
    Tout à coup, on entendit une voix tranquille et sourde, celle du feldwébel Grün, l’autre condamné à mort.
    – Il ne faut pas avoir peur, disait-il en souriant, ce n’est pas si terrible.
    Heinz Berner regarda avec des yeux égarés son

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