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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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défoncé la porte, puis s’était glissé dans le couloir, et, de là, profitant des montants de fer qui partaient du sol jusqu’à la grande verrière, il avait réussi à grimper sur le toit. La gouttière avait servi d’échelle, puis, à l’aide d’une corde découpée dans un tapis et munie d’un crochet, il s’était hissé au-dessus du mur extérieur de trois mètres de haut. Une véritable corde cette fois Pavait aidé à franchir les six mètres du mur extérieur. Et tout cela s’était passé trois jours avant l’exécution.
    Petit-Frère et Porta, qui étaient de garde, furent immédiatement arrêtés et dûment interrogés. Mais, au bout de quatorze jours, on considéra que le prisonnier avait réussi à se mettre à l’abri.
    Le colonel Vogel envoya promener la Gestapo, mais il expédia notre compagnie dans le bataillon de marche. Après une dure manœuvre punitive qu’il commanda en personne, nous fûmes royalement engueulés. Et ce n’était pas rien lorsqu’il s’agissait du colonel Vogel, manchot.
    Juste avant notre départ, le colonel vint nous souhaiter bon voyage. Il dit au lieutenant Ohlsen ce que l’on dit toujours en ces occasions, et il ne serra qu’une seule main, celle de Petit-Frère.
    –  Vois à t’en sortir, triple idiot !
    Petit-Frère s’épanouit :
    –  A vos ordres, mon colonel.
    Le colonel passa sa main gantée sur ses lèvres minces, tourna les talons et s’en fut. Porta assura qu’il riait.

LE BORDEL DE LA MER NOIRE
    LA ville à moitié abandonnée près de la frontière roumaine avait dû être une jolie petite ville blanche, où les gens étendus sur les terrasses se chauffaient au soleil en regardant la mer Noire.
    La ville se nommait Tjestnanova. C’était jadis un nœud ferroviaire et routier au nord de Velkov, mais des bombardements répétés l’avaient depuis longtemps rendu sans importance. Une bonne moitié de la population se terrait dans les montagnes, ou, au-delà de la frontière, en Roumanie.
    Etant un jour entrés dans une maison, nous pûmes voir à quel point le départ avait été précipité. Sur le sol gisaient encore un soulier à talon haut qui réclamait son frère et aussi un ours en peluche jaune dont la vue bouleversa le Vieux. Il ramassa l’ours.
    – Horrible guerre ! Même pour les enfants.
    Petit-Frère marmonna que les enfants nous importaient peu. Quel drôle de corps était Petit-Frère, parfois si délicat de sentiments, parfois le pire des cyniques. Alte sortit de ses gonds et nous le vîmes tirer son revolver.
    , – Je te préviens, j’en ai assez ! Si jamais tu touches a un enfant, tu auras affaire à moi !
    Le Vieux tourna les talons et sortit en claquant la porte. Le géant nous regarda, stupéfait.
    – Qu’est-ce qu’il lui prend ?
    – Les gosses le rendent fou, dit Porta en montrant l’ours.
    – Ce n’est tout de même pas notre faute, grogna Petit-Frère. Nous aussi on en a sauvé des gosses. Et le home d’enfants ? Et le transport SS de Majdanek ? C’est pas moi qui ai tiré sur le SS pour permettre aux gosses de s’enfuir ? Et c’est pas moi qui ai découpé le cœur du SS pour le donner au chien ?
    – Tu y as même été fort, murmura Porta. Cette fois, c’était trop.
    Nous revîmes l’atroce scène. Cette nuit épouvantable en Pologne, lorsque, en compagnie de neuf partisans polonais, nous étions tombés sur le transport d’enfants. Un des partisans était paraît-il colonel polonais. Horrifié de ce que Petit-Frère faisait à l’officier SS, il avait sorti, pour appuyer sa protestation, des papiers et une photo de lui-même en officier polonais avec cette drôle de casquette carrée qui rappelait la coiffure des uhlans. Nous avions rétorqué en rigolant que nous étions tous généraux. Il s’était fâché rouge, et avait disparu dans les bois, suivi de six partisans et des enfants rescapés. Mais deux partisans étaient restés, des sous-officiers au 3 e régiment d’infanterie polonaise, et ils avaient aidé Petit-Frère à découper le SS. Après, ils pendirent le cadavre mutilé par les pieds. Alte, de toute une semaine, n’adressa pas la parole au géant qui demanda pardon et rendit la chevalière volée au SS. Le Vieux la jeta dans le fleuve et Petit-Frère trouva que c’était joliment bête.
    Dans la petite ville blanche, nous occupions une grande villa, une magnifique villa blanche aussi, sur une hauteur, avec une vue splendide regardant la mer Noire. La

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