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Ben-Hur

Ben-Hur

Titel: Ben-Hur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lewis Wallace
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n’aurait pu, pour sauver sa vie, prononcer une parole.
    Elle était là, debout, les mains jointes, les yeux levés vers le ciel. Se trompait-il donc   ? Une étrangère aurait-elle pu ressembler pareillement à sa mère, à sa mère telle qu’elle était le jour où les Romains la lui avaient arrachée, à cela près que ses cheveux noirs étaient entremêlés de fils d’argent   ? Et là, à côté d’elle, il revoyait Tirzah, aussi belle, quoique plus développée, que lorsqu’elle s’appuyait avec lui sur le parapet de leur palais, pour voir passer Gratien. Il s’était accoutumé à les considérer comme mortes, mais il n’avait cessé de mener deuil sur elles et, n’osant se fier au témoignage de ses sens, il posa sa main sur le bras de la vieille servante en balbutiant   :
    – Amrah   ! dis-moi si c’est bien ma mère…
    – Parle-leur, parle-leur, mon maître, s’écria-t-elle.
    Il se précipita vers elle, les bras étendus, en criant   : « Mère   ! mère, Tirzah   ! c’est moi. » À l’ouïe de sa voix, elles poussèrent une exclamation de bonheur, mais au lieu de s’élancer à sa rencontre, la mère répéta son cri d’alarme accoutumé   :
    – Souillées   ! souillées, Juda, mon fils, arrête, ne nous approche pas.
    Ce n’était pas par habitude seulement qu’elle prononçait ces paroles, mais par crainte que les germes de l’horrible fléau fussent encore attachés à leurs vêtements   ; il ne partageait pas ses terreurs, il ne savait qu’une chose, c’est qu’il la voyait vivante devant lui, et l’instant d’après ils sanglotaient dans les bras l’un de l’autre. Quand le premier moment d’extase fut passé, la mère s’écria   :
    – Ne soyons pas ingrats, mes enfants, à cette heure où la vie recommence pour nous, que notre premier soin soit de rendre grâce à celui qui nous a sauvées.
    Ils s’agenouillèrent tous ensemble, et la prière qui s’échappa des lèvres de la veuve ressemblait à un psaume. Tirzah avait répété mot à mot les paroles de sa mère et Ben-Hur également, mais non pas avec la même simplicité de foi, et quand ils se furent relevés, il ne put s’empêcher de donner essor à ses doutes.
    – À Nazareth, mère, on appelle cet homme le fils du charpentier, et toi, que penses-tu de lui   ?
    Elle le regardait avec des yeux pleins d’une ineffable tendresse et répondit sans hésiter   :
    – C’est le Messie   !
    Ben-Hur n’ajouta rien. Bien qu’il ne pût s’empêcher de s’avouer que les vanités de ce monde ne devaient pas avoir de prix aux yeux d’un homme capable d’accomplir le miracle auquel il venait d’assister, il n’en était pas encore arrivé à renoncer aux espérances qu’il nourrissait depuis tant d’années.
    Bientôt il oublia toutes ses préoccupations pour ne plus songer qu’aux deux femmes, qu’il ne se lassait pas de contempler. Elles ne portaient plus la moindre trace de la terrible maladie   ; leur chair, comme autrefois celle de Naaman, était devenue semblable à celle d’un petit enfant. Tout à coup il se dépouilla de son manteau et le jeta sur les épaules de Tirzah.
    – Garde-le, lui dit-il en souriant, auparavant les regards des étrangers se seraient détournés de toi avec horreur, maintenant je ne veux pas qu’ils puissent t’offenser.
    Il avait, en agissant ainsi, découvert l’épée suspendue à son côté.
    – Sommes-nous en temps de guerre   ? s’écria la mère avec anxiété.
    – Non, mais il sera peut-être nécessaire de défendre le Nazaréen, répondit-il en éludant une partie de la vérité.
    – Il a donc des ennemis   ? Qui sont-ils   ?
    – Hélas   ! mère, ils ne sont pas tous Romains.
    – N’est-il pas Israélite et un homme de paix   ?
    – Personne ne le fut jamais à un tel degré, mais selon les docteurs de la loi et les rabbis, il est coupable d’un grand crime   ; il considère un incirconcis comme aussi digne de sa faveur qu’un Juif, et il prêche une nouvelle doctrine.
    Ils étaient venus s’asseoir à l’ombre de l’arbre près du rocher blanc, et Ben-Hur, bien qu’impatient de ramener sa mère et sa sœur dans leur ancienne demeure, et de leur faire raconter leur histoire, leur démontra la nécessité de se soumettre à ce que la loi exigeait, dans des cas semblables. Il appela son compagnon arabe et lui ordonna d’aller l’attendre près de la porte de Béthesda, après quoi les trois femmes reprirent

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