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Ben-Hur

Ben-Hur

Titel: Ben-Hur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lewis Wallace
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était de constitution plus frêle que lui   ; il portait des vêtements de fin lin blanc   ; une pièce d’étoffe, attachée autour de sa tête par un cordon jaune, retombait par derrière jusque sur son dos, mais ses traits, plus encore que son costume, trahissaient son origine juive. Les signes particuliers aux deux races se retrouvaient sur leurs visages   : la beauté du Romain était sévère et chaste, celle de l’Israélite exubérante et voluptueuse.
    – Ne disais-tu pas que le nouveau gouverneur arrive demain   ?
    Cette question du plus jeune des deux amis était formulée en grec, langage dont on se servait généralement alors dans les cercles cultivés de la Judée.
    – Oui, demain, répondit Messala.
    – Qui te l’a dit   ?
    – J’ai entendu Ismaël, le nouveau grand-prêtre, en parler à mon père. Cette nouvelle m’eût paru plus digne de foi venant même d’un Égyptien ou d’un Iduméen, mais la chose est certaine   : j’ai vu ce matin un centurion qui m’a raconté que l’on fait à la forteresse des préparatifs pour le recevoir. On fourbit les casques et les boucliers, on redore les aigles et l’on ouvre des appartements, fermés depuis longtemps, pour y loger un surcroît de garnison, probablement la garde du grand homme.
    Le teint du jeune Juif se rembrunit, mais il restait silencieux et regardait devant lui d’un air préoccupé.
    – C’est dans ce jardin que nous nous sommes fait nos adieux, continua Messala. T’en souviens-tu encore   ? Tu me dis   : « Que la paix de l’Éternel t’accompagne   ! » et je répondis   : « Que les dieux te gardent   ! » Combien d’années y a-t-il de cela   ?
    – Cinq, répondit le Juif.
    – Quoi qu’il en soit, tu as lieu d’être reconnaissant. Envers qui   ? Envers Dieu   ? Peu importe, tu t’es merveilleusement développé et les Grecs assureraient que tu es beau comme Ganymède. Dis-moi donc, Juda, comment il se fait que l’arrivée du gouverneur soit pour toi d’un si grand intérêt   ?
    Juda tourna ses grands yeux vers le Romain et reprit, sans paraître avoir entendu sa question   :
    – Oui, cinq ans. Je me souviens de nos adieux. Tu t’en allais à Rome. Je te vis partir et je pleurai, car je t’aimais. Maintenant tu es revenu, accompli autant qu’un prince peut l’être, et pourtant je voudrais que tu fusses encore le Messala d’autrefois.
    – Vraiment, tu n’es point un Ganymède, mais plutôt un oracle. Quelques leçons de mon maître de rhétorique, auquel je te recommanderai, quelques pratiques dans l’art des mystères, et Delphes t’accueillera comme si tu étais Apollon lui-même. Sérieusement, ô mon ami, en quoi ne suis-je plus le Messala d’autrefois   ? J’entendis un jour le plus grand logicien du monde. Il parlait de la discussion et il disait, s’il m’en souvient   : « Avant de répondre à ton antagoniste, comprends-le. » Fais-toi comprendre, Juda.
    Le jeune homme rougit sous le regard moqueur qu’il sentait fixé sur lui.
    – Tu as profité des leçons de tes maîtres, tu parles avec aisance, mais tes paroles blessent. Mon Messala, quand il partit, n’avait aucun fiel en lui, il n’aurait pas, pour un empire, heurté les sentiments d’un ami.
    Le Romain sourit, comme s’il venait de recevoir un compliment, et redressa sa tête de patricien.
    – Ô mon solennel Juda, nous ne sommes pas à Dodone. Abandonne ce ton d’oracle et parle clairement. En quoi t’ai-je blessé   ?
    – Moi aussi, durant ces années, j’ai appris quelque chose, dit Juda. Hillel peut ne pas être l’égal du logicien que tu as entendu, et Siméon et Shammaï sont sans doute inférieurs à tes maîtres du Forum, mais leur enseignement ne s’égare pas dans des sentiers défendus. Ceux qui s’asseyent à leurs pieds se relèvent riches de la connaissance de Dieu, de la loi et de l’histoire d’Israël et pleins d’amour pour eux. Ils m’ont fait comprendre que la Judée n’est plus ce qu’elle fut un jour   ; je sais quelle distance sépare un royaume indépendant de la province qu’elle est devenue. Je serais plus vil et plus bas qu’un Samaritain si je ne ressentais pas la dégradation de ma patrie. Ismaël n’est pas légalement souverain pontife, il ne saurait l’être tant que vit le noble Anne.
    – Je comprends, Ismaël, selon toi, est un usurpateur. Par le fils de Sémélé, vous êtes tous les mêmes   ! Les hommes et les choses, même le ciel

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