Ben-Hur
l’orientale.
– Un mot encore, dit Hérode, quand cette cérémonie fut terminée : Vous me paraissez, ô hommes illustres, être réellement les hérauts du Christ ; sachez donc que cette nuit même j’ai consulté les docteurs les plus versés dans la connaissance des écritures qui concernent le peuple juif. Ils s’accordent à dire que c’est à Bethléem qu’il doit naître. Allez et informez-vous soigneusement, touchant le petit enfant, et quand vous l’aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que j’y aille aussi et que je l’adore. Il ne sera mis aucun obstacle à votre sortie d’ici. Que la paix soit avec vous !
Et drapant sa robe autour de lui, il quitta la salle. Aussitôt le guide parut pour les reconduire au caravansérail. Arrivé à la porte, le Grec s’écria avec impétuosité :
– Allons aussitôt à Bethléem, ainsi que nous l’a conseillé le roi, ô mes frères !
– Oui, cria l’Indou, allons !
– Qu’il en soit ainsi, dit Balthasar, les chameaux sont prêts à partir.
Ils firent un présent à l’intendant, montèrent sur leurs chameaux et s’éloignèrent, après s’être informés du chemin à suivre pour gagner la porte de Jaffa. Ils la trouvèrent grande ouverte et prirent la route suivie peu de temps auparavant par Joseph et Marie. Lorsqu’ils eurent atteint la plaine de Rephaïm, une lumière apparut dans le ciel, d’abord pâle et lointaine, puis si brillante qu’ils fermèrent leurs yeux, éblouis par sa clarté. Quand ils les rouvrirent, l’étoile marchait devant eux et, la voyant, ils joignirent leurs mains et louèrent Dieu.
– Il est avec nous ! répétaient-ils avec des cris de joie, tandis que l’étoile, après s’être élevée au-dessus de la vallée qui s’étend au-delà de Mar Elias, s’arrêtait devant une maison à l’entrée de Bethléem.
C’était la troisième veille de la nuit. De Bethléem on voyait poindre l’aurore à l’orient, mais dans la vallée l’ombre régnait encore. Le veilleur placé sur le toit de la vieille hôtellerie frissonnait à l’air froid du matin et soupirait après le plein jour, quand il aperçut une lumière qui s’avançait vers lui. Il crut d’abord à l’approche de quelqu’un portant une torche allumée, puis il pensa qu’il s’agissait d’un météore, mais quand il eut découvert que c’était une étoile qui semblait marcher, noyant tous les objets environnants dans un flot de lumière radieuse, il cria, pris de terreur, pour avertir les habitants de la maison. Aussitôt chacun accourut pour observer le phénomène. Les uns, prosternés en terre, priaient en cachant leur visage, les autres jetaient entre leurs doigts de furtifs regards sur l’étoile, arrêtée maintenant au-dessus de la maison qui servait de porte à la caverne où le Christ était né. Les mages, pendant ce temps, arrivaient à l’hôtellerie. Ils descendirent de leurs chameaux et appelèrent l’intendant. Quand celui-ci eut suffisamment dominé sa frayeur, il vint leur ouvrir. Les trois chameaux semblaient autant de fantômes, éclairés qu’ils étaient par cette lumière surnaturelle, et sur le visage des trois hommes se peignait une joie si ineffable qu’il recula, incapable de leur répondre.
– Est-ce bien ici Bethléem de Judée ? disaient-ils.
Mais d’autres personnes s’étant jointes à lui, il reprit assez de courage pour dire :
– Non, ce n’est que l’hôtellerie, la ville est située plus loin.
– N’y a-t-il point ici d’enfant nouveau-né ?
Les assistants se regardaient les uns les autres, quand une voix cria :
– Oui, oui.
– Menez-nous auprès de lui, s’écria le Grec avec impatience.
– Menez-nous auprès de lui, s’écria Balthasar oubliant sa gravité habituelle, car nous avons vu son étoile, celle-là même que vous voyez arrêtée sur cette maison, et nous sommes venus pour l’adorer.
– En vérité, ajoutait l’Indou, Dieu est grand et nous avons trouvé le Sauveur !
Tous ceux qui étaient sur le toit descendirent ; ils s’apprêtaient à suivre les étrangers, mais à la vue de l’étoile, quelques-uns, saisis d’effroi, s’en retournèrent aussitôt. Comme ils approchaient du rocher, l’astre se remit en mouvement ; quand ils atteignirent la porte de la caverne, il était déjà très haut dans le ciel ; lorsqu’ils furent entrés, il avait disparu aux regards. Une lanterne éclairait
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