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Ben-Hur

Ben-Hur

Titel: Ben-Hur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lewis Wallace
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je riais, tandis que les autres priaient, car la mort aurait été pour moi la délivrance. Après chaque coup de rame j’essayais d’effacer de ma mémoire ce souvenir qui me hante. Pense à ce qu’il faudrait peu de chose pour me soulager. Dis-moi au moins qu’elles sont mortes, vivantes elles ne sauraient être heureuses, puisqu’elles m’ont perdu. La nuit, je les entends m’appeler, je les vois marcher sur les flots. Oh   ! jamais rien n’égala l’amour de ma mère   ! Et Tirzah, mon beau lis blanc, elle était la plus jeune des branches du palmier, si fraîche, si tendre, si gracieuse   ! Elle faisait de mes jours une fête perpétuelle. Sa voix était une musique et c’est ma main qui les a précipitées dans le malheur   !
    – Avoues-tu ton crime   ? demanda Arrius d’un ton sévère.
    Le changement qui se produisit en Ben-Hur fut aussi soudain que complet. Sa voix devint dure, ses mains se crispèrent, chacun de ses nerfs semblait vibrer, ses yeux étincelaient.
    – Tu as entendu parler du Dieu de mes pères, de Jéhovah, dit-il. Je te jure par sa fidélité, par sa puissance infinie et par l’amour qu’il a toujours témoigné à Israël, que je suis innocent.
    Le tribun paraissait ému.
    – Ô noble Romain, continua Ben-Hur, donne-moi un peu d’espoir, fais luire une lueur légère dans la nuit, toujours plus profonde, qui m’environne.
    Arrius se détourna et fit quelques pas sur le pont.
    – Ton cas n’a-t-il pas fait le sujet d’une enquête   ? demanda-t-il en s’arrêtant tout à coup.
    – Non   !
    Le Romain fit un geste de surprise   ; jamais les Romains n’avaient professé autant de respect pour les lois et les apparences de la légalité, qu’à l’époque de leur décadence.
    – Comment   ? Pas d’enquête, pas de témoins   ? Qui donc a prononcé ton jugement   ?
    – Ils me lièrent avec des cordes et me jetèrent dans un des caveaux de la forteresse. Je ne vis personne et personne ne m’interrogea. Le jour suivant, des soldats m’emmenèrent jusqu’à la mer. Dès lors, j’ai été esclave à bord d’une galère.
    – Quelles preuves de ton innocence aurais-tu pu fournir   ?
    – J’étais trop jeune, alors, pour être déjà conspirateur. Gratien était pour moi un étranger, si j’avais eu la pensée de le tuer, je n’aurais choisi ni ce lieu, ni ce moment   ; il chevauchait au milieu d’une légion et il faisait grand jour, je n’aurais donc pu m’échapper. J’appartenais à un parti bien disposé envers les Romains. Mon père s’était signalé par des services rendus à l’empereur. Nous avions de grands biens à perdre, la ruine était certaine pour moi, pour ma mère, pour ma sœur. Je n’avais pas de cause personnelle d’en vouloir au gouverneur   ; toutes les considérations de fortune et de famille, l’instinct de la conservation, ma conscience, la loi, qui est pour tout Israélite comme l’air qu’il respire, se seraient liguées pour arrêter ma main, au cas où j’aurais nourri l’idée d’un crime. Je n’étais pas un insensé et alors, comme aujourd’hui, crois-moi, tribun, la mort m’eût paru préférable à la honte.
    – Qui se trouvait avec toi, quand le coup fut porté   ?
    – J’étais sur le toit de la maison de mon père avec ma sœur, la douce Tirzah. Ensemble, nous nous penchions sur le parapet, pour voir défiler la légion. Une brique se détacha sous ma main et tomba sur Gratien. Je crus l’avoir tué   ! Ah   ! quelle horreur me saisit   !
    – Où était ta mère   ?
    – Dans ses appartements.
    – Qu’ont-ils fait d’elle   ?
    Ben-Hur serra ses mains l’une contre l’autre.
    – Je n’en sais rien. Je les ai vus l’emmener et puis c’est tout   ! Ils chassaient de la maison tous les êtres vivants qui s’y trouvaient, évidemment ils entendaient qu’elle n’y revînt pas. Moi aussi je demande   : « Qu’ont-ils fait d’elle   ? » Oh   ! qui me le dira   ? Elle, du moins, était innocente. Je pourrais pardonner… mais, noble tribun, j’oublie qu’il n’appartient pas à un esclave de parler de pardon ou de vengeance. Je suis enchaîné à une rame pour la vie.
    Arrius, qui l’avait écouté avec une attention intense, consultait ses souvenirs et l’expérience qu’il avait des esclaves. Si les sentiments que celui-ci exprimait étaient feints, il jouait son rôle à la perfection. D’un autre côté, si ce qu’il disait était vrai, on ne

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