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Ben-Hur

Ben-Hur

Titel: Ben-Hur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lewis Wallace
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tout à coup et vit le rameur s’avancer vers lui.
    – Le chef t’a nommé le noble Arrius et m’a dit que ta volonté était que je me rendisse auprès de toi. Me voici donc.
    Arrius jeta un regard d’admiration sur la fière tournure de l’esclave, la vue de sa taille souple et de ses membres musculeux le fit songer aux arènes. Le son de sa voix dénotait clairement qu’il avait vécu dans un milieu raffiné, ses yeux limpides et francs exprimaient plus de curiosité que de méfiance. Il soutenait l’examen du maître sans que son visage perdît rien de sa grâce juvénile   ; on n’y lisait ni désir de se plaindre, ni menaces   ; on comprenait seulement, à le voir, qu’un grand chagrin avait passé sur lui. Le Romain, comme pour reconnaître tout ce que son maintien avait de louable, se mit à lui parler ainsi qu’un homme âgé parle à un adolescent, et non point en maître s’adressant à un esclave.
    – Ton chef me dit que tu es son meilleur rameur.
    – Le chef est bon, répondit le jeune homme.
    – Es-tu au service depuis longtemps   ?
    – Depuis trois ans.
    – Et tu les as toujours passés aux rames   ?
    – Je ne me souviens pas d’avoir eu jamais un jour de repos.
    – C’est un rude travail   ; peu d’hommes peuvent l’accomplir durant une année entière sans y succomber, et toi tu n’es guère encore qu’un jeune garçon.
    – Le noble Arrius oublie que la force de l’âme fait celle du corps. Grâce à elle, les faibles résistent parfois là où les forts succombent.
    – À en juger à ta manière de t’exprimer, tu es Juif   ?
    – Mes ancêtres, bien avant l’existence des premiers Romains, furent des Hébreux.
    – L’orgueil invétéré de ta race ne s’est pas perdu en toi, dit Arrius, qui avait vu un éclair de fierté passer dans les yeux du jeune homme.
    – L’orgueil ne parle jamais si haut que lorsqu’il est dans les fers.
    – Quelles sont tes raisons d’en avoir   ?
    – Le fait que je suis Juif.
    Arrius sourit.
    – Je ne suis jamais allé à Jérusalem, dit-il, mais j’ai entendu parler de ses princes. J’ai même connu l’un d’entre eux. Il était marchand et il aurait été digne d’être roi. Quel est ton rang   ?
    – C’est du banc d’une galère que je dois te répondre, j’appartiens donc à la classe des esclaves, mais mon père était prince de Jérusalem et ses vaisseaux sillonnaient les mers. Lui-même était connu et honoré parmi les hôtes du grand Auguste.
    – Quel était son nom   ?
    – Ithamar, de la maison d’Hur.
    Dans son étonnement, Arrius leva les bras au ciel.
    – Un fils d’Hur, toi   ? Qu’est-ce qui t’a amené ici   ?
    Juda baissa la tête, respirant avec peine. Revenu suffisamment maître de lui, il regarda le tribun en face et répondit   :
    – J’ai été accusé d’avoir voulu assassiner Valère Gratien, le procurateur.
    – C’est toi   ! s’écria Arrius, de plus en plus stupéfait, c’est toi qui es cet assassin   ! Tout Rome a retenti de cette histoire, je l’ai apprise à bord de mon bateau, dans les mers du Nord.
    Ils se regardèrent un moment en silence.
    – Je croyais ta famille anéantie, reprit Arrius.
    Un flot de souvenirs tendres envahit le cœur du jeune homme, en submergeant son orgueil   ; des larmes jaillirent de ses yeux.
    – Mère, mère, et toi, ma petite Tirzah   ! Où êtes-vous   ? Ô tribun, noble tribun, si tu sais quelque chose d’elles, dis-le moi   ! s’écria-t-il en joignant les mains avec un geste suppliant. Dis-moi tout ce que tu sais   ! Vivent-elles encore, et si elles vivent, où se trouvent-elles   ? Dis-le-moi, je t’en supplie   !
    Il s’était rapproché d’Arrius, tout en parlant, et il se trouvait maintenant si près de lui qu’il touchait son manteau.
    – Trois ans ont passé depuis cette horrible journée, continua-t-il, trois ans, ô tribun, et chacune de leurs heures ont été des heures de misère   ; ma vie s’est écoulée dans un abîme sans fond comme la mer, sans autre répit que le travail. Durant tout ce temps, personne ne m’a adressé la parole, pas même à voix basse. Oh   ! si, lorsqu’on nous oublie, nous pouvions oublier à notre tour   ! Si je pouvais échapper au souvenir de cette scène, ne plus voir ma mère, ma sœur, traînées loin de moi   ! J’ai senti le souffle de la peste et le choc des vaisseaux dans les combats, j’ai entendu la tempête hurler sur les vagues, et

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