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Ben-Hur

Ben-Hur

Titel: Ben-Hur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lewis Wallace
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ce jugement pût être jamais soumis à révision, il fit disparaître les membres de la famille de Hur. Il envoya le fils, que j’avais vu enfant, aux galères   ; quant à la veuve et à sa fille, on suppose qu’elles ont été jetées en prison, dans l’un ou l’autre de ces donjons de Judée, d’où l’on ne sort pas plus que d’une tombe. Elles sont perdues pour le monde aussi complètement que si la mer les avait englouties. Je n’ai pu apprendre comment elles sont mortes, ni même m’assurer de leur mort… Tu pleures, Esther. Cela prouve que ton cœur est bon, comme l’était celui de ta mère, et ma prière est qu’il ne soit jamais foulé aux pieds par les hommes, comme l’ont été tant de tendres cœurs ici-bas. Mais je poursuis. Je me rendis à Jérusalem, dans l’espoir de secourir ma bienfaitrice. À la porte de la ville, je fus arrêté et jeté dans un des cachots de la tour Antonia   ; je ne compris la raison de mon arrestation que lorsque Gratien lui-même vint me demander de lui livrer l’argent des Hur, qui devait, selon lui, se trouver dans mes mains. Je refusai. Il avait bien pu prendre ses maisons et ses propriétés, je ne voulais pas qu’il eût encore ses millions, car je me disais que si je demeurais dans les faveurs du Seigneur, il me serait possible de relever la fortune de sa famille. Le tyran me fit mettre à la torture, mais je tins bon et il me rendit à la liberté sans avoir rien obtenu de moi. Je revins ici et je reconstituai la maison de commerce, en substituant le nom de Simonide d’Antioche à celui du prince Hur. Tu sais, Esther, qu’elle a prospéré entre mes mains et que les millions du prince se sont merveilleusement multipliés   ; tu sais aussi que trois ans plus tard, comme je me rendais à Césarée, Gratien se saisit de moi une seconde fois et me mit encore à la torture pour me faire avouer qu’il avait le droit de s’emparer de mon coffre-fort et de mes marchandises, et tu n’ignores pas qu’il échoua dans son dessein. Brisé de corps, je retournai chez moi, pour y trouver ma Rachel morte de chagrin. Le Seigneur règne et moi je vécus. J’achetai de l’empereur lui-même une licence, m’autorisant à trafiquer dans le monde entier, et aujourd’hui, – gloire à Celui qui fait des vents ses messagers, – la fortune confiée à ma direction suffirait pour enrichir un César.
    Il releva fièrement la tête et leurs yeux se rencontrèrent.
    – Que ferai-je de cet argent, Esther   ?
    – Mon père, répondit-elle à voix basse, son propriétaire légitime ne l’a-t-il pas réclamé tout à l’heure   ?   :
    – Et toi, mon enfant   ! Te laisserai-je devenir une mendiante   ?
    – Père, je suis ta fille, et, par cela même, son esclave. Il est dit de la femme vertueuse   : « Elle est revêtue de force et de gloire et se rit de l’avenir. »
    – Le Seigneur a été bon envers moi de bien des manières, dit-il, en la considérant avec un amour ineffable, mais toi, Esther, tu es pour moi le couronnement de tous ses bienfaits.
    Il l’attira sur sa poitrine et l’embrassa à plusieurs reprises.
    – Sache maintenant, continua-t-il, pourquoi je riais tout à l’heure. Quand ce jeune homme parut devant moi, je crus revoir son père dans tout l’éclat de sa jeunesse. Mon cœur s’élançait à sa rencontre, et je compris que les jours de ma tribulation sont passés, que mon labeur est terminé. Ce n’est qu’avec peine que je pus réprimer un cri de joie. J’aurais voulu le prendre par la main, lui montrer mes comptes et lui dire   : « Tout cela est à toi, et moi je suis ton serviteur, prêt, désormais, à m’en aller. » Je l’aurais fait, Esther, si, à ce moment même, trois considérations ne m’avaient retenu. Je veux être certain qu’il est le fils de mon maître, me suis-je dit tout d’abord, et s’il l’est réellement, je veux savoir quelles sont ses dispositions. Parmi ceux qui naissent pour être riches, combien n’en est-il pas entre les mains desquels la fortune n’est qu’un instrument de malédiction   ?
    Il s’arrêta un instant, puis il s’écria d’une voix que la passion faisait trembler   :
    – Esther   ! songe à tout ce que j’ai souffert de la main des Romains, non seulement de celle de Gratien, mais encore de celle de ses bourreaux, qui se riaient de mes cris. Vois mon corps brisé et pense à la tombe solitaire de ta mère, réfléchis aux souffrances des membres de la

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