Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Ben-Hur

Ben-Hur

Titel: Ben-Hur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lewis Wallace
Vom Netzwerk:
attention   ; puis il s’arrêta pour regarder un taureau blanc, à la puissante encolure, couvert de sarments chargés de grappes. Il portait sur son dos un enfant nu, image du jeune Bacchus, qui pressait dans une coupe le fruit de la vigne et faisait des libations, selon les formules consacrées. Lorsqu’il se remit en marche, il se demandait avec curiosité sur quels autels ces offrandes seraient déposées. Bientôt il s’intéressa aux cavaliers et aux chariots qui le dépassaient, puis il se mit à observer la foule de ses compagnons de route.
    Cette foule était composée de personnes de tout âge et de toute condition. Elles passaient presque toutes par groupes. Certains de ces groupes étaient vêtus de blanc, les autres de noir   ; il y en avait qui cheminaient lentement, en chantant des hymnes, ou qui marchaient, au contraire, d’un pas léger, au son d’une musique de fête. Si tel était tous les jours l’aspect de ceux qui se rendaient à Daphné, que serait donc celui des bosquets mêmes   ?
    Des cris de joie éclatèrent. Ben-Hur suivit des yeux la direction de beaucoup de mains tendues   ; il vit, au sommet d’une colline, le portique d’un temple, placé à l’entrée du bocage sacré. Les hymnes retentissaient plus ferventes, la musique accélérait sa mesure. L’enthousiasme général se communiquait à lui, comme à son insu, et, lorsque après avoir passé sous le portique, il se trouva sur une large esplanade dallée, il fut tenté, malgré le raffinement de ses goûts de Romain, de se joindre aux exclamations de la foule à la vue d’un jardin délicieux qui se perdait au loin, dans une forêt à demi voilée par des vapeurs, d’un bleu pâle idéalement doux. Il traversa ce jardin, plein de fleurs, de jets d’eau et de statues, autour desquelles dansaient des hommes et des femmes se tenant enlacés. À la suite de la procession, il entra dans un des bosquets. Il avançait, sans même demander où ils allaient, mais avec l’impression vague qu’ils finiraient par arriver aux temples qui devaient former, pensait-il, l’attraction suprême de Daphné.
    La vie était-elle vraiment si douce dans ces bosquets   ? se demandait-il, en songeant au refrain qu’il entendait répéter autour de lui   : « Mieux vaut être un ver et se repaître des mûriers de Daphné que de s’asseoir au festin d’un roi ». En quoi consistait ce charme irrésistible, auquel cédaient chaque année des milliers de personnes, qui abandonnaient le monde pour se retirer dans ces lieux   ? Était-il donc assez puissant pour effacer le souvenir des misères souffertes et faire oublier les choses du passé, douces ou amères   ? Et si tant d’âmes trouvaient là le bonheur, ne pourrait-il l’y découvrir également   ?
    À mesure qu’il avançait dans l’épaisseur des bosquets, l’air lui paraissait plus parfumé.
    – Y a-t-il un jardin là-bas   ? demanda-t-il à un homme qui marchait à côté de lui, en indiquant de la main la direction d’où venait la bise.
    – Je crois plutôt qu’on offre un sacrifice à Diane ou à Pan, ou à quelque autre divinité des bois.
    Ben-Hur jeta un regard d’étonnement à cet homme, qui venait de lui parler dans sa langue maternelle.
    – Tu es Hébreu, lui dit-il.
    – Je suis né à un jet de pierre de la place du Marché, à Jérusalem, répondit-il avec un sourire de déférence.
    Ben-Hur se préparait à continuer la conversation avec cet inconnu, mais une poussée de la foule les sépara. Un sentier s’ouvrait à cet endroit devant lui   ; il s’y engagea, heureux d’échapper aux flots de la procession, et s’enfonça dans un fourré, qui semblait, de loin, être à l’état sauvage, mais où l’on apercevait vite les traces de la main d’un maître. Les buissons et les arbres dont il se composait portaient tous des fleurs ou des fruits   ; il reconnaissait le parfum des lilas, des jasmins et des lauriers roses, qu’il avait vus fleurir, autrefois, dans les vallées, autour de la cité de David. Il entendait roucouler près de lui des tourterelles   ; des merles sautillant sur le sentier semblaient l’attendre et lui souhaiter la bienvenue   ; un rossignol chantait sur une branche, à portée de sa main, et ne s’envola pas à son approche   ; une caille passa à côté de lui à la tête de sa couvée, sans que sa présence parût la troubler. Il s’assit au pied d’un citronnier, dont les racines plongeaient dans un

Weitere Kostenlose Bücher