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Berlin 36

Berlin 36

Titel: Berlin 36 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alexandre Najjar
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Arnos Hellmis, qui couvrait l’événement pour la radio allemande, se mit à crier : «  Steh auf , Max, relève-toi ! » Mais Max ne se releva pas. Constatant que l’Allemand n’était plus en mesure de reprendre le combat, l’arbitre l’aida à se rasseoir, tandis que le ring était envahi par les soigneurs et les entraîneurs des deux camps. Harry Balagh fit alors son apparition et annonça au public que Joe Louis avait gagné. Le combat n’avait duré que cent vingt-quatre secondes, cent vingt-quatre secondes au cours desquelles Max Schmeling s’était écroulé trois fois ! Hellmis rendit l’antenne, plongeant dans la frustration des millions d’Allemands. Restée seule à Berlin, Mme Schmeling éclata en sanglots.
    Fou de joie, Jesse Owens bondit hors de son siège et, avec la foule en délire, acclama le héros du jour qui, comme lui aux jeux Olympiques, avait lavé l’honneur des Noirs. En sortant du Yankee Stadium, il croisa Duke Ellington et le salua chaleureusement.
    — Belle victoire, hein ? fit Jesse.
    — Je n’ai rien vu, lui avoua le jazzman en riant. Au moment de m’asseoir, j’ai fait tomber mon chapeau. Le temps de le ramasser, le combat était déjà fini !
    *
    Quelques jours plus tard, le 4 juillet 1938, Jesse Owens retrouva Joe Louis à l’occasion d’une course de gala programmée durant la mi-temps du match opposant les Chicago American Giants aux Birmingham Black Barons. Le boxeur semblait radieux, comme s’il savourait encore la victoire historique qu’il avait remportée. Les deux hommes se donnèrent fraternellement l’accolade.
    — Tu me laisseras gagner, hein ? fit Joe en clignant de l’oeil.
    — On verra, répliqua, l’air mystérieux, le champion olympique en ôtant son survêtement.
    Autour d’eux, la foule s’impatientait, curieuse d’assister à cette course bizarre qui opposait sur 60 yards le plus grand boxeur de tous les temps au coureur le plus rapide de l’histoire. Décontractés, les deux sportifs se chambraient, posaient pour les photographes, sans jamais se prendre au sérieux.
    —  Runners, on your marks  ! commença le starter en brandissant un petit pistolet.
    Jesse Owens et Joe Louis s’accroupirent, le sourire aux lèvres, et, dès que le coup de feu retentit, s’élancèrent. Le premier distança rapidement le second, beaucoup moins agile, mais, à quelques mètres de l’arrivée, il feignit une crampe et ralentit pour lui offrir la victoire. Le public applaudit en riant.
    — Tu cours drôlement bien, champ , fit Jesse en posant une main sur l’épaule de Joe Louis.
    —  Yeah , murmura le boxeur qui, cassé en deux, les mains posées sur ses cuisses, ahanait comme un cheval.
    — La prochaine fois, pas de quartier !
    Joe Louis releva la tête, un sourire narquois aux lèvres.
    — Je n’y vois pas d’inconvénient, Jesse. A condition que je puisse prendre ma revanche sur le ring !
    Jesse Owens s’esclaffa :
    — Si c’est pour me bouffer comme tu as bouffé Max Schmeling, non merci !
    1 - Pesant 193 livres, portant un short pourpre, compétiteur exceptionnel pour le titre des poids lourds, l’ancien détenteur de ce titre, Max… Schmeling !
    2 - Pesant 198,75 livres, portant un short noir, le fameux Bombardier brun de Detroit, le champion du monde des poids lourds… Joe Louis !

7
    Où l’on assiste à une tragédie sicilienne
    La tempête faisait rage. La pluie tombait à verse, un vent violent soufflait sur la Sicile, emportant tout sur son passage. Au loin, l’Etna paraissait plus menaçant que jamais, enveloppé d’une brume épaisse. Luz Long coiffa son casque et observa les positions allemandes. L’état-major avait prévenu qu’une attaque alliée était possible sur l’île, mais les intempéries rendaient cette éventualité hautement improbable. Du reste, la configuration du pays paraissait défavorable aux assaillants : les routes étaient sinueuses et étroites, les carrefours dominés par des collines propices aux embuscades, la plupart des plages inaccessibles en raison des nombreux hauts-fonds…
    Luz Long regarda autour de lui. Ses compagnons d’armes paraissaient calmes, convaincus, eux aussi, que les Alliés ne tenteraient rien par temps orageux. Rassuré, il pénétra dans sa tente et sortit un calepin de son havresac. Il griffonna quelques mots à l’adresse de sa famille, restée en Allemagne, contempla la photo de son petit garçon, Karl, qu’il n’avait vu que

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