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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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mis autour de mon cou.
    – Bien ! dit le vieillard avec une sombre satisfaction. Je vous demande donc tout d’abord de ne jamais lui révéler, à elle, ce qui s’est passé entre nous.
    – Je vous le jure…
    – Ceci, dans le cas où un hasard vous remettrait en sa présence. Mais je vous demande maintenant de ne pas chercher à la revoir, moi vivant.
    Ragastens eut une seconde d’hésitation.
    – Je vous le jure, dit-il enfin. Vous avez acquis sur moi des droits dont vous usez cruellement, monsieur !
    – J’en use avec clémence, répondit le vieillard.
    Mais, se remettant aussitôt, il poursuivit :
    – Monsieur, dans l’abominable situation que vous m’avez faite, je n’ai pu songer à un duel que vous n’auriez pas accepté. Cependant, votre vie m’appartient.
    – Elle est à vous, dit Ragastens fermement.
    – Si votre vie est à moi, reprit le prince avec une froideur glaciale, j’ai donc le droit d’en disposer à mon gré ?…
    – Oui, monsieur.
    – Eh bien, voici ce que j’ai résolu : à notre prochaine rencontre avec César Borgia, vous vous ferez tuer…
    Ragastens tressaillit. Il eut une révolte instinctive. Mais sourdement, il répondit :
    – Je me ferai tuer !
    Le vieux Manfredi eut un regard d’admiration pour l’homme qui, sur un ton aussi simple, faisait une aussi formidable réponse.
    – J’ai votre parole, dit-il.
    Ragastens fit un signe de tête.
    Ragastens salua profondément le vieillard et sortit.

LII – CAPRERA
 
    La fureur de César fut grande lorsque ses envoyés lui rapportèrent la réponse du prince Manfredi.
    – Tu vois à quoi tu m’exposes, dit-il aigrement à Lucrèce qui assistait à l’entretien.
    Lucrèce ne répondit pas. Elle méditait, cherchant à deviner ce qui avait pu se passer.
    – Ce sont des hommes de fer ! dit-elle enfin à César. J’aurais dû me douter… Mais tout n’est pas perdu !
    – Que veux-tu dire ?
    – Laisse-moi faire… Je retourne à Monteforte.
    – Tu finiras par te faire prendre !
    Lucrèce haussa les épaules.
    – Donne-moi quatre hommes sûrs et solides, dit-elle simplement.
    César fit venir un officier et lui désigna quatre de ses gardes personnels.
    – Je vais jouer la suprême partie, dit alors Lucrèce. En cas de victoire, il y aura double profit : pour toi et pour moi.
    – Parle clairement.
    – C’est inutile. Tu verras… Un mot seulement. Quand comptes-tu donner l’assaut ?
    – Dans trois ou quatre jours : dès que ma blessure me permettra de monter à cheval…
    – Bien ; cela me suffit.
    Et malgré tout ce que put dire César, Lucrèce refusa de s’expliquer davantage.
     
    À Monteforte, depuis la scène qu’il avait eue avec le prince Manfredi, Ragastens se tenait renfermé chez lui. Il n’avait trouvé que ce moyen de tenir parole au prince.
    Pendant ces terribles journées, l’existence de Ragastens fut une longue agonie. Un soir, Spadacape lui annonça que le bruit courait par la ville qu’on allait se battre le lendemain matin, que des mouvements avaient été remarqués dans l’armée de César et que l’assaut était prévu…
    – Enfin ! soupira le jeune homme.
    – Qu’avez-vous donc, monsieur le chevalier ? demanda Spadacape. Vous ne mangez plus. Vous ne dormez plus. Vous maigrissez à vue d’œil… Je suis sûr qu’on vous a jeté le mauvais œil.
    – Tu crois ?…
    – Dame ! Comment expliquer un si grand changement ?…
    – Tu as peut-être raison. En attendant, fourbis mes armes pour demain.
    – Vous irez donc vous battre tout de même ?… Malgré le mauvais œil ?…
    – En quoi veux-tu que cela m’empêche d’aller me battre ?…
    – C’est que… si on vous a jeté le mauvais œil, vous périrez infailliblement à la première affaire !
    – Raison de plus, alors !…
    Spadacape ne comprit pas et demeura ébahi. Mais, sur un signe de son maître, il se retira en hochant la tête.
    Pendant ce temps, Béatrix était dévorée d’inquiétude. Le lendemain de sa dernière entrevue avec Ragastens, elle s’était rendue, comme d’habitude, à son banc de prédilection.
    Comme d’habitude, le prince Manfredi lui avait tenu compagnie pendant une heure. Et rien, dans les paroles ou l’attitude du vieillard, n’avait pu révéler ses préoccupations intimes.
    Puis, Manfredi s’était retiré – ou avait feint de se retirer. De loin, il guetta Béatrix. Ragastens ne vint pas.
    Primevère, rentrée chez

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