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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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elle, se posa mille fois cette question torturante : « Pourquoi n’est-il pas venu ?… »
    Le lendemain soir et les jours suivants, les mêmes scènes se reproduisirent. L’inquiétude de la jeune princesse allait grandissant.
    Un soir, comme elle était au jardin, seule, rongée d’inquiétude, le prince Manfredi et le comte Alma se présentèrent tout à coup devant elle.
    – Nous partons ! dit le prince d’une voix émue.
    Et le comte Alma ajouta :
    – Nos gardes avancées nous apportent à l’instant la nouvelle que de grands mouvements se font dans le camp de César. Il est certain qu’il y aura demain matin une nouvelle attaque. Il faut que nous soyons cette nuit même au camp… Adieu, mon enfant… Nous avons le ferme espoir que César sera encore repoussé…
    Le comte serra sa fille dans ses bras. Primevère était devenue très pâle. Comme le prince Manfredi s’avançait à son tour pour lui faire ses adieux, elle prit la résolution de savoir, de faire tomber l’effrayante incertitude…
    – Je suppose, dit-elle d’une voix éteinte, que tous nos guerriers sont déjà à leur poste ?
    – Tous ! répondit Manfredi, Ricordo, Trivulce, Malatesta, Orsini… Tous !…
    – Et monsieur de Ragastens ?…
    À peine eut-elle prononcé ce nom que son visage s’empourpra puis, l’instant d’après, prit cette teinte plombée que donne la fièvre.
    – Le chevalier de Ragastens ? interrogea le comte.
    Mais Manfredi lui serra vivement la main, dans l’ombre. Et, d’une voix très calme en apparence, il répondit :
    – Le chevalier est en mission depuis plusieurs jours…
    – Mission dangereuse, peut-être ? demanda-t-elle, presque mourante.
    – Oui ! fit le prince durement, mission dangereuse où, sans doute, il laissera la vie !… Adieu, princesse !…
    Et il s’éloigna brusquement, suivi du comte Alma. Il bouillait. Il étouffait.
    Primevère avait reculé en chancelant et alla tomber sur un banc, le visage dans les mains, toute secouée de sanglots. Puis ses sens se troublèrent, ses yeux se voilèrent et elle se renversa en arrière, évanouie.
    Lorsqu’elle revint à elle, Primevère vit se pencher sur son visage une figure qui lui était étrangère. Une femme était là, devant elle. Cette femme portait le costume des paysannes aisées des environs de Monteforte.
    – Ah ! s’écria la femme, vous revenez à vous, enfin !…
    – Qui êtes-vous ? demanda Primevère.
    – Une contadine des environs, signora.
    – Que voulez-vous ?
    – Je cherche la signora Béatrix… L’auriez-vous rencontrée ?… J’ai une mission très pressée à lui faire…
    – C’est moi, dit Béatrix… parlez !
    – C’est vous la signora Béatrix ?… Oh ! que je suis heureuse !… Il y a si longtemps que je désirais vous voir !… Dans le pays, on dit que cela porte bonheur aux fiancées comme moi de toucher votre robe !…
    Primevère ne put s’empêcher de sourire.
    – Vous disiez que vous avez une mission pour moi ?
    – Oui, signora, pour vous ! Et on m’a bien recommandé de vous parler de façon que nul ne puisse entendre…
    – Parlez… Nous sommes à l’abri. Qui vous envoie ?
    – Un jeune homme beau, fier et brave… mais qui porte un nom bizarre, un nom étrange…
    – Le chevalier de Ragastens ! s’écria Primevère.
    – C’est cela même, fit la paysanne.
    – Parlez ! Où est-il ? Pourquoi vous envoie-t-il ?… Il n’est pas blessé, au moins ?…
    – Hélas !… C’est la vérité…
    Primevère se raidit, fit appel à tout son courage.
    – Dites-moi tout ! fit-elle avec un grand calme résolu.
    – Eh bien, voilà, signora : vous ne connaissez pas notre ferme ?… Elle est à deux heures de Monteforte, à peu près… Donc, dans la soirée, comme le soleil se couchait, nous voyons entrer un cavalier dans la cour de la ferme… Je m’avance pour lui demander ce qu’il désire. Je le vois alors qui met pied à terre et qui fait quelques pas en trébuchant, en mettant la main sur sa poitrine et il vient tomber en travers de notre porte…
    – Le malheur est sur moi ! murmura Primevère en serrant nerveusement ses mains l’une dans l’autre.
    – Ma mère et moi, poursuivit la paysanne, nous soulevons ce pauvre jeune homme, nous le transportons sur un lit et nous voyons alors qu’il a une profonde blessure au côté droit de la poitrine… Nous mettons la blessure à nu, nous la rafraîchissons, nous

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