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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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silencieuses qui les entourèrent. Sanzio tira sa dague. Rosita jeta un cri de terreur.
    Sans un mot, gardant toutes ses forces pour la lutte, Raphaël souleva, enleva sa jeune femme dans un de ses bras et, le poignard levé, se rua sur un groupe qui se dressait devant lui. Mais il n’avait pas fait deux pas qu’il trébucha, roula sur le pavé ; un coup furieux venait de l’atteindre à la tête…
    Le jeune homme entendit comme un cri de détresse éperdue… Puis, presque aussitôt, il s’évanouit.
    Lorsque Raphaël revint à lui, il faisait encore nuit.
    – Rosita ! appela-t-il d’une voix angoissée.
    Ses mains cherchèrent à tâtons dans l’obscurité. Autour de Raphaël étendu, il n’y avait que le pavé. Le sentiment d’horreur qui l’envahit fouetta ses forces. Il put se mettre sur les genoux… Il regarda, hagard.
    – Rosita ! appela-t-il encore.
    Mais il ne vit rien, et nul ne lui répondit.
    Alors, l’affreuse vérité se fit jour dans le cerveau du jeune homme. Rosita avait disparu ! Enlevée !
    Sanzio ne poussa pas un cri, ne proféra pas une plainte… Un espoir lui restait : prévenir la Maga !
    Tout étourdi encore par le coup de pommeau d’épée qu’il avait reçu sur la tête, Raphaël prit en chancelant le chemin du Ghetto et du logis de la sorcière.
    Haletant, il entra. Une torche achevait de se consumer dans un coin… À sa lumière, Raphaël vit le bahut ouvert, ses tiroirs bouleversés.
    – Maga ! Maga ! fit-il d’une voix angoissée.
    Il se rua dans la chambre de Rosita où il supposait que la sorcière se trouvait. Et une exclamation de douleur, un cri de malédiction montèrent à ses lèvres. La chambre était vide. La Maga avait disparu.

XIII – LA VOIE APPIENNE
 
    En cette même nuit où s’était consommé le mariage secret de Raphaël Sanzio et de la Fornarina, le chevalier de Ragastens avait quitté l’hôtellerie du Beau Janus qu’il habitait encore.
    À la suite de l’échauffourée où le chevalier avait failli être écharpé par la foule qui voyait en lui l’assassin du duc de Gandie, César Borgia lui avait offert un logement au château Saint-Ange. Mais, soit par bravade du danger, soit qu’il voulut garder une certaine liberté de ses faits et gestes, Ragastens avait refusé.
    – Monseigneur, avait-il dit, j’étoufferais dans la belle cage que vous me proposez ; je suis resté un peu le vagabond nocturne que je fus dans mon adolescence…
    César Borgia n’insista pas et se contenta d’admirer l’insouciance du chevalier, comme il avait admiré d’abord son intrépidité dans l’émotion populaire.
    Le chevalier erra longuement par les rues désertes, noires, pleines d’ombre et de silence et se trouva enfin à l’entrée de la Voie Appienne.
    – Elle m’a dit : le vingt-troisième tombeau à gauche. Quant au mot de passe, j’aurai à prononcer l’anagramme de Roma – puisse-t-il m’être de bon augure !
    Et il s’avança en comptant les édifices tantôt serrés l’un contre l’autre, tantôt séparés par de longs espaces où croissaient tamaris et lentisques.
    Ragastens songeait que, pour la troisième fois, il allait revoir cette étrange jeune fille dont la destinée était encore une énigme à ses yeux, cette Primevère dont son imagination ne pouvait plus se détacher. Et lorsqu’il atteignit le vingt-troisième tombeau, le cœur lui battait certes fort.
    Il fit le tour du tombeau et ne vit personne.
    – Serais-je venu trop tôt, ou trop tard ? pensa-t-il.
    À ce moment, près de lui, dans l’ombre des fourrés, une voix murmura :
    –  Roma !
    –  Amor ! répondit le chevalier.
    Aussitôt, un homme parut, surgissant d’un bouquet d’arbustes sauvages. Sans dire un mot, il poussa la petite porte de bronze qui fermait l’entrée du tombeau et s’effaça pour laisser passer Ragastens.
    Le chevalier entra et se trouva dans une sorte de cellule étroite qu’éclairait faiblement un flambeau. Le sol était composé de larges dalles. L’une d’entre elles, arrachée de son alvéole et posée debout contre la muraille, laissait béant un trou noir…
    Ragastens s’étant penché sur ce trou vit un escalier de pierres branlantes qui s’enfonçait dans les entrailles de la terre. Il s’y engagea sans hésiter.
    Au bas de l’escalier commençait une galerie au bout de laquelle il apercevait une lueur… Ce fut vers cette lueur qu’il se dirigea.
    La galerie aboutissait à une assez vaste

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