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Brautigan, Un Rêveur à Babylone

Brautigan, Un Rêveur à Babylone

Titel: Brautigan, Un Rêveur à Babylone Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Keith Abott
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récents
événements. L’autre a fait le tour de Bruce par la droite, prêt pour un
ramponneau en retour. Bruce lui a collé au train, comme pour s’engager dans un
slow avec lui. Le rédac’chef gardait l’œil rivé sur la main droite de Bruce.
Paré pour intercepter un éventuel direct du droit. Bruce, qui était gaucher,
lui a aligné un pain qui l’a littéralement envoyé valdinguer à travers la
porte-fenêtre.
    Une envolée, comme dans les films – le verre et le
bois ont explosé à l’atterrissage. Assis aux premières loges, Richard et moi
avons vu la fille sortir en trombe, consoler le gars et l’emmener à l’abri dans
sa voiture.
    Après un moment de silence, Richard a bu un coup, des
gouttelettes de vin blanc perlaient sur sa moustache, il a observé les
fragments de la porte.
    « Keith », me dit-il, « tu sais, jusqu’à
maintenant, tout n’a pas marché au mieux pour toi. A mon avis, ce qu’il te
faut, c’est un agent littéraire. Qu’est-ce que tu dirais de moi par
exemple ? »
    Si Brautigan était parfois démangé par de fortes envies
sexuelles, sa vie amoureuse n’en connaissait pas moins le même sort complexe et
caractéristique de tout ce qui le touchait de près. La célébrité n’a rien
arrangé. Son amie Mary Anne Gilberbloom s’étonnait du nombre de femmes qui
l’accostaient en public. Un soir, dans un café, une femme s’est jetée à ses
pieds. Ce qui a impressionné Mary Anne, ce fut l’élégance avec laquelle Richard
a sauvé la situation en plaisantant et s’adressant à elle avec gentillesse tout
en l’aidant à se relever.
    Richard commença sa relation avec Mary Anne dans la plus
grande courtoisie. Il lui lisait de la poésie, l’invitait à de longs dîners en
tête à tête. Si l’un des membres de sa famille tombait malade, il s’inquiétait
de sa santé, proposait ses services.
    « Il semblait presque adopter ma famille. Il se
montrait si courtois, si obligeant. »
    Autre son de cloche, celui du magazine Rolling Stone qui a fait état de ses pratiques sadomaso prétendument courantes à North Beach.
Quand j’en ai parlé à ses amis et maîtresses, un seul d’entre eux a déclaré
avoir entendu parler de ces histoires. Je suppose toutefois que Richard en
avait fait l’expérience, dans la mesure où il y fit allusion dans Willard et
ses trophées de bowling. Qu’il ait été tenté par le sadomasochisme ne me
paraît pas surprenant, si l’on songe aux abus dont il a souffert durant son
enfance, et le besoin qu’il éprouvait d’exercer un pouvoir. Pourtant, compte
tenu de la situation insulaire de North Beach, et vu le nombre d’amis que nous
avions en commun, je pense qu’il y aurait eu un bien plus grand nombre de
ragots à ce sujet. Ce qui me permet de franchement douter de la fréquence de
ces hypothétiques pratiques. Selon moi, si cela a réellement eu lieu, Richard
en est resté à une nuit par-ci par-là.
    Tandis que ses virées dans les bars sont restées une
constante, sa période « harem » de l’été 1967 fit long feu. Comme
Lani en fit le commentaire :
    « Il en avait déjà bien assez de sa solitude, il
n’avait pas besoin d’y ajouter le fardeau de ces aventures d’un soir. »
    Mais il retournait à ce genre de vie dès que ses partenaires
le quittaient. Des copines en série, c’était la règle, généralement l’une après
l’autre.
    Ces relations ne duraient jamais plus de quelques années.
Relations tendues, car, comme le fait remarquer Valérie Estes, « Richard
était toujours sur le pied de guerre ».
    Il adorait la vie nocturne de North Beach, toujours pimentée
de drague. Don Carpenter note que Richard était toujours le dernier à quitter
un bar s’il restait des femmes dans les parages. Dans ce type de situations, la
galanterie romantique de Richard s’épanouissait. De nombreux potins racontaient
comment il s’y prenait pour raccompagner une fille dénichée le soir même :
à peine arrivé, il se déshabillait. Pendant ses vertes années, son endurance à
partir sur le sentier de la drague semblait aussi inépuisable que sa capacité à
boire. Après la période où les groupies littéraires fondaient sur lui comme des
mouches, il tenta de maintenir cette image de tombeur. Mais cela ne fut pas
tout à fait convaincant. Une de ses copines expliqua qu’ils avaient passé leur
première semaine presque entièrement au lit. Une autre rapporta qu’après une
certaine période, elle

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