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Brautigan, Un Rêveur à Babylone

Brautigan, Un Rêveur à Babylone

Titel: Brautigan, Un Rêveur à Babylone Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Keith Abott
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appelait « La critique-haricots-saucisses ».
Exposée au mépris et à la condescendance des intellectuels, sa fiction fit
l’objet de parodies, en particulier par Walker Percy dans le New York Times et par Garrison Keillor dans le New Yorker. Quand, à la fin des années
70, Brautigan s’essaya au « western gothique » et autres fictions
hybrides, ses livres et sa personne furent la cible de chroniques comme celle
qui suit :
    « Or donc, voici que, du tréfonds de son ça, s’élève le
personnage de l’auteur du Privé à Babylone  – non pas
Brautigan, ni même C. Card, le narrateur du roman en carton extrafin, mais
l’inénarrable abruti, crétin alcoolique à brûler s’il en est, dont
l’imagination affamée est la source (imaginée) de cette collection pitoyable de
mauvaises blagues, d’idées stupides et de pures absurdités. »
    Je me souviens de cette journée du milieu des années 70, où
Richard et moi étions dans une librairie. Il m’a montré un livre rédigé par un
journaliste qui avait travaillé pour la revue littéraire du New York Times.
    « Un jour, je regardais les livres pour tuer le temps,
quand je suis tombé là-dessus. J’ai consulté l’index, histoire de voir si j’y
figurais, m’expliqua Richard. Et je me rendis compte qu’effectivement, c’était
bien le cas. Je me suis donc reporté à cette page, et j’ai appris que, quelles
que soient nos publications, Kurt Vonnegut et moi avions droit à chaque fois à
un critique assassin, dont la mission était de nous descendre en flèche coûte
que coûte. »
    Bien que Richard prétendît ensuite être au-dessus de ce
genre de considérations, il fut vraiment choqué et blessé d’apprendre que ces
attaques étaient pratique courante. Il avançait pour sa défense que ses écrits
participaient à ce style unique de la côte Ouest.
    « Cela ne passe pas à l’est des Rocheuses. »
    En fait, au moment de sa gloire ascendante, Brautigan
n’avait nul besoin des critiques. Ce qui suffisait en soi pour exposer des
textes valables à de mauvaises critiques. Ses copains écrivains, tels que Guy
Davenport, Tom McGuane et Don Carpenter, étaient tout à fait capables de
témoigner de la discipline, du sérieux et de la qualité des œuvres de Richard.
Dans l’une des peu nombreuses critiques favorables consacrées à Brautigan dans
le New York Times, McGuane fit les remarques suivantes :
    « Ce qui importe, c’est que ce don venu d’ailleurs que
possède Brautigan se fonde sur la valeur de la narration traditionnelle. Ses
dialogues sont d’une exactitude surnaturelle ; la concision de ses
descriptions véhicule à la perfection ses perceptions d’un comique
extraordinaire…»
    Pour Guy Davenport, le conflit majeur de La Pêche à la
truite réside entre la conscience du narrateur et le monde :
    « Dès le premier paragraphe, et tout au long de ce
livre inspiré, on assiste à l’émergence limpide de l’affection que porte
Mr Brautigan au monde dans lequel il vit, et à l’impatience dont il
témoigne pour en saisir l’essence. (Brautigan) est une sorte de Thoreau
incapable de garder son sérieux. Je serais tenté de le placer parmi les
philosophes, dans le sens où sa perception centrale affirme que le monde n’a
pas grande signification pour un homme à l’esprit pur. » Bien que de
telles critiques fussent plutôt rares, Brautigan ne prêta jamais l’oreille à
l’opinion des autres. Il faisait preuve d’une certaine candeur pour ce qui
était des qualités de ses écrits. Autour de 1970, alors que ses recueils de
poèmes se vendaient par milliers et se faisaient descendre en flammes dans les
quelques revues qui daignaient les mentionner, il se montrait perplexe et
incrédule face à ces réactions.
    Après m’avoir fait lire l’une de ces revues, il me fit cet
aveu : « Je ne suis qu’un poète mineur, je ne prétends pas être autre
chose. »
    Bien sûr, en réalité, ce qu’il voulait, c’était gagner sur
les deux tableaux. Il revenait toujours à ses romans pour se protéger contre
ces attaques, mettant l’accent sur le fait que c’était ce qui comptait le plus
pour lui. Mais, en même temps, il était dépendant du public, et ses livres
étaient devenus l’emblème d’un phénomène beaucoup plus large que la simple
question de ses compétences d’écrivain.
    Au début des années 70, au sommet de sa célébrité, Richard
ne perdait pas une occasion d’être généreux avec

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