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Brautigan, Un Rêveur à Babylone

Brautigan, Un Rêveur à Babylone

Titel: Brautigan, Un Rêveur à Babylone Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Keith Abott
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difficile !
    La période au cours de laquelle il fut malmené semble avoir
cessé quand il a eu douze ans. L’homme que sa mère épousa alors devint le
copain de Richard. Il l’emmenait à la pêche et à la chasse. Ce fut pour Richard
le début d’un amour pour ces sports qu’il conserva toute sa vie.
    Jamais par la suite Richard ne fut aussi prolixe au sujet de
ses souvenirs d’enfance.
    Quand il a écrit sur son enfance, il a narré des histoires
de pauvreté terrible et de misère sentimentale. Dans l’une de mes préférées,
« Brève histoire de l’État d’Oregon », il termine par une apparition
de lui-même, debout devant une maison isolée dans les bois, sous une pluie
torrentielle. Une troupe de gamins en haillons l’observent du perron. Des bouts
de câbles rouillés traînent dans la cour.
    Il dit : « Je n’avais aucune raison de croire
qu’il y avait autre chose dans la vie que ça. »
    A cette époque, j’étais persuadé qu’en rédigeant ces
nouvelles, Richard regardait dans le fond des yeux les traumatismes de son
enfance. Je croyais alors aux vertus rédemptrices et curatives de l’art. Je ne
pense pas que Richard, lui, y ait jamais cru.

 
    Chapitre
VI
MONTANA, 1976
     
     
    « Trop de choses dans sa vie il y avait et qui étaient
disproportionnées à leur signification véritable. »
    Retombées de
sombrero, 1976
     
     
    Quand Brautigan m’invita en 1976 dans son nouveau ranch du
Montana, nous ne nous étions vus au cours des mois précédents que par
intermittence. Il s’y était installé au printemps et venait de se rendre pour
la première fois au Japon. L’accueil de ses œuvres au Japon avait atteint son
apogée avec Retombées de sombrero, son roman à paraître, dont la sortie
était prévue simultanément aux États-Unis et au Japon. Richard n’était pas peu
fier de ce bon accueil réservé à ses écrits.
    Avant de s’envoler pour Tokyo, il m’avait montré une édition
japonaise de ses nouvelles et m’avait annoncé qu’elles étaient maintenant
utilisées à des fins pédagogiques comme manuel d’anglais.
    « Pas mal, hein mon pote, pour un mec qui a redoublé le
cours préparatoire ? » Sa littérature était enseignée au Japon, et il
y voyait une ironie d’autant plus délicieuse que c’est avec ces mots en gros
titre dans les journaux, qu’il avait appris à lire : LES JAPS PILONNENT PEARL HARBOR .
    Comme Richard était resté longtemps à Tokyo, il n’avait pas
pu entreprendre les travaux du ranch qui s’imposaient. Il me téléphona pour me
demander si je voulais bien l’aider à remettre sa propriété en état.
    « Ce type d’activité, je ne m’y suis pas adonné depuis
l’âge de dix-neuf ans », lui dis-je ; mais il était tellement
désespéré qu’il m’a proposé de me payer le voyage, plus un salaire, pour
compenser l’annulation d’un boulot à Berkeley pour lequel j’attendais une
réponse. Cela revenait pour moi à des vacances tous frais payés. J’ai donc pris
l’avion, prévoyant d’y passer un mois tout au plus, puis de faire ensuite un
crochet par l’État de Washington pour rendre visite à de la famille.
    J’ai débarqué le 4 juillet, juste au bon moment pour le
rodéo de Livingston.
    Comme Richard n’avait pas le permis de conduire, le comité
de réception, à l’aéroport, ne consistait qu’en une Dodge de location. Je fus
grandement surpris de découvrir que la voiture avait été louée avec la carte de
crédit de l’acteur Peter Fonda.
    Richard, à qui j’ai demandé plus tard pourquoi il n’avait
pas de carte de crédit, a prétendu que les établissements bancaires se
méfiaient des écrivains, réputés mauvais payeurs, individus lunatiques et peu
fiables. A la façon dont il me l’expliqua, ce fut comme s’il se félicitait
d’avoir obtenu une sorte de médaille que les banques auraient décernée à leurs
plus mauvais clients. Cette version ne rimait à rien.
    Richard possédait deux maisons, avait négocié ses droits
auprès de compagnies cinématographiques et disposait maintenant d’un beau
pactole. Je mis cela sur le compte de son imagination galopante qui brodait
autour de l’image de l’écrivain scandaleux, mais cette bouffée mégalomaniaque
donna le ton pour la suite des événements.
    J’ai assisté au rodéo en compagnie de Peter et Becky Fonda,
car Richard était occupé ailleurs. Après le spectacle, Richard et moi avons
fait la tournée des bars de

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