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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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son échine. Il regarda sa main tremblante s’avancer avec la fascination douloureuse d’un enfant qui assiste à une exécution. Les yeux d’Elisevett pénétraient comme les aiguilles de feu. Mais il vit la main se rapprocher, comme plus assurée dans son désir, de la peau lisse et tiède, pareille à un pétale de rose.
    La main blanche d’Elisevett attira celle de Haraldr plus haut. Il se sentit fondre et sa peau se couvrit de glace. Plus haut, plus duveteux, plus doux. S’il allait encore plus haut, son cœur s’arrêterait.
    — Arrête !
    Elisevett resserra les jambes et retira lentement la main de Haraldr. À présent, il serait obligé de la suivre.
    — Tu peux mourir pour ce que tu viens de faire, lui dit-elle.
    Elle avança les lèvres vers lui et une lueur folle brilla dans son regard.
    — Tu sais ce que nous devons faire, à présent.
    Elle prit le visage de Haraldr entre ses mains de soie. Ses lourds cils s’abaissèrent et son visage exprima un triomphe amer. Tout serait vite fini.
    Haraldr vit les yeux de la jeune fille battre sous ses paupières pâles, presque translucides. Il vit trembler les lèvres couleur de vin. Vaguement il se rappela qu’un des scaldes d’Olaf utilisait toujours l’épithète « dangereux » quand il parlait des femmes.
    Elle glissa les bras autour de son cou et les sens du jeune homme furent éblouis : le parfum, la joue douce, l’haleine brûlante. Au premier effleurement des lèvres il frémit, puis sa chair fondit. Les lèvres se mêlèrent, à bout de souffle. Puis Elisevett le repoussa. Ses seins lourds palpitaient sous la soie. C’était le moment. Elle croisa le regard du jeune homme pour s’assurer qu’il obéirait.
    — Tu sais que je suis aussi pure que la Mère du Christ, dit-elle. Enseigne-moi.
    Le reste fut un rêve. Sur un tas de vêtements sacerdotaux blancs, le glissement de la soie, les mamelons durs, couleur de lilas, le centre brûlant et moite, chaque contact plus lancinant. Puis ce fut pareil à de la glace brûlante : un éclair et la fin.
    Cela s’acheva si soudain, si prématurément, que Haraldr sentit ses reins près d’éclater. La première fois, avec la prostituée que le jarl Rognvald lui avait achetée, toute la bière qu’il avait avalée pour se préparer à son initiation l’avait suffisamment engourdi pour lui permettre une longue et merveilleuse exploration. Mais avec amour et sans bière, la chose semblait manifestement différente.
    Leurs cœurs battirent de concert pendant un instant. Puis Elisevett poussa un soupir. Elle s’était enfin débarrassée de la détestable innocence qui avait brimé son enfance. La virilité de cet homme du Nord avait brisé la petite poupée. Mais d’où venait cette étrange tristesse, inconnue jusque-là ? Qu’allait-il faire, à présent ? Les ailes de la féminité, encore toutes fraîches, commençaient déjà à flétrir. Soudain, elle éprouva le désir fou de défaire tout ceci, de retourner à Celui qu’elle avait bafoué pour un simple mortel.
    Haraldr s’écarta, saisi de panique. Pourquoi s’était-elle mise à pleurer ainsi ? Il essaya de la caresser mais elle se retourna et d’un geste furieux saisit sa robe au milieu des chasubles éparses et froissées. Elle se leva, la soie écarlate devant sa nudité, des larmes entre ses cils sombres.
    — Je vais être obligée de dire ce que tu as fait à mon père, murmura-t-elle entre deux sanglots.
    * *
*
    Deux gardes le précédaient, deux gardes le suivaient. Le bruit du fleuve l’assaillit ; les musiciens avaient commencé une répétition cacophonique. La chaleur de la journée s’attardait en flaques d’air immobile. Haraldr et ses geôliers montèrent les escaliers conduisant au sommet de la citadelle de Kiev. Ils tournèrent près d’un tas de blocs de granit taillés depuis peu et entrèrent sous un portique à colonnes bordé de jeunes cyprès. Ils s’arrêtèrent enfin devant une porte de bronze décorée d’un trident – le blason de famille du grand-prince Iaroslav de Rus.
    Haraldr reçut l’ordre d’attendre dans une antichambre. Les gardes fermèrent la porte à clé derrière eux. Les candélabres n’étaient pas allumés, la seule lumière provenait de deux lampes à huile de cuivre accrochées aux murs, face à face. Au bout de la pièce, des Grecs de passage avaient monté un échafaudage, et des traits à la craie esquissaient dans la pénombre une future fresque.
    Il attendit

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