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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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cieux.
    Maria donnait l’impression de citer un texte.
    — Alors ils demeureront sous les yeux de Dieu et il n’y aura plus de nuit, ni besoin de lampes ou de soleil, car le Seigneur Dieu leur donnera la lumière et les justes régneront pour l’éternité.
    Haraldr réfléchit à ce conte dans lequel les hommes du Nord jouaient un rôle si menaçant. Était-ce pour cette raison que les Romains craignaient les nations du Nord, malgré le don du feu liquide que leur avait accordé leur Dieu ? Il vit dans les yeux de Maria un éclat de défi.
    — Vous croyez donc que les blonds comme moi hâteront la venue du grand ennemi du Christ, le diable Antéchrist ?
    Maria s’arrêta et réfléchit comme si elle accordait une certaine crédibilité à ces visions.
    — C’est ce que disent les prophètes. Qu’en pensez-vous ?
    Haraldr se rappela les paroles des scaldes chrétiens de la cour d’Olaf.
    — Nous croyons que… qu’après Ragnarok, Christ bâtira un palais plus beau que le soleil, couvert d’or, à un endroit appelé Gimlé. Peut-être est-ce cette Nouvelle Jérusalem dont vous parlez. On dit que les dieux y vivront en toute innocence dans le bonheur.
    — Comme c’est extraordinaire ! Vous avez vous aussi votre cité céleste.
    — Mais ce n’est pas la fin de l’histoire.
    Haraldr eut l’impression que, par-delà Daphné piquetée de soleil, il pouvait voir jusqu’à la frontière sombre de la création. Maria lui serra le bras plus fort. Ce fut Odin, sombre comme la mort, qui parla avec la langue de Haraldr.
    — Survient maintenant le dernier dragon volant, tout noir, le serpent scintillant de Nidafell. Il est d’une noirceur qui consumera toute chair, toute vie, toute lumière et même son propre être. Quand il s’élèvera dans les ténèbres, toute création cessera d’être.
    — Alors, personne ne vous jugera à la fin et n’accordera au juste la vie éternelle ?
    — Personne, ni homme ni dieu, ne restera pour juger.
    Chaque homme sera juge de lui-même d’après le courage avec lequel il se présentera devant le dernier dragon.
    Maria resta longtemps les yeux baissés. Puis elle battit des paupières et une larme minuscule resta en équilibre sur ses cils peints.
    — Votre conte est meilleur que le mien, murmura-t-elle. Il est tellement brave et tellement triste !
    Le vent agita les feuilles dans le bosquet derrière eux. Grégori dit quelques mots en grec ; quelqu’un s’avançait. Maria se retourna, fit un signe. Elle lâcha le bras de Haraldr et fit quelques pas dans la direction de Léo. Le jeune eunuque hors d’haleine murmura quelques mots à l’oreille de Maria puis lui offrit son bras. Elle posa ses doigts blancs sur la manche de Léo et se tourna vers Haraldr.
    — Merci pour votre charmante histoire. Anna va venir vous rejoindre.
    Puis, de sa démarche dansante, Maria descendit les escaliers d’or de Daphné.

— Cet âne a plus de bon sens que l’homme qui le bat, murmura le gardien du phare impérial de Toulos. Fais attention, imbécile ! cria-t-il au petit Cilicien à la peau aussi sombre que sa tunique brune tachée de sueur. Si tu casses une de ces amphores, tu ne pourras pas pisser assez vite pour éteindre les flammes de l’enfer qui te saisiront.
    Le gardien remit en place la charge de la mule, deux grandes amphores de terre. Le Cilicien s’accrocha au harnais de la mule pour ne pas déraper et regarda l’étroit sentier rocailleux qu’il venait de monter et qui partait de la route principale des Portes de Cilicie.
    — Écoutez, Votre Seigneurie, je suis habitué à monter par ici des charges de fagots, et la mort ne m’inquiète pas car mes enfants ne resteraient pas sans père. Mais qu’attendez-vous donc de moi avec le peu que vous me payez !
    Il tira sa mule éreintée sur la dernière pente raide. Un petit fort au mur de pierre s’élevait en haut de la crête. Le muletier fouetta la croupe de sa bête et elle trottina vers la lourde porte de bois du fort.
    — C’est moi qui devrais protester. Votre Seigneurie.
    — Protestez, protestez, grommela le gardien exaspéré en suivant la livraison à travers la porte.
    Ils entrèrent dans une cour déserte. Une tour rectangulaire de trois étages s’élevait à l’angle nord-ouest des murs. Au-dessus de la tour se trouvait une ellipse en bronze deux fois plus haute qu’un homme, entourée par quatre ouvriers qui polissaient sa surface brillante. « C’est plutôt moi qui

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