Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
Vom Netzwerk:
minutes pour chaque phare, multiplié par huit phares en tout, ça fait plus d’une demi-heure. Étant donné les délais habituels, il est fort possible qu’un message envoyé ici pendant l’espace d’une heure soit reçu au Palais impérial à l’heure suivante. N’est-ce pas déjà arrivé ?
    — Certainement, l’année avant que tu viennes ici. On nous a annoncé la capture d’Édesse par les Sarrasins. À l’époque, le programme prévoyait qu’on allume le phare à la cinquième heure de la nuit pour signaler cette capture. Mais la lumière n’arriva à la Magnara que pendant la sixième heure de la nuit. Ce qui voulait dire qu’Édesse avait résisté au siège. Le temps que l’erreur soit corrigée, les renforts arrivèrent avec deux semaines de retard. L’enquête découvrit qu’à Mokilos le gardien avait permis à deux femmes d’un village voisin d’inspecter son « installation » cette nuit-là. Inutile de le dire, ce gardien-là n’a plus eu la possibilité de montrer cet équipement particulier. Et il n’a plus d’yeux pour voir ou ne pas voir des phares briller dans la nuit.
    — Mais alors, pourquoi nous donne-t-on du feu liquide alors qu’on supprime de notre effectif un veilleur chaque mois ?
    — Ma foi, il se prépare quelque chose d’important à Antioche, dit le gardien en tendant le bras vers le sud. Ils veulent être sûrs que ce message ne sera pas retardé. Et toi et moi serons obligés de monter la garde.
    Le surintendant grogna.
    — Jetons un coup d’œil au nouvel horaire, ajouta le gardien en donnant une claque amicale sur les épaules osseuses de son aide.
    Ils redescendirent dans la salle de l’horloge et le gardien se dirigea vers un meuble de bois ciré dans l’angle opposé au réservoir d’eau. Il ouvrit un cadenas de cuivre brillant, prit le document scellé, et le montra au surintendant. Le surintendant examina le sceau.
    — L’orphanotrophe Joannès, dit-il avec respect. D’habitude c’est le grand domestique qui nous envoie l’horaire.
    — Oui, dit le gardien. Je ne serais pas fort surpris si un jour l’orphanotrophe Joannès apparaissait à notre porte pour mettre notre horloge à l’heure. On dit que son sceau est sur tout, depuis quelque temps. Peut-être devrais-je m’adresser à lui pour obtenir une place dans la Ville impériale. Eh bien, voyons ce que dit le nouvel horaire.
    Le gardien sépara les deux parties du sceau ; le surintendant se rapprocha pour pouvoir lire la feuille dès qu’elle serait dépliée.
    Au bout d’un instant, le gardien et le surintendant se regardèrent, bouleversés. Les messages les plus importants étaient touj ours prévus pour la deuxième et la troisième heure de la nuit, quand les vents du soir chassaient les nuages et les brouillards sur les cimes. Depuis des années maintenant, le message réservé pour la deuxième heure était « Antioche est assiégée ». Et pour la troisième heure « Antioche est tombée ». À présent, tout était changé. Le message pour la deuxième heure était « L’impératrice a été attaquée », et pour la troisième heure « L’impératrice est morte ».
    * *
*
    — Donc, ce Plutarque était un Grec qui vivait au temps des anciens Romains et qui a écrit à la fois sur les Grecs et sur les Romains. Mais avant Pl utarque, au temps d’Alexandre, les Grecs gouvernaient le monde.
    — Oui, Haraldr, répondit Anna d’un ton joyeux.
    Appuyé contre le siège de pierre, Haraldr regarda un rayon de soleil projeter une bande d’un bleu outremer sur les eaux de plus en plus sombres de la piscine en demi-lune bordée de pierre. Une colonne tombée de la rangée derrière lui semblait une énorme silhouette allongée. Les ruines du temple de Jupiter, l’ancien dieu que les Grecs appelaient Zeus, s’élevaient de l’autre côté de la piscine ; il ne restait plus que quatre colonnes aux cannelures délicates, empourprées par l’éclat du jour finissant. Derrière le temple se trouvait un réservoir beaucoup plus vaste. On y recueillait l’eau des sources des environs de Daphné pour l’envoyer à Antioche par des aqueducs aux hautes arches qui disparaissaient dans le lointain. Tout cela avait été construit par les anciens Romains, mais (d’après Anna) en imitant le style des anciens Grecs. Haraldr avait beaucoup de mal à comprendre la superposition complexe de ces diverses couches de temps. Le monde dans lequel il avait grandi était

Weitere Kostenlose Bücher