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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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décréta Gaïa. Et au moment même où Apollon la saisissait dans ses bras, Daphné fleurit sous la forme de cet arbre même que nous voyons ici.
    Zoé appuya la feuille contre les lèvres de Haraldr.
    — Vous voyez, elle a encore la fraîcheur d’une vierge, dit-elle en se tournant vers ses dames de compagnie. Et elle restera fraîche et pure à jamais, car elle est la récompense d’une femme qui n’a jamais connu d’homme.
    Haraldr resta sans voix. L’impératrice s’était montrée si gaie l’instant d’avant. Elle se retourna brusquement.
    — Ah ! dit-elle avec de nouveau du désir dans sa voix. Être aimée d’Apollon ne serait-ce qu’une fois ! Avoir senti la chaleur de ses bras d’or.
    Malgré la frivolité du ton avec lequel l’impératrice avait fait son récit, Haraldr sentit que les Romains révéraient encore leurs anciens dieux. Il regarda autour de lui les merveilles de Daphné. Derrière le laurier s’élevait une rangée de colonnes à moitié renversées, avec des fragments d’architraves en zigzag. Le temps avait fait éclater le marbre veiné de jaune et l’avait couvert de lichens. Au-delà de ces ruines s’élevait un bosquet de cyprès anciens plantés autrefois comme la rangée de colonnes. Les anciens dieux, les dieux des Grecs et des Romains avaient vécu ici jadis.
    — Mon neveu !
    Michel Kalaphatès s’avança vers le groupe impérial ; sa robe de soie blanche de l’Hellade était bien plus belle que la tunique de soie syrienne qu’il portait la veille. Kalaphatès s’agenouilla et baisa la main de l’impératrice. Elle le prit par les épaules pour le relever, puis le fit se retourner et murmura quelques mots à Léo, le jeune eunuque aux joues rondes. Bien que l’impératrice n’eût fait aucun signe que Haraldr ait remarqué, les dames s’écartèrent d’elle. Haraldr se demanda s’il devait rester pour veiller sur la personne de Zoé ou bien s’en tenir à la discrétion qu’elle semblait souhaiter.
    Il sentit la main sur son bras, aussi légère que si un papillon s’était posé. Maria lui souriait sans malice, ses cheveux nattés effleuraient presque le haut de son bras. Les lèvres rouges, les dents de perle… Il trembla à cette présence. « Vous serez avec moi. »
    — Puis-je vous appeler par votre nom ? demanda-t-elle.
    Haraldr acquiesça.
    — Puis-je, moi, vous appeler par votre nom ?
    Le poids de la main de Maria augmenta imperceptiblement.
    — Certainement, Haraldr. Et peut-être songerez-vous à un autre nom pour moi avant que nous quittions Daphné.
    Son ton était une invitation. Oui, se dit Haraldr. Votre nom est déjà Déesse-aux-seins-de-neige.
    — Puis-je vous faire visiter Daphné ? demanda-t-elle.
    Elle tendit ses doigts d’ivoire vers les ruines parsemées sur les hauteurs. Avec Grégori, voix invisible qui les suivait, ils se dirigèrent vers un sentier dallé qui s’élevait en une série de terrasses usées, flanquées par de petites colonnes tronquées. Des oiseaux chantaient. Un lézard vert fila sur une pierre blanche décorée d’un motif floral. Bientôt les rangées de cyprès les enveloppèrent dans leur ombre fraîche.
    — Avez-vous apprécié le récit de notre Mère sur la façon dont Daphné a donné son nom à ces lieux ?
    — Je l’ai trouvé très beau. Les scaldes utilisent souvent des kennings d’arbre pour décrire une jolie femme.
    — Ken-ning ?
    — J’ai peur que ce mot ne soit pas traduisible en grec, expliqua Grégori. C’est une sorte de métaphore, comme quand un poète compare une chose à une autre.
    — Oui, dit Haraldr, c’est cela mais pas tout à fait. Prenons un exemple : « Laurier garni de corbeaux des falaises dorées de la mer. »
    Maria s’arrêta un instant et leva les yeux vers lui, sa poitrine gaînée de soie effleura la manche de Haraldr.
    — Et qu’est-ce que cela peut être ?
    — Vous. Le laurier adorable aux cheveux aussi noirs que les plumes du corbeau qui vient de la Grande Ville dont le soleil dore les murs pareils à des montagnes, en face de la mer.
    Maria le regarda longuement, puis se retourna et le précéda sur les marches. Ils sortirent du bosquet de cyprès.
    « Incroyable, se dit Haraldr. Comment pouvait-on construire d’aussi grandes choses puis les laisser tomber en ruine ; aucun homme n’abandonnerait un tel endroit, seulement des dieux. » Les énormes bâtiments de marbre s’accrochaient aux falaises partout

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