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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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les riches propriétaires que sur les paysans.
    L’impératrice Zoé écarta les boucles brunes du front de son mari et l’entraîna de nouveau vers le lit. L’empereur ne résista pas. Il s’assit sur le bord de l’immense couche, le dos parfaitement droit. Zoé déplaça la robe qu’il portait puis son linge de toile fine, pour mettre à nu le dos de son époux. Elle fit glisser le tissu léger qui la couvrait et appuya sa poitrine contre la peau de l’homme. Il se raidit.
    — Reste avec moi, lui murmura-t-elle à l’oreille.
    Il se retourna, ses traits figés dans une sorte d’horreur comme si le contact des seins pouvait le contaminer.
    — Il a été assassiné, dit-il. Ton mari. L’empereur. J’en suis certain.
    — C’est toi, mon mari. Maintenant, c’est toi l’empereur.
    — Romanos était ton mari quand tu… Quand nous…
    Les mots semblaient l’étrangler.
    — Quand il m’a interrogé à notre sujet, je lui ai menti sous les yeux du Pantocrator. Je me suis parjuré sur les saintes reliques. Puis je me suis détourné pendant qu’on l’assassinait. Le fait que j’ai seulement consenti ne rend pas la marque de Caïn sur moi moins indélébile.
    Zoé remonta sa robe sur ses seins. Les paroles sortirent de sa bouche comme un rituel qu’on récite, un exorcisme souvent répété.
    — Il était sur le seuil de la mort. Son dernier bain a été la dernière de ses innombrables folies. Les docteurs lui avaient déconseillé de se baigner. Il s’est noyé, voilà tout. Tu as vu le cadavre. Peut-être les serviteurs se sont-ils montrés… inattentifs. Mais ce n’était pas des assassins.
    — On raconte que quelqu’un lui a tenu la tête sous l’eau. Un Varègue. L ’hétaïrarque, dit-on.
    — On ? Qui « on » ? Des hommes à gages des dynatoï, qui répéteraient n’importe quoi pour de l’argent ! Plus d’un seigneur puissant aurait préféré que le successeur de Romanos soit moins… énergique . C’est leur façon de s’en prendre à toi, et de s’en prendre à tous ceux qui se dressent entre toi et leurs ambitions honteuses. Si une main a tenu la tête de mon… de ton prédécesseur sous l’eau, c’était la main du Pantocrator lui-même. Romanos était une lèpre. Tes mains m’ont guérie de lui. À présent, elles vont guérir mon peuple.
    — Et qui sera le médecin de mon tourment ? L’empereur se leva, tira sa robe sur ses épaules et s’écarta du lit de Zoé.
    — Même si je me lave sept fois dans les eaux du Jourdain, je ne pourrai soigner l’infection qui habite mon âme.
    — N’y touche pas !
    La flèche avait glissé doucement du ciel à la manière d’un oiseau blessé, puis s’était posée sur le pont, inoffensive.
    — Elle est peut-être empoisonnée.
    Le jarl Rognvald se dirigea vers l’avant et monta sur les planches recouvrant la cale principale. Il ramassa avec précaution la flèche à pointe de métal, dont la hampe s’ornait de plumes, et la montra à tous. Il regarda, de l’autre côté du fleuve jaune, immobile, la rive verte, couverte de bois épais.
    — Quel beau coup ! dit-il. Plus de cinq cents coudées.
    Puis il se tourna vers son pilote slave.
    — Gleb ! Fais passer les bateaux en ligne de file serrée.
    Haraldr plissa les yeux pour percer le mur dense et mystérieux des arbres. Déjà dix jours passés sur le fleuve. La monotonie du cours d’eau avait le côté inquiétant d’une accalmie avant l’orage. Chaque jour semblait apporter une nouvelle menace de l’ennemi caché. Quand il n’était pas absorbé par le commandement, le jarl Rognvald se refermait en lui-même et plongeait dans le fleuve un regard de voyant tentant de percer l’avenir. Quant à Haraldr… des rêves. Tant de rêves… Un soleil de sang qui mourait sur les terres mais aussi du vent, du froid et des ténèbres sans fin. Et toujours la voix l’entraînait vers le vide où ses frayeurs le guettaient. Sur le fleuve, les monstres de ces profondeurs intérieures étaient devenus plus féroces, et son âme en fuite semblait encore plus lointaine.
    Haraldr crut voir un reflet de métal au loin. Un autre. Puis encore un autre ! En aval, la rive gauche s’abaissait et l’écran vert était interrompu par une tache sombre remplie de couleurs, de reflets d’acier et de mouvements incessants.
    — À bâbord ! Sur la berge ! cria-t-il. Les Petchenègues !
    Gleb, le pilote, claudiqua le long du bastingage et rejoignit Haraldr

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