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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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semaines sur le fleuve devraient suffire à le mûrir…
    Des murmures de dérision parcoururent la foule puis des rires, et Grettir lança à Haraldr :
    — Mourir de la main de Hakon aurait été un honneur. Mais écoute-les qui chantent tes louanges ! Tu as la langue dure mais le dos mou.
    Les rires éclatèrent de plus belle. Dans le crâne de Haraldr, l’humiliation devint folie suicidaire. Sa paume moite glissa contre le pommeau d’os de son épée, mais presque au même instant Hakon lança son bras vers le sable et quelque chose écrasa le pied de Haraldr. Il sentit une brûlure légère, comme s’il avait marché sur une étincelle. Il baissa les yeux vers son pied et vit un pommeau d’or : l’épée de Hakon avait traversé sa grosse botte et effleuré son orteil.
    Haraldr essaya de retirer son pied mais sa botte était fixée au sable humide. Il perdit l’équilibre et tomba à genoux.
    Les rires déchirèrent l’air comme un coup de tonnerre.
    — Hakon a abattu le plus grand des arbres sans même lui arracher un copeau, railla Grettir.
    — Bois vert ! rugit Hakon.
    — C’est son nom, Bois-Vert ! répondit la foule en écho.
    — Bois-Vert, la prochaine fois que je te vois poser la main sur ton épée, je viserai deux coudées plus haut. Et je ferai de toi le plus grand eunuque de tout l’Orient.
    Hakon s’arrêta, se racla la gorge et lança un grand crachat jaune sur la main de Haraldr.
    Haraldr entendit alors une deuxième voix. La voix de la deuxième âme qui se trouvait en lui mais dont il n’avait pas senti la présence depuis la honte de Stiklestad. Une voix froide et ancienne, pleine des fureurs des dieux du passé. Pourquoi ne pouvait-il pas saisir à bras-le-corps cette âme jumelle et partager sa puissance ?
    La main du jarl Rognvald se crispa sur le bras de Haraldr mais ce ne fut pas ce geste qui le retint. Seulement la voix. L’étrange voix intérieure qui lui disait à présent :
    « Attends !… Attends !…»

— Sa Majesté impériale l’empereur, basileus et autocrate des Romains.
    L’impératrice Zoé s’assit. La tête de son chambellan, Siméon, encadrée par les lourds rideaux de soie du lit et éclairée par la seule lampe à huile qu’il avait apportée dans la chambre, semblait flotter dans le noir, masque ancien de parchemin blanc sans un poil. Elle fit un signe de tête rapide, et les rideaux s’écartèrent. Elle posa les pieds sur le tapis près du lit. Elle était entièrement nue et pendant un instant ses rondeurs généreuses et ses flancs de satin luirent comme du marbre blanc teinté de miel. Un deuxième eunuque la drapa dans une robe vaporeuse. Ses mamelons déjà dressés, sombres et forts, tendirent le tissu. Les deux eunuques laissèrent la lampe sur une petite table et quittèrent la chambre sans un mot, seules leurs pantoufles chuchotaient sur les dalles.
    Zoé alla à la rencontre de l’empereur dans le vestibule plus intime de sa chambre au plafond voussuré. Il portait une robe d’intérieur où de petits aigles brodés scintillaient faiblement au clair de lune, pareils à des scarabées d’or. Zoé perçut aussitôt un soupçon de lassitude dans le mouvement des épaules de l’empereur. Elle se serra contre lui et l’embrassa avec fougue. Elle était habituée à son léger mouvement de recul.
    — Je… Je suis venu vous dire que je ne pourrai pas rester avec vous, dit-il quand Zoé lui prit la main pour l’entraîner vers le lit à colonnes.
    Il avait la voix profonde et sonore d’un homme pour qui il était naturel de commander. Il s’excusait mais sans en donner l’impression.
    — Vous avez encore du travail ?
    — Je pourrais travailler encore dix ans sans parvenir à réparer les dégâts de… mon prédécesseur. Je n’avais aucune idée de ses erreurs. Personne ne savait. Même pas mon frère. La nature des erreurs, oui. Mais pas leur étendue.
    Les yeux sombres de l’empereur se contractèrent un instant, soudain plus durs.
    — Même si le commerce avec Rus reprend, nous serons obligés d’instituer une autre surtaxe à l’impôt sur les fenêtres. Les dynatoï feront tout ce qui est en leur pouvoir pour nous en empêcher.
    Les dynatoï étaient la noblesse terrienne de l’empire, extrêmement puissante ; et entre les milliers d’impôts impériaux, celui sur les fenêtres – calculé sur le nombre de fenêtres des habitations – était l’une des rares taxes qui pesaient davantage sur

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