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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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huitième heure. »
    — Il est très tard, mon neveu, dit Joannès. Peut-être me suis-je montré trop violent dans mes critiques de votre activité, ou plutôt de votre manque d’activité, mais depuis que vous avez accédé à votre présente dignité, vous avez laissé le pendule osciller trop loin dans la direction du zèle. Je m’inquiète de voir le nombre d’heures que vous consacrez maintenant aux affaires d’État.
    — Veuillez m’excuser de vous avoir momentanément arraché aux soucis de l’empire, mon oncle, mais j’ai un sujet grave à discuter avec vous.
    — Ah bon ? J’avais espéré vous isoler des sujets graves, car votre santé est précieuse pour moi.
    — Comme la vôtre l’est pour moi, mon oncle, répliqua Michel, et il marqua un temps avant de poursuivre. J’ai entendu des rumeurs de complot.
    — Il n’est pas possible de franchir la porte de Chalké sans entendre des rumeurs de complot, mon neveu, répondit Joannès en affectant la lassitude.
    — Je crois qu’il s’agit, bien que mon âme souffre à l’idée même de cette possibilité, d’un complot contre vous, mon cher oncle.
    Les yeux profondément enfoncés de Joannès se braquèrent ; il entrouvrit les lèvres et ses dents affreuses apparurent.
    — Ne poussons pas cette plaisanterie plus loin, mon neveu. Je sais que Constantin est votre oncle préféré.
    — Vous m’êtes tous les deux également chers, balbutia Michel.
    — Très bien, mon neveu. Votre souci sincère pour ma santé me touche. Mais je suis épuisé par le fardeau des affaires d’État, et j’aimerais pouvoir prendre un bain. Il n’est guère possible que des assassins m’attendent dans mon bain, si classique que soit devenu ce décor pour des meurtres de toutes sortes et même des révolutions de palais. J’aime croire que mon assassinat requerra davantage d’imagination de la part du malandrin.
    Le chambellan de Joannès ouvrit la porte d’un couloir. Sur le seuil, Joannès se retourna brusquement vers Michel pour lui lancer :
    — Vous avez attisé ma curiosité, mon neveu. Pourquoi ne m’accompagnez-vous pas dans mon bain ? Vous me raconterez l’imminence du danger qui menace ma personne.
    * *
*
    Haraldr se tourna vers le sud. Des décombres fumantes bloquaient complètement la rue.
    — Peu importe, lança-t-il à Ulfr en se retournant face à la foule. Ils nous ont vus. Nous ne pouvons pas leur laisser croire que nous avons peur d’eux, sinon la vie de mes hommes liges ne vaudra plus rien dans ces rues.
    Ulfr tira son épée.
    — Il est un temps pour la hache et un temps pour l’épée. Les corbeaux boiront bien ce soir. Et cette meute apprendra bientôt combien de vies il faut donner pour le cadavre d’un seul Varègue.
    — Non.
    Ulfr se tourna vers Haraldr, incrédule.
    — Pas encore.
    Haraldr défit sa plaque pectorale et la ceinture de son épée, puis enleva son casque et sa cape, qu’il tendit à Ulfr avec ses armes.
    — Mon ami… commença Ulfr, puis il se tut.
    À quoi bon protester ? Haraldr s’était livré à trop de ruses insensées dans le passé. Mais pour un Varègue, mourir sans arme, prisonnier et peut-être torturé, constituait un destin bien plus odieux que la mort même, car son banc au Walhalla attendrait vide, jusqu’au vol du dernier dragon.
    — Je ne te refuserai pas ta place sur les bancs, dit Haraldr. S’ils se jettent sur toi, prends ton épée et appelle les oiseaux de la mort. Sinon, attends patiemment mon retour. Il se peut que j’en aie pour un certain temps.
    Haraldr se dirigea vers la foule. Sans les insignes des Varègues redoutés, il se sentait étrangement libre, mais il avait terriblement peur, un peu comme pendant un plongeon prodigieux dans le vide. Il ne pouvait distinguer aucune voix au-dessus des rumeurs de l’incendie. Il arriva à la portée des lances et se demanda pendant un instant ce qu’il ressentirait quand l’acier pénétrerait dans son sternum sans protection.
    Les visages avaient l’uniformité effrayante de la misère. Pâles, regards profonds, lèvres grises, mâchoires en colère. Des hommes mais aussi beaucoup de femmes. De la toile grossière, du drap bon marché ravaudé, des haillons. Des cheveux ternes et sales. Des cicatrices, des plaies. Un bec-de-lièvre, un cul-de-jatte. Quand il se rapprocha, ils s’agitèrent, leur silence aussi impressionnant que celui de Sainte-Sophie. Une femme entre deux âges s’avança d’un pas

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