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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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tendit le bras. Il pria le Pantocrator que son mouvement ne fasse pas basculer le crâne de frère Siméon de son perchoir de vertèbres recousues. La fine plaque de plomb céda facilement, et Constantin déplia la feuille de métal d’une main tremblante. Il vit aussitôt que le parchemin portait au-dessus de la marge le numéro du dossier. Il se leva pour lire à la lumière tremblante, irréelle. Incroyable, tout était là. Le nom de l’enfant et ce que l’on avait fait de lui. Incroyable. Avaient-ils dit la vérité à l’enfant ? Peut-être, mais peut-être pas. Nul doute que Joannès veuille enterrer ce secret. Il changerait toute la situation politique.
    — Frère Siméon, dit Constantin en s’inclinant devant le crâne à la bouche béante, ces documents m’ont convaincu que l’Empire romain tout entier vous sera bientôt reconnaissant de vos égards scrupuleux pour la vérité.
    * *
*
    — À partir de maintenant, ce sera mieux chaque fois, murmura Maria. C’était le commencement.
    Elle se blottit contre Haraldr et l’embrassa dans le cou. Ils avaient fait l’amour de façon bien différente, sans violence soudaine, sans le rituel épuisant qui avait marqué leur passion dans le passé. Cette nuit-là, tout avait été tendre, intime, profond. Ils ne se cherchaient plus dans l’immense tourbillon du destin, mais profitaient simplement de leur présence dans le calme du présent. Maria se hissa sur le coude.
    — J’ai envie d’attendre notre retour en Norvège pour vous épouser, dit-elle. Je veux devenir votre épouse dans votre pays, selon votre coutume. Je veux que la Norvège devienne mon foyer.
    — Non, je veux vous épouser ici aussi vite que la coutume le permet. Je veux vous avoir dans mon lit toutes les nuits.
    — Cela n’y changera rien. Je vais vivre avec vous. Comme votre maîtresse.
    Haraldr releva la tête et la dévisagea.
    — Essayez-vous de me faire comprendre que votre Église orthodoxe s’opposerait à notre mariage ?
    — Non, mais ils vous soumettraient à des rites fort pénibles d’instruction dans l’Unique Vraie Foi. Que la Sainte Mère me pardonne, mais je préfère avoir votre corps païen à mes côtés que de vous savoir loin de moi à Sainte-Sophie en train de chanter avec les prêtres. Je vous épouserai dans votre Église. C’est l’Église du Christ, n’est-ce pas ? Je n’ai tout de même pas envie que cet Odin bénisse mon lit de noces.
    — Oui. Mon frère a laissé une Église chrétienne forte. Je serai peut-être obligé de la reconstruire, mais nous serons mariés en chrétiens.
    — Voici donc une chose réglée.
    — Vous trouverez les églises de Norvège très petites. Les palais encore plus petits.
    — Cette chambre est petite, ce lit encore plus petit.
    Ils s’embrassèrent, de simples baisers ponctués par des confidences chuchotées, puis ils refirent l’amour. Ensuite, ils étaient si proches que chacun semblait respirer pour l’autre. Mais entre eux, il y avait encore des secrets.

Septième partie

Joannès s’inclina et fit signe aux sénateurs de prendre la cape trempée de Haraldr. Le vent glacé de décembre fouettait la pluie contre leur visage comme des éclats de verre.
    — Hétaïrarque, je suis désolé que ce ne soit pas une belle journée, mais elle est encore pire pour eux, dit Joannès en montrant de la tête l’immense foule de miséreux trempés, rassemblés devant le nouvel hôpital de la Rédemption du Monde. Vous aviez raison, hétaïrarque, c’était une honte que Rome ne pouvait supporter plus longtemps. Puis-je vous présenter à eux ? Vous êtes populaire ici depuis que vous avez commencé à distribuer de la nourriture gratuitement au Stoudion.
    Il le prit par le bras et l’entraîna vers la rue. « Et cela te fera du bien d’être vu avec moi », se dit Haraldr. Il regarda le visage déformé du moine géant et songea à la vision que celui-ci lui avait révélée dans le Trésor vide du Bulgaroctone. Joannès découvrirait-il un jour dans cette vision une Rome juste au service de tous ses citoyens ? C’était improbable. Et pour cette raison même il faudrait que Haraldr s’occupe de lui avant de pouvoir quitter Rome avec Maria, l’esprit en paix. L’empereur, en dépit d’une rechute mineure au début de l’automne (sans doute provoquée par une reprise trop hâtive de ses devoirs après la campagne contre les Bulgares), devenait plus fort de jour en jour. Il s’était

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