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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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comme pour le défier à un combat. Il la prit dans ses bras et appuya sa joue tiède contre la sienne. Puis il l’écarta et chercha son regard.
    — Je vous ai dit un jour que j’appartenais à une famille importante de Norvège. Ce n’était pas un mensonge, mais ce n’était pas toute la vérité. Je suis le roi légitime de Norvège. Si je ne suis pas couronné, c’est seulement parce que je ne suis pas revenu chercher ce qui m’appartient.
    Les mains de Maria le serrèrent comme s’il était la dernière chose qu’elle tiendrait jamais dans sa vie. Elle embrassa son visage et son cou avec passion, et ses larmes glissèrent sur sa robe.
    — Je savais que vous n’étiez pas un paysan, ni un simple noble, murmura-t-elle. Je l’ai compris la première fois que nous avons parlé. J’ai compris que vous ne vous incliniez jamais devant personne.
    Elle se raidit soudain.
    — Mère de Dieu, s’écria-t-elle comme si la mort paraissait à ses yeux. Faudra-t-il que vous partiez ?
    Et puis, aussi brusquement, elle se blottit de nouveau dans ses bras.
    — Je vous accompagnerai dans cette Norvège. Je ferai n’importe quoi. Si vous avez une reine, je serai votre concubine…
    Haraldr la retint contre lui et leva les yeux vers le manteau brillant des étoiles. Et maintenant ils tombaient, tous deux ensemble, ils tombaient de ces hauteurs ; il y avait de la peur sans doute, mais aussi une joie qu’il n’avait jamais imaginée.
    — Je n’ai pas de reine. Et tout ce que mon âme désire, c’est de faire de vous ma reine.
    Il caressa légèrement ses cheveux et écouta le sifflement de mise en garde du destin, tandis qu’ils plongeaient au milieu des étoiles. Pouvait-elle l’entendre elle aussi ?
    — Mais vous allez courir des dangers terribles pendant le voyage. Et quand je vous vois ici, dans la lumière, le soleil et la beauté de Rome, cela me brise le cœur de vous imaginer là-bas, dans une nuit qui dure pendant des mois, avec les rustres de ma cour et dans le froid cinglant de notre hiver. Si la lumière devait disparaître de vos yeux, j’en mourrais.
    — Quelle vie aurais-je ici sans vous ? J’ai déjà vu la beauté de la Norvège dans vos yeux, il n’y a pas de place sur terre où l’hiver ne soit pas suivi par le retour de Perséphone, et il y a aussi des rustres dans notre cour, hétaïrarque, même si leurs paroles sont de miel.
    Elle attira la bouche de Haraldr vers la sienne, et avant que leurs lèvres ne se touchent, elle murmura :
    — Si la nuit est très longue, nous allumerons un feu qui brûlera à jamais.
    Il la serra plus fort et crut sentir son cœur nu contre le sien, sous d’épaisses couvertures de duvet, dans le palais royal de Norvège à Nidaros.
    * *
*
    — Frère Siméon… ne va pas… très bien.
    Constantin haletait, les mains crispées sur sa poitrine. Pas très bien ? Frère Siméon, assis contre le mur en face de la porte, les jambes croisées devant lui, n’était qu’un tas d’ossements auxquels s’accrochaient ici et là quelques lambeaux de chair grise desséchée. Apparemment, les souris étaient assez agiles pour grimper à son échelle même si les chiens n’osaient s’y risquer. Ces minuscules « charognardes » avaient cependant laissé quelques fragments en haillons de la robe de laine autour du squelette de l’ancien chartophylax. Constantin, éberlué, regarda le moine sans nez offrir une louche d’eau aux mâchoires béantes de la tête de mort ; sans doute ce moine dément avait-il attaché les os avec des lanières de cuir quand les articulations du squelette de son ami avaient commencé à se détacher. Constantin retrouva ses esprits assez vite pour prendre une décision.
    — Pensez-vous que frère Siméon soit assez bien pour me parler ? demanda-t-il au moine fou. Je ne voudrais pas le déranger.
    — Il vous… attendait, répondit le moine d’un ton agacé, comme si le premier idiot venu aurait dû le comprendre.
    — Frère Siméon, dit alors Constantin en se tournant vers le squelette, je crois que je pourrai vous aider si j’ai la possibilité d’examiner votre correspondance.
    Constantin espérait que le moine sans nez lui communiquerait l’assentiment de frère Siméon. Mais après un instant de silence, le moine se tourna vers lui et le regarda fixement comme si c’était au tour de Constantin de répondre.
    — J’ai quelques difficultés à entendre frère Siméon, expliqua Constantin au moine.

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