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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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Mais il ne pouvait répondre à ce destin que par le silence.
    — Je vous ai tout dit, murmura-t-elle, et sa voix était comme la plainte d’un petit animal à l’agonie.
    Elle frissonna, le lâcha, puis partit en courant comme une folle de terrasse en terrasse en frappant le vide de ses poings crispés.
    * *
*
    — Vous êtes un ange du Seigneur, dit Constantin tandis que le moine sans nez nettoyait avec un chiffon humide l’estafilade qu’il avait au-dessus de l’œil. Je m’excuse de vous avoir pris pour un autre de ces égorgeurs. Qui sait combien de temps j’aurais pu survivre là-bas.
    — Je vous ai suivi, expliqua le moine. Ils vous ont menti, là-bas. Le chartophylax. Frère Siméon. Il a été… dans notre lavra . Il a des ennuis. Des hommes de Constantinople. Nous, les moines, nous nous protégeons entre nous.
    La voix du moine avait la résonance curieuse des hommes sans nez. Il parlait comme s’il fallait beaucoup de temps à ses paroles pour passer de son cerveau à sa bouche.
    — Et pourquoi m’avez-vous aidé ?
    — Parce que c’est mon ami. Le chartophylax. Frère Siméon.
    Constantin décida de ne pas insister ; le moine sans nez était un bon Samaritain, mais pas très malin ; peut-être s’était-il dit que Constantin pourrait aider son ami. Pourquoi pas ?
    — Pouvez-vous me conduire auprès de frère Siméon ?
    Le moine sans nez acquiesça et entraîna Constantin dans le dédale des cheminées de fées. Les ténèbres étaient accablantes. Le rat-de-cave du moine semblait une chandelle à la dérive dans une vaste mer d’ombres. Il marchait vite et Constantin souffrait encore de sa mésaventure. « La clé du pouvoir sur l’empire de Rome m’attend peut-être au bout de cette affreuse nuit », se dit-il en trottinant derrière la forme noire devant lui. Ils se mirent à grimper entre des rochers aux formes torturées. Par endroits, l’air semblait soudain plus frais. Sur sa gauche, Constantin aperçut plusieurs portails. Il imagina la présence d’immenses cônes autour de lui sans pouvoir réellement les voir.
    — L’échelle… n’est pas en bon état, dit le moine sans nez en soulevant sa chandelle vers les vieilles planches qui grimpaient dans le noir. Faites attention de ne pas casser les marches. Vous êtes… gros.
    Après ce qui parut une montée sans fin vers le purgatoire, le moine s’arrêta devant Constantin et, sous les pieds de celui-ci, le bois grinça, craqua et fléchit. Le pied de Constantin battit soudain dans le vide et ses épaules lui firent mal. Toute sa masse pesante était suspendue à ses mains en feu. Où trouva-t-il la volonté de se hisser sur le barreau suivant ? Il n’aurait su le dire. Peut-être la main du Pantocrator. Le moine l’aida à monter sur le rebord de la cellule. Constantin comprit à l’état de l’échelle que frère Siméon était un de ces vrais ermites qui ne descendaient jamais de leur cône de grès. Il hissait probablement sa nourriture et son eau avec une corde.
    — Frère Siméon, appela le moine sans nez en s’arrêtant sous la porte minuscule creusée dans le rocher. Frère Siméon, je vous ai amené un homme pour vous aider. Un homme de… Constantinople. Frère Siméon ?
    Constantin n’entendit pas de réponse.
    — Frère, lança le moine à Constantin, entrez. Frère Siméon va vous recevoir.
    Constantin se baissa pour franchir la porte, et se cogna la tête au linteau. À l’intérieur de la cellule, il put se redresser. Le moine sans nez leva son rat-de-cave pour que le visiteur puisse voir frère Siméon. Constantin poussa un gémissement désespéré, puis ses genoux cédèrent et il s’écroula sur le sol de pierre.
    * *
*
    La fontaine ressemblait à une énorme pomme de pin et les cyprès autour d’elle rappelaient la forme complexe du marbre. L’eau bouillonnait avec un bruit musical. Maria était debout dans le bassin, sa jupe remontée aux genoux.
    — Maria.
    Elle se retourna. Ses yeux semblaient voilés, gonflés.
    — Pourquoi ? lança-t-elle. Vous m’avez demandé un jour pourquoi je désirais vous faire souffrir. C’est à mon tour de vous poser la question, à présent. Pourquoi ? répéta-t-elle en se frappant la poitrine. Si c’est une vengeance que vous recherchez, ma poitrine n’a plus d’armure. Ni besoin d’armure. Le couteau est déjà dans la plaie. Retournez-le si vous y prenez plaisir.
    Haraldr s’avança dans l’eau vers elle, et elle se redressa

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