Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
Vom Netzwerk:
première course. Qu’il choisisse un équipage et un conducteur, mais ceci avant la fin des quinze premiers tours de la course. Je gage ma galère pleine de soie de Syrie, encore sous scellés au port du Bucoléon, contre les six vaisseaux marchands génois qui attendent qu’on les décharge au port du Néorion.
    Le grand eunuque s’inclina et s’éloigna en traînant des pieds tandis que Michel lançait un clin d’œil à son protostator.
    — Il sera incapable de refuser l’occasion de choisir le vainqueur aux trois quarts de la course, alors que je me suis engagé depuis le début.
    Le parakoimoménos fit signe à l’empereur. Michel s’avança d’un pas vif dans la loge et ses Varègues en armure d’or formèrent un éventail autour de lui lorsqu’il monta les marches de porphyre vers son trône. La foule se tut respectueusement. Michel fit le signe de croix vers son peuple, en face de lui, puis sur la droite et sur la gauche. La musique d’orgue retentit et le public se mit à psalmodier la bienvenue rituelle. L’empereur parut impatienté par ces hommages. Enfin le silence se fit, Michel tendit son sceptre à un eunuque qui attendait, et prit la mappa de cérémonie que lui présentait le parakoimoménos. Il souleva gravement ce bout de soie blanche et le regarda voleter sur le ciel bleu sans nuages. Puis il le lâcha.
    Quatre portes de bronze s’ouvrirent du côté nord de l’Hippodrome et la foule se mit à hurler. Dans une explosion de robes rutilantes, de harnais dorés et de caparaçons multicolores, les quatre quadriges apparurent, et les sabots des chevaux impatients se mirent à marteler la piste de sable impeccablement ratissée. Les conducteurs, vêtus d’une sorte de jupe de cuir et corsetés de cuir au-dessus des tuniques aux couleurs de leur équipage, étaient cambrés vers l’arrière de leur char léger à deux roues, les rênes tendues dans leurs mains. Ils firent avancer lentement leurs chevaux toujours prêts à se cabrer, jusqu’au pylône triangulaire de bronze marquant le départ et l’arrivée, au nord de la spina. Dès que les quatre équipages se trouvèrent à la hauteur de la ligne, les conducteurs lâchèrent les rênes et firent claquer leur long fouet de cuir sur l’encolure de leurs bêtes. Les chevaux s’élancèrent en soulevant des nuages de sable.
    La foule fut prise aussitôt d’hystérie. Chacun se leva de son siège et agita au-dessus de sa tête une serviette de la couleur du quadrige de son choix. Même l’empereur se mit à agiter le bras droit au-dessus de sa tête comme si ce mouvement pouvait en quelque manière forcer les chevaux à accélérer. Sur la spina, un responsable en robe élégante se tenait devant une table sur laquelle on avait posé en rang vingt œufs d’autruche dorés ; quand les chars passèrent à la hauteur du pylône d’arrivée, il enleva le premier œuf. À mesure que la course se déroulait, les spectateurs rivalisaient avec la fureur des chevaux écumants. Ici et là, de brèves bagarres à coups de poing se déclarèrent dans les tribunes. Au septième tour, le char rouge toucha le bord de la piste et chavira. Michel fit la grimace et serra les poings tandis qu’Epaphroditis et son équipage bleu – en fait trois chevaux noirs et un pommelé à l’extérieur – faisaient un écart brusque pour éviter le char rouge que les chevaux fous continuaient d’entraîner. Le conducteur rouge survécut, Dieu sait comment, à l’accident et sauta par-dessus la balustrade qui protégeait la piste. Au dixième tour, une bagarre éclata entre une trentaine de personnes assises très haut du côté sud de l’arène et des cursores armés de bâtons s’élancèrent entre les rangées de sièges pour rétablir la paix.
    Au quinzième tour de piste, le chariot vert était en tête, le blanc à une longueur, et le bleu d’Epaphroditis avait presque la moitié d’un tour de piste de retard. Michel baissa les yeux vers l’ambassadeur génois assis dans la loggia sur sa droite. Celui-ci, très noble d’allure, inclina son front haut vers l’empereur puis leva le bras et toucha la manche de sa robe blanche de cérémonie.
    — Le blanc ? Vous dites le blanc, cria Michel par-dessus le tumulte de la foule malgré les contraintes du protocole.
    L’ambassadeur acquiesça.
    Au dix-septième tour, le char blanc rattrapa le vert. Le vert prit aussitôt beaucoup de retard ; le deuxième cheval semblait boiter. Le char bleu

Weitere Kostenlose Bücher