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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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Constantin plonger aux genoux de son frère, lui saisir les jambes et couvrir ses cuisses de baisers. Suivant aussitôt l’exemple, il s’agenouilla et tendit les bras vers Joannès. Les yeux de l’orphanotrophe semblèrent dévorer cette adulation – comme si des flammes s’allumaient lentement au fond des orbites sombres.
    Joannès leur fit signe de se relever.
    — Mon frère, mon neveu. Rome se trouve maintenant entre nos mains, mais nous ne pouvons la gouverner sans la généreuse délégation de notre impératrice née dans la pourpre que le chagrin accable. Mon neveu, dit-il en se tournant vers Michel, allez la voir, soutenez-la dans son affliction. Rappelez-lui les promesses qu’elle a faites à son fils adoptif, et renouvelez-lui votre serment d’allégeance avec la main sur les Saintes Reliques. Suppliez-la de vous soutenir jusqu’au trône. Et surtout demandez-lui de proclamer immédiatement à son peuple qu’elle vous accorde son soutien.
    Constantin se racla la gorge.
    — Mon estimé frère, dois-je comprendre qu’il existe une menace de rébellion dans les rues ?
    Joannès fusilla Constantin du regard et ne répondit pas. Il se tourna vers Michel.
    — Mon neveu, vous devez consoler notre Mère née dans la pourpre avant que le chagrin ne l’accable tout à fait. Et la proclamation doit être prononcée avant que le peuple ne puisse se rassembler demain.
    — Oui, mon maître, répondit Michel sans même un soupçon d’ironie.
    Il s’inclina et partit sur-le-champ.
    * *
*
    —  Keleusate.
    L’eunuque vêtu de noir s’inclina et se retira tandis que Michel se relevait. Ce fut à peine s’il reconnut Zoé. Son visage était dissimulé sous un voile noir ; on ne voyait que ses yeux au-dessous de quelques mèches mal coiffées de cheveux blonds tombant sur son front – et ces yeux étaient ceux d’une vieille femme. Michel savait depuis toujours qu’elle avait sans doute l’âge d’être sa mère ; mais ses yeux étaient maintenant des yeux de grand-mère. L’idée de coucher avec l’épouse de son oncle ne l’avait jamais choqué, mais en cet instant, il eut du mal à croire qu’il avait vraiment fait l’amour avec cette vieille.
    — Mon petit enfant, gémit Zoé d’une voix aussi lasse que le paraissait son regard.
    Elle s’avança vers lui et Michel enfonça la tête dans ses épaules. Il regarda les mains gantées de noir se tendre vers lui et se demanda pendant un instant si, sous les gants, elles n’étaient pas devenues sèches, ridées et tavelées par l’âge. Puis, une seule idée envahit son esprit : « Mieux vaut ces mains-là que celles qui me toucheraient au Néorion. » À son énorme soulagement, Zoé ne fit que caresser les cheveux sur ses tempes d’une main maternelle.
    — Mon petit garçon, répéta-t-elle.
    Elle fit signe à Michel de s’asseoir sur le divan en face d’elle. Nouveau soulagement.
    — Je sais pourquoi vous êtes venu, mon enfant, dit-elle, et ses yeux parurent soudain alertes, autoritaires, et même vaguement sensuels. Vous pouvez compter sur mon soutien : vous serez notre nouvel empereur. Vous êtes après tout mon fils – sinon par le sang, du moins par le cœur.
    Michel dut rassembler tout son courage pour faire la proposition qu’il savait nécessaire.
    — Je sais que c’est une audace monstrueuse de ma part, et une transgression inexcusable de la sainteté de votre chagrin, mais… voulez-vous me prendre pour mari ?
    Le rire de Zoé, sous son voile, parut aimable mais aussi légèrement malsain.
    — Je me lasserais vite de jouer le rôle de Jocaste, mon petit Œdipe, dit-elle en joignant ses mains gantées qu’elle posa sur ses genoux. Non, je ne vous souhaite pas pour mari. Mais je soutiendrai vos prétentions impériales pour un prix qui ne comporte aucune obligation de la chair. Ce qu’il faut que j’obtienne de vous en échange de mon soutien est une garantie.
    Michel inclina la tête, prêt à offrir n’importe quoi en échange du refus de sa demande en mariage, inattendue mais qui lui convenait à merveille.
    — Vous devez promettre de me protéger de quelque menace que ce soit de la part de Joannès. N’oubliez pas, vous ne serez pas protégé par le statut de consort de l’impératrice née dans la pourpre. N’oubliez pas que je possède des ressources considérables dans cette cour. Et si je soupçonne la moindre intrigue impliquant l’orphanotrophe, je retirerai mon appui à votre

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