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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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d’Epaphroditis passa aussitôt en deuxième position. Mais le blanc continuait de mener.
    Au dix-huitième tour, Epaphroditis lança son attaque et son fouet cingla les encolures de ses bêtes. Un cyclone de poussière s’éleva et le bleu se mit à gagner du terrain sur le blanc. À la fin du dix-huitième tour, Epaphroditis était presque à la hauteur du blanc, mais sans pouvoir le dépasser avant le tournant. Il se laissa glisser légèrement, puis revint à sa hauteur pour la ligne droite suivante. Mais les chevaux blancs résistèrent, et à la fin du dix-neuvième tour, le bleu avait perdu une longueur. Un seul œuf restait sur la table. L’ambassadeur génois leva les yeux et fit signe à l’empereur. Michel lui lança un regard noir et fixa de nouveau la piste.
    Le char d’Epaphroditis mena une autre attaque spectaculaire pendant l’avant-dernière ligne droite. Le fouet frappa à plusieurs reprises, mais en vain, et dans la foule les partisans des blancs exultèrent. Epaphroditis n’avait plus que la dernière ligne droite. Les blancs gagneraient facilement. Mais leur conducteur jeta un regard bref par-dessus son épaule, vit les chevaux bleus qui reniflaient dans son dos, et saisit son fouet au moment où il s’engageait dans le dernier virage. L’accélération soudaine entraîna le char blanc vers l’extérieur, les roues glissèrent de côté et perdirent de leur adhérence. Les chevaux d’Epaphroditis plongèrent à la corde, dans l’ouverture qu’offrait le mouvement centrifuge du char blanc. Epaphroditis leva le fouet à son tour, et les bleus gagnèrent d’une demi-longueur.
    — Six navires marchands génois ! s’écria Michel.
    Il bondit de son trône et descendit parmi les simples mortels pour embrasser son oncle Constantin, devenu le premier de tous les dignitaires avec le rang récemment créé de nobilissime.
    — Mon oncle ! Epaphroditis m’a gagné six navires marchands génois ! s’écria l’empereur au comble de l’excitation. Il vous aurait fallu envoyer une flotte de dromons pendant un été entier pour réussir le même coup que moi avec quatre chevaux en une seule matinée. Six navires marchands génois ! Epaphroditis en recevra un et vous deux, mon oncle.
    Le préfet de la ville décerna la couronne de laurier à Epaphroditis. Le vieux préfet squelettique avait survécu à un autre hiver. Trois autres courses se succédèrent. Après la quatrième course, la foule se calma, car elle s’attendait aux habituels intermèdes : acrobates, animaux dressés, combats mimés. À la place, Michel fit signe au grand eunuque. Toutes les portes s’ouvrirent en même temps et des centaines d’eunuques entrèrent dans l’Hippodrome avec d’énormes paniers de fruits, de légumes et de plats cuisinés. Bientôt le tour de la piste fut presque entièrement dissimulé par les paniers de nourriture. La foule poussa des cris de joie sauvage. Sur un autre signe de l’empereur, les cursores s’écartèrent de la balustrade de marbre qui séparait le public de la piste. Les spectateurs enjambèrent aussitôt le mur, les tribunes se vidèrent à moitié et l’Hippodrome fut envahi par une foule bien disciplinée. Il s’agissait en majorité de simples marchands, et même les artisans qui se trouvaient parmi le public n’étaient pas de ceux qui avaient désespérément besoin d’un repas – la plupart avaient apporté le leur – mais le geste de l’empereur les avait emplis d’enthousiasme. Bientôt l’Hippodrome entier se mit à crier à tout rompre :
    — Michel ! Michel !
    Michel fit signe au grand eunuque d’appeler l’hétaïrarque. Haraldr se pencha au-dessus de l’épaule de l’empereur.
    — Je veux descendre au milieu d’eux, hétaïrarque, lui dit Michel. Vous m’escorterez avec simplement un centurion.
    Haraldr se tourna vers Ulfr, visiblement inquiet de cette folie. Michel surestimait sa popularité de fraîche date. L’empereur qui avait construit cette loge de longues années plus tôt n’avait pas prévu d’accès direct entre la tribune et la foule. Les passages souterrains étaient secrets, complexes et bien gardés. Il y aurait certainement plus d’un mécontent dans la populace – et sans aucun doute certains bogomiles qui n’avaient pas la moindre trace de respect pour les offices impériaux. Avec seulement deux gardes au milieu de cette meute, n’importe quel assassin pourrait s’avancer assez près.
    — Majesté…

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