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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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spirituel – entra dans le carré et fit signe aux deux adversaires d’avancer. Le sourire de Hakon était moqueur, et de l’huile parfumée faisait briller les fines nattes serrées de sa barbe. Le prêtre, très pâle, souleva un encensoir d’or et l’agita d’une main hésitante.
    — Dieu le Père a dit : « De même que j’ai détruit l’humanité par l’eau, je laverai maintenant les péchés de l’homme »…
    — J’ai rencontré un homme qui connaissait ta mère, Bois-Vert, aboya Hakon, couvrant l’invocation du prêtre. Il m’a dit que ton père était un chien, pas un homme. Ta mère s’était fait grimper par tout un bateau de racaille des pays d’Orient, mais elle n’a pas pu engrosser tant que ton père couvert de puces n’a pas vomi dans son con. Tu n’es pas né de semence d’homme, Bois-Vert.
    Le prêtre faillit défaillir, mais Gleb s’avança et l’entraîna dans la foule. Grettir s’avança.
    — Annoncez les seconds ! Puis que la Walkyrie tisse sa toile écarlate.
    Les yeux de Hakon, piquetés de braises et rehaussés de charbon, se posèrent sur Haraldr et le transpercèrent. Ses narines de brute se contractèrent et il se tourna vers son entourage.
    — Mes seconds, Alphild et Ingert.
    Il ricana. Les deux concubines en jupe de soie et ceinture d’argent s’avancèrent, accablées par le poids des boucliers et des armes. Un rire nerveux parcourut la foule et plusieurs Varègues pouffèrent.
    Haraldr s’aperçut que les Varègues appréciaient cette plaisanterie à ses dépens beaucoup moins que l’autre fois, à Kiev, et cela le rasséréna. Il se retourna et fit signe vers son côté du carré :
    — Mes seconds, Halldor Snorrason et Ulfr Uspaksson.
    Les yeux de Hakon devinrent fous.
    — Espèce de viande à pélicans ! cria-t-il à ses anciens fidèles. Je ferai voler votre peau en haut de mon mât.
    Mais les murmures parmi les Varègues ne firent nullement écho à l’insulte de Hakon.
    — Que les corbeaux se groupent et que les aigles se rassemblent ! lança Grettir. La Faucheuse se prépare à boire le vin des corbeaux avec ses lèvres minces !
    Le scalde s’inclina. Du coin de l’œil, Haraldr vit un éclair de métal et une hampe vibrante : Hakon avait déjà lancé son attaque. La lance frappa le casque conique de Haraldr avec un bruit sourd et rebondit dans la foule. Haraldr sentit sa tête tourner et de petites étoiles brillantes se mirent à tomber dans la nuit soudaine. Un réflexe le poussa à lancer sa propre lance avant que ses genoux ne faiblissent et que sa vision ne se trouble. Dans un brouillard aqueux, il vit Hakon détourner la lance en plein vol, pivoter et soulever la Faucheuse vers le ciel. La hache de Hakon retomba sur le bouclier de Haraldr et la plupart des planches volèrent en éclats. « Lâche-le ! cria Haraldr en lui-même. Il ne sert plus à rien. Où est Hakon ? »
    La Faucheuse reprit son élan pour frapper. Haraldr bondit en avant pour se défendre en attaquant, la tête encore étourdie et la bouche amère de peur. Son épée frappa trois fois de suite le bouclier de Hakon et des éclats de bois volèrent. Le géant doré recula, vaguement surpris par la grêlée de coups de Bois-Vert. Il battit en retraite dangereusement près du côté ouvert du carré et Haraldr continua son attaque forcenée. La foule l’acclamait à tue-tête. Un pas de plus et le Varègue fanfaron plongerait dans le Dniepr.
    Hakon arrêta sa retraite au bord de la falaise et s’accroupit sous les coups de Haraldr. Le bouclier du géant se réduisait à présent à sa bordure d’acier. Puis, incroyablement, la hache glissa de sa main. Il avait lâché la Faucheuse ! Haraldr exulta, c’était fini.
    Hakon lança le bras et les pieds de Haraldr cédèrent sous lui comme s’il avait décidé de sauter. Il entrevit un éclair de ciel bleu cobalt, puis, au-dessous de lui, de l’écume blanche sur des rochers aussi pointus que des poignards. Un grand calme, qui fonctionnait encore au fond de lui, lui apprit qu’il venait de culbuter par-dessus le dos de Hakon et que seul le Dniepr hérissé de rochers arrêterait sa chute. Le temps resta en suspens pendant un instant décisif – il pouvait encore sauver sa vie – puis sa main qui battait désespérément s’accrocha au col de la byrnnie de Hakon. Il saisit l’ourlet de métal avec l’énergie du refus de mourir, tandis que l’élan l’entraînait au-dessus du fleuve

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