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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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pour marquer de façon symbolique qu’elles avaient l’une et l’autre reçu la couronne des mains du Pantocrator. Les acclamations se poursuivirent longtemps. Ensuite, Théodora fit signe à Maria, l’embrassa, et la pria de se tenir à son côté. Les trois femmes se regardèrent, le visage radieux.
    Haraldr, parfaitement heureux, contempla ces trois visages et comprit. Ce n’était pas seulement la beauté de deux de ces femmes, ni le spectacle des atours impériaux, mais quelque chose de plus naturel : la façon charmante dont leurs dents de perle luisaient quand elles souriaient et quand elles se chuchotaient à l’oreille, l’impression que quelque chose de plus profond que le destin les avait réunies. Il se rappela que Maria lui avait souvent dit que Zoé et Théodora étaient toutes les deux ses mères. Un étrange changement se produisit dans sa vision, presque comme s’il ôtait un verre déformant de devant ses yeux, et il vit soudain une chose qu’il n’avait pas remarquée auparavant parce qu’il n’avait jamais songé à la remarquer. Il avait oublié depuis longtemps à quel point Maria et Zoé lui avaient paru semblables la première fois qu’il les avait vues ensemble, et maintenant, en présence de la sœur de Zoé, très différente, les similitudes subtiles entre toutes les trois le frappèrent : la ligne de la bouche, la structure des os autour des yeux. Elles étaient un peu comme une fille et deux… Haraldr sentit un doigt glacé courir le long de son dos : le destin n’avait pas encore cessé de se jouer de lui. Il en était certain à présent. Les parents de Maria n’étaient pas seulement des amis de Zoé et de Théodora. L’un d’entre eux, plus probablement la mère de Maria, était du même sang pourpre.

Dixième partie

— Le canard ! lança Halldor au chambellan impérial visiblement désespéré. Les Varègues mangent le canard. Les sénateurs mangent le porc, expliqua-t-il en montrant l’autre bout de la longue table.
    L’eunuque excédé lança de nouveaux ordres aux serviteurs. Le porcelet que l’on avait essayé de servir à Halldor fut transporté sur-le-champ devant l’inévitable sénateur et patricien proconsulaire Romanos Scylitzès. On servit des canards rôtis sur des plats d’argent à Halldor, Ulfr et Hord Stefnirson. Halldor expliqua poliment à l’eunuque qui s’attardait que les Varègues découperaient eux-mêmes leur viande. Le vent sec de septembre faisait voler la nappe. Le poids des aigles impériaux brodés au fil d’or empêchait la toile de s’envoler à chaque bouffée. Le soleil brillait dans un ciel d’un bleu de porcelaine.
    — Où est Haraldr ? demanda Ulfr en montrant la place vide à côté de Halldor.
    — Il travaille à une autre pétition.
    — J’espère que celle-ci sera acceptée. Dans un mois, il sera trop tard pour partir. Il nous faudra attendre le printemps prochain et à ce moment-là, nous serons trop gras pour bouger.
    Le sénateur Scylitzès se leva et se lança dans un éloge des « vertus aquiléennes demi-déifiées » du nouvel empereur Constantin Monomaque, que Zoé avait pris pour mari deux mois seulement après la déposition de Michel Kalaphatès. (Selon les ragots de la cour, Constantin Monomaque avait été un des amants de Zoé pendant son premier mariage avec l’empereur Romanos.) Le Monomaque, comme on l’appelait, possédait pour ainsi dire tout ce que la cour impériale appréciait dans un empereur : il était beau, gracieux dans ses gestes, charmant et beau parleur, capable à la tête de l’armée. Mais les augustes dignitaires impériaux avaient vite découvert un défaut particulièrement énorme dans leur nouvel empereur : le Monomaque préférait la compagnie des rustres : aubergistes, marchands et oisifs professionnels, dont il avait promu un grand nombre sénateurs aussitôt après avoir reçu le diadème et le sceptre. La plupart d’entre eux, assis au bout de la table, sans prêter l’oreille à l’interminable discours de Scylitzès, s’amusaient avec leur nourriture, leurs couteaux et une balle de bois qu’ils se lançaient entre eux au rythme des périodes de l’orateur.
    — Est-ce que ce bonhomme ferme jamais sa gueule ? demanda Hord incrédule.
    — Le sénateur Scylitzès a reçu une honorable récompense pour sa remarquable adaptabilité, répondit Halldor. Il a réussi à sauver sa fortune de la populace, ce en quoi il a eu beaucoup plus de chance

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