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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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ne firent qu’enflammer le désir de sang de la foule, et Haraldr le força à s’allonger par terre dans l’espace dégagé par Halldor et Ulfr. Il appuya lourdement sur la poitrine de Michel et lui compressa les poumons pour qu’il ne puisse plus crier. Les bras et les jambes du jeune homme continuèrent de s’agiter en tous sens. Haraldr se baissa vers les yeux qui avaient déjà cessé de voir.
    — Je te laisserai la vie, murmura-t-il, si tu me dis où se trouve Maria.
    La raison passa au-dessus du visage de Michel comme l’ombre d’un oiseau.
    — Ô, Père sacré, accordez-moi la vie, dit-il d’une voix rauque. Je n’ai pas besoin de mes yeux pour me repentir dans la pure lumière de votre être.
    Il ouvrit les paupières et ses yeux sombres regardèrent pour la dernière fois.
    — Je ne lui ai fait aucun mal. Elle est avec Zoé.
    Michel se redressa légèrement et ses yeux croisèrent le regard de Haraldr.
    — Tout ce qui nous arrive était écrit, n’est-ce pas ? À Sainte-Sophie, ce jour-là…
    Haraldr inclina la tête.
    — Oui. Je l’ai ressenti moi aussi.
    La tête de Michel retomba et il attendit son destin.
    — Un jour, un roi vous fera miséricorde, murmura-t-il.
    Haraldr abaissa la pointe fine deux fois, très vite mais avec précaution, pour détruire le reflet du corbeau dans le regard mourant de Michel Kalaphatès.
    Il l’aida à se relever et Constantin tendit la main vers son neveu. On poussa les anciens souverains de Rome l’un dans les bras de l’autre et ils s’embrassèrent dans des ténèbres qu’ils étaient seuls à partager. Le bruit de la foule s’éloigna progressivement du centre vers les bords, puis s’effilocha comme le dernier accord d’un immense orchestre. On entendit de nouveau le vent qui enterrait le crépuscule sous un linceul de poussière. En silence, l’immense cohue se dispersa, sans doute insatisfaite mais frappée de frayeur par cette preuve de la main implacable du destin. Tous battirent en retraite vers les ombres qui entouraient le parc, laissant Michel et Constantin seuls dans la nuit vide. Mais à peine le peuple avait-il disparu que de nouveaux cris s’élevèrent de la ville proche, comme pour affronter le vent tourbillonnant.
    — Théodora ! Théodora !
    * *
*
    —  Mes enfants, mes enfants, supplia Alexios. Votre poids va faire écrouler notre église mère ! Nous avons laissé entrer sous son toit sacré autant de frères et de sœurs que Sainte-Sophie peut en contenir. Qu’ils soient vos yeux ! Et les filles du Pantocrator, Théodora et Zoé nées dans la pourpre, se présenteront bientôt à vous pour vous bénir de votre patience.
    La foule poussa un tonnerre d’acclamations et cessa de se bousculer contre la façade occidentale de Sainte-Sophie. Haraldr, sous les arcades du narthex, juste derrière le patriarche, parcourut l’espace qu’il avait sous les yeux : le porche, le portique et le jardin devant la basilique formaient une tapisserie noir et or de chandelles allumées ; les constellations emplissaient l’Augustaïon et remontaient la Mésé vers le Forum de Constantin. La ville entière était venue rendre hommage à ses Mères.
    Alexios se tourna vers Haraldr et lui demanda de le précéder au milieu de la foule qui s’était glissée dans le narthex. Les visages qui bloquaient le passage formaient un échantillon de la grande cité : des ouvriers aux cheveux sales ; un marchand aux joues bouffies vêtu de soie ; des bureaucrates parfumés ; et même un mendiant couvert de poux. Ces têtes s’inclinèrent avec déférence et les corps essayèrent de reculer respectueusement, mais la foule était si dense qu’ils purent à peine bouger. Haraldr dut se frayer un chemin par la force, avec le patriarche coincé derrière lui.
    La nef n’était qu’une masse compacte de fidèles et, aux arcades de l’étage, les balustrades sculptées semblaient sur le point de céder sous le poids des gens qui avaient envahi les tribunes. Les rebords de pierre devant les grilles formaient des perchoirs pour des centaines d’hommes qui s’y accrochaient de façon précaire. Certains étaient même montés sur la passerelle autour de la base du dôme central, à la hauteur d’une dizaine d’étages au-dessus des têtes de leurs concitoyens. Tôt ou tard, l’un d’entre eux plongerait dans la foule.
    Théodora, flanquée par ses chambellans, se tenait sous l’ambon, juste au-dessous du dôme central. Elle

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