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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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envoyez-lui un comique unijambiste qui lui raconte en bafouillant les dernières blagues de la place du marché, et voici le Monomaque tout oreilles. Je crois que Théodocrane obtiendra l’attention du Monomaque mieux que je saurais jamais le faire.
    Haraldr regarda les danseuses évoluer un certain temps, espérant que Théodocrane réussirait dans son entreprise. Au bout d’un quart d’heure d’attente, le chambellan impérial s’avança.
    — Hétaïrarque, Sa Majesté aimerait vous voir.
    On escorta Haraldr dans le salon modeste de la maison, puis dans une antichambre où le Monomaque, en scaramangium pourpre, coiffait sa crinière de cheveux d’argent. Théodocrane, debout sur une chaise juste en face de l’empereur, tenait à son souverain un miroir de bronze. Il venait de commencer une plaisanterie paillarde sur les appétits sexuels notoires de l’empereur.
    — L’empereur s’est rendu aux écuries impériales, babillait-il de sa voix gazouillante. Il s’est aperçu qu’un de ses étalons de prix ne pouvait pas grimper la jument qui lui était désignée. L’empereur a demandé alors à l’étalon ce qui n’allait pas et l’étalon lui a dit : « J’ai peur de la perdre là-dedans. » L’empereur a alors sorti la sienne pour la montrer à l’étalon et il a dit : « J’ai enfoncé la mienne dans plus d’une de mes juments et regarde, elle est encore là. » Les yeux de l’étalon se sont agrandis quand il a vu comment le Pantocrator avait pourvu le Monomaque, et il a dit à l’empereur : « Ma foi, si la mienne était aussi grosse, je n’aurais sûrement pas peur de la perdre non plus ! »
    Théodocrane battit des mains et le Monomaque, plié en deux de ravissement, se laissa tomber à terre en feignant une crise de fou rire.
    Haraldr attendit que Sa Majesté ait retrouvé son souffle, mais l’empereur ne semblait pas pressé de se relever.
    — Majesté, dit enfin Haraldr, Théodocrane vous a-t-il parlé de la question…
    Le Monomaque lui tendit sa puissante main carrée.
    — Oui, oui, hétaïrarque, mon cher petit ami m’a présenté la question avec une délicatesse et une subtilité que vous feriez bien d’imiter. Et j’ai donc accepté d’étudier cette affaire.
    Haraldr attendit que l’empereur ait essuyé les larmes de ses yeux. Sa Majesté resta accroupie.
    — Oh, oui bien, dit-il, se rappelant soudain de quoi il s’agissait. Oui, je me laisserai faire en cette affaire si votre Mère, Zoé, est d’accord. Vous savez que je tiens absolument à son bonheur. Oui, vous êtes en train de devenir un peu pisse-froid ici, hétaïrarque. Vous avez sans doute besoin d’un hiver à Thulé pour vous aider à apprécier les charmes de la cour impériale.
    L’empereur tendit les bras à Théodocrane, qui bondit comme un petit enfant désireux de se faire cajoler. Le Monomaque couvrit le visage du nain de baisers fraternels.
    — Et maintenant, mon petit ami, gloussa l’empereur avec un enthousiasme renouvelé, dites-moi ce que j’ai fait quand une douzaine de putes nues m’ont réveillé au milieu de la nuit.
    * *
*
    La main de Maria semblait un nuage tiède et sec dans la sienne. Elle le conduisit vers la pente douce qui remontait jusqu’au porche à l’arrière de sa villa. Le sentier étroit était bordé de treilles, et elle s’arrêta pour examiner une grappe de raisins rouges brillant comme des agates sous le soleil du couchant. Maria cueillit un grain et le glissa dans sa bouche.
    — Je boirai encore du vin de ces raisins, dit-elle, je le sais. Quand nous reviendrons de Norvège en visite.
    Elle prit le bras de Haraldr et lui donna un baiser mouillé et sucré du jus du raisin. Il caressa ses tresses noires. Il ne lui avait même pas parlé de l’offre anormalement généreuse d’Argyros pour sa villa ; il savait qu’elle aurait besoin de posséder toujours cet endroit, comme symbole et comme espoir, quand elle serait si loin de chez elle.
    — Nous n’avons pas encore reçu notre congé, lui rappela-t-il. Nous boirons peut-être encore de cette récolte cet hiver.
    Elle releva le menton ; ses yeux étaient d’un azur plus parfait que le ciel.
    — Je n’éprouve aucune mélancolie à l’idée de partir, répondit-elle. Inutile de me remonter le moral avec ce genre de doutes. Zoé a déjà accordé sa permission une fois. Et je suis prête à prendre le bateau. J’aimerais vous donner un enfant avant d’être vieille.
    Haraldr

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